La coopération inter-africaine demeure à des niveaux nettement insignifiants pour ne pas dire dérisoires. La visite du Souverain accompagné d'une forte délégation officielle, est un signal fort qu'il est temps de promouvoir le dialogue Sud-Sud. La délégation officielle qui a accompagné SM le Roi lors de cette visite est composée de M. Kabbaj, conseiller du Souverain, Mohamed Rochdi Chraibi, membre du Cabinet Royal, Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires Islamiques, Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation, ainsi que l'ambassadeur du Maroc au Cameroun. La visite consacrée par le Souverain aux cinq pays africains, à savoir le Bénin, le Cameroun, le Niger, le Sénégal et le Gabon témoigne de l'intérêt particulier que Mohammed VI manifeste pour l'Afrique. Cet intérêt ne date certes pas d'aujourd'hui, mais se trouve guidé par une volonté aussi bien politique qu'économique. Le Bénin a été la première escale de cette tournée dans le continent africain, laquelle a débuté le 16 du mois courant. Le Roi Mohammed VI a réaffirmé à cette occasion, " l'appréciation par le Maroc de la position constante du Bénin vis-à-vis de l'intégrité territoriale du Maroc". Après le Bénin, le second pays hôte du Souverain a été le Cameroun. Lors d'une réunion, les deux parties ont, notamment, convenu de réactiver la Commission mixte de coopération pour identifier les accords pouvant être signés entre les deux parties. " Nous avons des contacts dans différents secteurs et nous nous rendons compte qu'il y a besoin de coordonner toutes ces actions", a dit le ministre camerounais dans une déclaration à la MAP. La séance de travail, qui a regroupé les ministres marocains avec leurs homologues camerounais, avait pour but de mettre sur pied les mécanismes de travail pour promouvoir les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux. A cet égard, les deux parties ont convenu de finaliser dans les mois à venir un certain nombre d'accords dont ceux relatifs à la protection et à l'encouragement des investissements et à la non-double imposition. Les deux délégations ont également examiné les possibilités de développer les infrastructures routières ainsi que l'échange de certains produits énergétiques ( gaz, électricité). Le Maroc, de par sa proximité avec l'Europe, pourrait servir de voie de transit de ces produits vers les marchés européens. La nécessité de s'investir pour appuyer le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) a été aussi abordée par les ministres marocains et camerounais, et ce afin de promouvoir la bonne gouvernance dans les pays africains tant sur les plans économique que politique et social. Il a été aussi question de développer la capacité de ces pays visant à attirer les investissements et les capitaux étrangers. La délégation camerounaise a exprimé la volonté de son pays de bénéficier davantage de la coopération marocaine en matière de ressources humaines, d'habitat social, de gestion des ressources en eau et du tourisme. Le potentiel hydraulique dont disposent les deux pays peut ainsi être mis à profit pour accroître la production d'énergie et assurer l'alimentation en électricité, a dit M. Kabbaj, qui s'est interrogé sur les raisons empêchant encore les pays africains de conclure des accords de libre-échange. La troisième escale du périple du Souverain a été le Gabon. Les deux chefs d'État ont posé ensemble la première pierre pour la construction de logements économiques. Il s'agit d'un projet qui sera construit en deux phases sur un terrain octroyé par le ministère gabonais de l'Habitat. La première phase consiste en la réalisation de 2.000 logements sur une superficie de 77 ha avec un coût d'investissement de 70 millions de dollars. La deuxième phase porte sur la construction de 8. 000 logements sur une superficie de 400 ha avec un coût estimé à 350 millions de dollars. Outre les logements économiques, ce projet comporte également des écoles, des dispensaires, des commerces, des complexes sportifs ainsi que des espaces verts. Les travaux de construction s'étaleront sur 40 mois. Dans le but de réhausser, le niveau de la coopération, le Maroc et le Gabon ont convenu de réunir la prochaine session de la Haute Commission Mixte au cours du premier trimestre de l'année 2005. Les deux parties ont étudié les différentes potentialités pouvant être exploitées entre les deux États. A cet égard, des conventions ont été signées, portant notamment sur la promotion et la protection réciproques des investissements. Au cours des séances de travail, il a été examiné les possibilités de coopération dans le domaine économique et social, notamment en matière de santé, d'agriculture et de la formation professionnelle. Sur ce dernier volet, le Maroc a exprimé sa volonté d'augmenter le nombre de bourses accordées aux Gabonais poursuivant leurs études au Maroc. Prochainement, une délégation d'hommes d'affaires marocains partira en visite au Gabon, en vue d'explorer les potentialités de coopération dans les domaines de la pêche et du tourisme. Au moment où nous mettions sous presse, le Souverain était toujours dans la capitale gabonaise, Libreville. Ses prochaines destinations seront le Sénégal et le Niger. Dans sa visite d'amitié consacrée au continent africain, le Souverain s'engage à promouvoir le dialogue sud-sud et, partant, à faire de la coopération inter-africaine l'une de ses priorités majeures. La diversification des partenaires s'avère de plus en plus impérative dans un contexte de libéralisation des échanges. Des opportunités entre ces États existent bel et bien. Autant les exploiter et rattraper le temps perdu.