700 MDH, c'est la somme faramineuse que l'Etat aurait payé au Fonds monétaire international pour l'octroi de la première ligne de précaution et de liquidité approuvée en 2012. Des voix se lèvent pour justifier cette assurance, dont l'existence semble davantage préjudiciable au regard de la facture salée. Devant ses fervents partisans réunis récemment à Oualidia lors d'un meeting du parti de la lampe, Abdelilah Benkirane, ancien Chef de gouvernement, s'est tout naturellement employé à défendre le bilan de son mandat, notamment la mise en place d'une batterie de réformes courageuses (compensation, retraite, etc.). Cela dit, un chiffre a suscité un débat tranché sur la toile. A en croire l'ancien Chef de gouvernement, la première Ligne de précaution et de liquidité (LPL) d'un montant de 6,2 Mds de dollars, décrochée par le Maroc auprès du Fonds monétaire international (FMI) en 2012, a coûté aux finances de l'Etat près de 700 MDH. Rappelons que du côté de l'institution de Bretton Woods on affirme que «la LPL permet d'apporter des financements pour répondre aux besoins réels ou potentiels de la balance des paiements des pays qui mènent de bonnes politiques économiques; elle a été conçue pour servir d'assurance ou à aider à résoudre les crises, et ce dans un large éventail de situations». Au-delà de cette explication, c'est l'importance du montant payé par le Maroc sans jamais avoir bénéficié de cette ligne de précaution qui interpelle. Contacté par nos soins afin de livrer son avis sur l'opportunité de souscrire à l'instrument précité, le professeur Najib Akesbi ne décolère pas. «Le bon sens suggérerait de contracter un crédit en cas de réels besoins, ce qui permettrait de renforcer par la même occasion les réserves de change du pays. Le cas échéant, il est impératif de remédier à cette ligne de précaution, qui coûte visiblement beaucoup d'argent aux contribuables marocains», assure-t-il. Et d'ajouter : «La LPL n'est ni une mise à disposition encore moins de l'argent versé à l'Etat», s'offusque-t-il. Si pour certains le recours du Maroc à la LPL en 2012 (sur 24 mois) était opportun, en raison d'une conjoncture économique difficile (baisse des réserves de devises, accentuation du déficit budgétaire, etc.), l'adoption de cette formule en 2014 pour un montant de 5 Mds de dollars et en 2016 à hauteur de 3,47 Mds de dollars (sur 24 mois) n'est plus justifiée, vu l'amélioration des indicateurs susmentionnés. Certes, pour le FMI, l'octroi de la troisième LPL au Maroc, approuvé en juillet 2016, est motivé par d'importants risques baissiers (perturbations des recettes d'exportations et du tourisme, montée des prix du pétrole, etc.), mais plusieurs éléments semblent attester que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Quid de l'attractivité du pays ? Il est important de savoir qu'à ce jour, seuls deux pays ont eu recours à la LPL. Il s'agit du Maroc et de l'ex-République yougoslave de Macédoine. Selon les pourfendeurs de cet instrument mis en place en 2011, la faiblesse du nombre de pays l'ayant plébiscité témoigne de l'impertinence de la formule que Najib Akesbi n'hésite pas de traiter d'arnaque issue de l'ingénierie financière qui frôle l'absurde. La contrepartie supposée du renouvellement de la LPL en 2016, notamment la confiance des investisseurs et des partenaires financiers étrangers dans les perspectives et les politiques économiques du Maroc, est vigoureusement contestée. L'autre critique formulée à l'endroit du gouvernement de Benkirane quant aux multiples recours à la LPL est son dessein de maintenir le Maroc comme un bon élève du FMI, et ce à des fins marketing afin d'attirer davantage les investisseurs étrangers. Or, à en croire notre interlocuteur, les IDE au Maroc au cours des vingt dernières années ont rarement franchi le cap des 4 Mds de dollars. D'ailleurs, à fin novembre 2016, les flux des IDE vers le pays ont enregistré un repli de 28%, comparativement à la période de l'année 2015. Au regard de ce qui précède, force est d'admettre que la LPL a un coût que certains estiment excessif en dépit de ses avantages avérés ou supposés. De ce fait, tout l'enjeu résidera dans la capacité du futur gouvernement d'accélérer les réformes structurelles à même d'affranchir le Royaume de cette ligne qui, visiblement, n'arrive pas à avoir la cote auprès d'autres pays. ■ M. Diao Commissions et taux d'intérêt Les pays qui bénéficient d'une ligne de précaution sont tenus de verser une commission d'engagement, remboursée au prorata des tirages au cours de la période. Notons que cette commission d'engagement augmente avec le niveau d'accès disponible sur une période d'une année. A l'instar des autres accords du FMI, le taux d'intérêt appliqué aux sommes prêtées intègre le taux d'intérêt du droit de tirage spécial (DTS). A cela, s'ajoutent les commissions additionnelles qui varient en fonction de la somme empruntée et de la durée du prêt. Enfin, une commission de tirage de 50 points de base est perçue sur chaque montant tiré.