Les activités d'abattage avicole et l'huile d'olive sont marquées par une forte présence de l'informel où les opérateurs ne respectent aucune forme d'hygiène ou de contrôle de qualité. La sécurité alimentaire des produits est une problématique qui revient quotidiennement. Au Maroc, plusieurs efforts ont été fournis à travers des textes de loi visant le renforcement des dispositifs de contrôle. Mais dans certaines filières où l'informel bat son plein, des dérapages existent et peuvent causer des dégâts importants aux consommateurs, à l'image de l'abattage traditionnel avicole ou l'huile d'olive. Ces deux activités ont défrayé la chronique ces derniers temps du fait que c'est la campagne de récolte des olives et de la production de l'huile. Au niveau de l'abattage avicole, des voix s'élèvent pour dénoncer le mutisme des autorités quant à la non-application de la loi par les autorités sur l'exercice des tueries traditionnelles qui ne respectent aucune forme d'hygiène. Pourtant, 92% des viandes poules commercialisées sur le marché transitent par ce circuit. Au niveau de la filière huile d'olive, la dernière sortie médiatique de la Confédération interprofessionnelle de l'olive (Interprov) en partenariat avec l'Office national de la sécurité sanitaire et alimentaire (ONSSA), fait ressortir que les moulins traditionnels sont, pour la plupart, hors-normes. En effet, 85% des produits d'huile d'olive consommés par les Marocains sont vendus en vrac à travers des circuits informels. «Issue de plus de 11.000 moulins d'huile d'olive traditionnels, cette production ne serait pas toujours conforme aux critères de qualité et d'hygiène dictés par la loi», explique Rachid Benali, président de la Fédération nationale d'olive au Maroc. Les spécialistes évoquent une non-conformité concernant le goût et le taux d'acidité toléré. «Nous procédons souvent à des tests de qualité auprès des vendeurs en vrac et constatons qu'ils ne répondent pas aux normes. Le taux d'acidité ne doit pas dépasser 2,2%. Alors que nous trouvons parfois des huiles avec des taux de 6 à 7%. Ce qui est néfaste pour la santé», explique Benali. Outre le taux d'acidité, des professionnels du secteur révèlent que certains commercants ou exploitants d'huile d'olive procèdent à des pratiques fraduleuses, comme le mélange de l'huile d'olive avec de l'huile ordinaire ou d'autres produits pour augmenter leur marge. A cet égard, la Fédération a programmé un budget de 24 millions de DH pour lancer une campagne sur trois ans auprès des consommateurs pour les sensibiliser quant à la non-utilisation des produits non-certifiés conformes. Par C. Jaidani 15.000 tueries avicoles informelles Les tueries avicoles traditionnelles continuent d'exercer sans le moindre contrôle. Les circuits non agréés comprennent 15.000 tueries, en plus des marchés de gros et des souks qui exercent dans des conditions ne respectant aucune norme sanitaire. Seuls 8% du poulet produit au Maroc sont contrôlés alors que la majorité des produits transite par le circuit informel échappant à tout contrôle. Le caractère informel de ce circuit s'explique d'une part, par l'exercice de l'activité sans autorisation sanitaire préalable et d'autre part, par une autorisation uniquement de vente de poulet vif étendue de fait à l'abattage. Fellah online : Sensibilisation Les Marocains préfèrent consommer tout ce qui est «beldi» et fait à la main selon la méthode ancestrale. Avides de gain facile, certains commerçants ou exploitants de ces produits n'hésitent pas à tricher sur leur qualité. Les produits vendus en vrac qui sont parfois présentés le long des routes, ne respectent pas les normes sanitaires les plus élémentaires. De ce fait, ils exposent les consommateurs à un risque majeur. Certes, ce sont des produits de terroir qui assurent un revenu décent pour le vendeur, mais l'urgence est de mise pour mettre à niveau ce commerce. En amont, il est loisible de regrouper les exploitants sous forme de coopératives ou d'associations afin de les encadrer et de contrôler la qualité des produits. Plusieurs expériences dans ce cadre ont montré leur pertinence. Des coopératives d'huiles d'argan à Essaouira ont permis à leurs adhérentes, généralement des femmes, de multiplier leur revenu et d'avoir des recettes régulières le long de l'année. De tels regroupements génèrent de belles opportunités d'affaires en matière de commercialisation et permettent de négocier des contrats avec les grands distributeurs ou les grandes surfaces voire investir les marchés internationaux. En aval, il est temps de lutter contre ces produits vendus en vrac. C'est un danger pour la santé publique qui interpelle tous les intervenants dans le domaine. La sensibilisation des consommateurs quant à ces risques reste un moyen efficace pour lutter contre l'informel et promouvoir la traçabilité et les produits certifiés.