Boussaid annonce une 3e Ligne de précaution et de liquidité auprès du FMI mais les motifs invoqués laissent perplexe ALM l'avait annoncé en novembre 2015 et c'est confirmé aujourd'hui. Le Maroc va recourir pour la troisième fois à la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) auprès du FMI (Fonds monétaire international). Après le chef de gouvernement qui l'avait annoncé lors d'une rencontre avec des étudiants à Casablanca, le ministre de l'économie et des finances, Mohamed Boussaid, confirme de nouveau le recours à une troisième LPL par le Maroc à l'agence de presse internationale Reuters. Ce dispositif financier a été contracté par le Royaume pour la première fois en 2012 avant de le reconduire deux années plus tard. L'actuelle LPL arrive à échéance en juillet prochain. Même si le gouvernement ne l'a pas utilisée une seule fois en quatre ans, les autorités financières du pays décident de renouveler le pacte avec le FMI pour la troisième fois consécutive. Pour rappel, l'argentier du Royaume avait déjà laissé entendre le recours à la LPL à Washington il y a quelques semaines en marge de sa participation à la rencontre annuelle du Fonds monétaire international et la Banque mondiale dans une déclaration à l'agence internationale Bloomberg. Alors que la décision est prise, plusieurs interrogations restent encore sans réponse au sujet de cette troisième LPL. Boussaid a refusé de communiquer à Reuters des informations sur le montant et les modalités du dispositif, se contentant de déclarer que les détails feront l'objet de négociations ultérieures. Motifs Mais au-delà du montant de la nouvelle Ligne de précaution et de liquidité, ce sont les motifs qui poussent le gouvernement à souscrire à cette solution qui laissent perplexe. Théoriquement, le Maroc n'a plus besoin d'une LPL puisque la situation des finances publiques s'est nettement améliorée par rapport à 2012 au moment de la conclusion de la première Ligne sans parler des réserves de change qui ne cessent de s'améliorer. Les premières indiscrétions qui ont filtré à ce sujet laissent penser que le gouvernement a décidé de renouveler la LPL pour renforcer la confiance des investisseurs étrangers sur le Maroc et d'aider le pays de négocier des prêts à des taux très avantageux pour ses sorties sur le marché international. L'autre raison qui pousse le gouvernement à prendre cette décision concerne la notation du pays par les agences internationales. Le hic, c'est qu'une Ligne de précaution et de liquidité donne lieu à un paiement d'intérêt pour le FMI même si le gouvernement n'utilise pas la Ligne comme ce fut le cas pour le Maroc pour les deux premières LPL. Plus loin encore, une troisième Ligne de précaution qui viendrait en prélude à de nouvelles sorties sur le marché international, suscite d'autres interrogations à un moment où la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme sur le niveau d'endettement du pays. Le premier président de la Cour des comptes, l'ancien Premier ministre Driss Jettou, avait affirmé devant le Parlement que le taux d'endettement du pays avait dépassé les 80% du PIB (produit intérieur brut). Mission FMI Une délégation spéciale du FMI avait été dépêchée au Maroc en octobre 2015 (consulter les archives à aujourdhuilemaroc.ma) avec comme principale mission de préparer la troisième révision de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL). Pendant deux semaines, les experts du FMI ont fait le tour de plusieurs départements ministériels, notamment le ministère de la fonction publique et le ministère de l'économie et des finances. A l'issue de deux semaines de travail, la délégation avait réalisé un rapport qui devait être examiné par les responsables du FMI. Il faut préciser que la visite des experts du Fonds monétaire international avait coïncidé avec l'examen du projet de loi de Finances 2016 au Parlement, ce qui est loin d'être un simple hasard du calendrier. Il faut rappeler que le gouvernement s'était engagé avant de souscrire la première LPL à mener de grandes réformes. La première a porté sur la Caisse de compensation qui ne subventionne aujourd'hui que les prix du gaz butane, la farine et le sucre sur le marché national. L'autre réforme concerne la Caisse marocaine des retraites. Les projets de loi liés à cette réforme sont aujourd'hui examinés par les parlementaires.