Risque de taux d'intérêt, incertitudes politiques extérieures, marge de solvabilité des assurances et la CMR : tels sont les principaux risques surveillés par le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques. Quels sont les risques qui planent sur le système financier marocain ? Telle est la question à laquelle tente de répondre, tous les six mois, le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS). Lors de la dernière réunion qui s'est tenue fin décembre de l'année écoulée, au siège de la Banque centrale à Rabat, la quatrième depuis son institution, le Comité a procédé à l'examen de la cartographie des risques du système financier marocain. La conjoncture économique, au niveau mondial et national, ayant été particulièrement changeante et mouvementée ces derniers mois, de nouveaux risques ont émergé. Le premier d'entre eux est relatif aux effets de l'élection surprise de Donald Trump et au Brexit. De ce point de vue, le Comité parle de «zones d'incertitude sur les perspectives des conditions extérieures». Cette incertitude concerne tant la reprise d'activité dans les principaux pays partenaires, notamment européens (effets du «Brexit»), qu'au niveau des politiques commerciale et budgétaire à venir de la nouvelle administration amé- ricaine. Le risque de taux pointe son nez Le risque de taux d'intérêt est une autre menace qui a émergé ces derniers mois et qui a été identifié par le CCSRS. Des taux bas, comme c'est le cas actuellement au Maroc, agissent certes comme des stimulateurs de la relance économique. Mais une telle situation, surtout si elle venait à perdurer, n'est pas sans effets pervers. Car, en plus de peser sur les marges des banques, une période prolongée de taux bas expose aussi les fonds propres. «Si le risque de taux d'intérêt n'est pas géré correctement, il peut constituer une menace significative pour l'assise financière ou les bénéfices futurs d'une banque», souligne le Comité de Bâle, dans une publication datant d'avril 2016, portant précisément sur le risque de taux d'intérêt. Dans son communiqué, le CCSRS assure veiller au grain : «l'exposition des banques au risque de taux d'intérêt, dans un contexte de forte concurrence à l'octroi de crédit, constitue une zone d'attention qui requiert un suivi rapproché», peut-on y lire. Du côté du secteur des assurances, les nouvelles règles prudentielles qui seront introduites par l'ACAPS auront un impact certain sur les marges de solvabilité des compagnies. Aujourd'hui, ces marges, en couverture du risque de souscription uniquement, sont largement supérieures au minimum réglementaire. Néanmoins, les exigences à venir, liées au chantier structurant de passage vers un régime prudentiel plus draconien, intégrant notamment le risque de marché, «pourraient réduire de manière substantielle ces excédents de marge», note le Comité. Alors qu'il était invité de la rédaction de Finances News Hebdo en juin dernier, Hassan Boubrik, président de l'ACAPS, évoquait déjà ce risque : «Nous avons réalisé des tests préliminaires, dont l'objectif était tout simplement d'avoir une idée de l'impact global de cette nouvelle approche sur les assurances. Nous avons alors remarqué une forte diminution des excédents de marge des compagnies». La CMR pas tirée d'affaire Le régime des pensions civiles géré par la Caisse marocaine des retraites (CMR) est également un motif d'inquiétude pour le Comité, et ce en dépit de la réforme adoptée récemment. Cette réforme a certes permis une amélioration des indicateurs de risque de la Caisse, notamment sur le plan de son équilibre technique. Mais elle reste insuffisante, puisqu'elle ne permet qu'un gain de 5 à 6 années dans l'horizon de viabilité. A ce titre, «les risques pesant sur ce régime continuent d'être une source de préoccupation majeure», fait savoir le CCSRS. Par A. Elkadiri Le CCSRS, une instance collégiale récente Institué en 2014 par la loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, le CCSRS est présidé par le Wali de Bank Al-Maghrib et regroupe les représentants de BAM, de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) ainsi que de la Direction du trésor et des finances extérieures (DTFE) relevant du ministère de l'Economie et des Finances. Il est chargé de la surveillance macroprudentielle du secteur financier. Il évalue notamment les risques systémiques pour ce secteur et examine les mesures pour en atténuer les effets en vue de préserver la stabilité financière.