L'Aeromart 2016 de Toulouse, référence mondiale des conventions d'affaires du secteur, a vu la participation de 10 entreprises marocaines et 4 écosystèmes, sous la houlette de Maroc Export. L'occasion idéale de faire de bonnes affaires, mais aussi de promouvoir la destination industrielle Maroc. Une destination qui séduit de plus en plus, comme nous avons pu le constater sur place. Le Parc des expositions de la ville rose était en effervescence. Les géants mondiaux des industries aéronautiques et spatiales, les grands donneurs d'ordres et les fournisseurs du monde entier étaient en plein rendez-vous B2B. Plus de 2.500 participants, représentant 1.200 sociétés en provenance de 45 pays sont venus nouer des contacts, et garnir leurs carnets de commandes. Parmi les stands, un en particulier attire l'attention. Le pavillon marocain, érigé par Maroc Export, a fière allure : grand par sa superficie, facilement identifiable et, surtout, agencé de manière à accueillir les 10 entreprises marocaines et les 4 écosystèmes aéronautiques venus rencontrer, en rendez-vous individuels ciblés, partenaires, fournisseurs et nouveaux clients. Toutes les filières y sont représentées : usinage (UMPM), traitement de surfaces (EFOA), assemblage (Casablanca-aéronautique), système électrique-câblage (Hiolle industrie, Lia Tech), entretien réparation et maintenance (Nexeya), et ingénierie (NTS, Engima). L'IMA, l'Institut des métiers de l'aéronautique, est également du voyage. Pour ces opérateurs marocains, les rendez-vous B2B se succèdent. Au total, ils en réaliseront 215 sur les deux journées. Un premier bilan chiffré de la mission fait état de près d'1,5 million d'euros de commandes, sans parler des visites programmées au Maroc par des entreprises étrangères (6 au total). Une belle moisson. «Je suis très content. J'ai eu une dizaine de rendez-vous dans la journée, et 3 d'entre eux sont très prometteurs», nous confie, ravi, cet ingénieur marocain. «Les clients et les grands donneurs d'ordres nous connaissent beaucoup mieux et nous font confiance», se félicite un autre. Si aujourd'hui le Maroc séduit autant, cela n'a pas toujours été le cas. Parti de rien il y a une quinzaine d'années, le secteur aéronautique marocain s'est depuis fait une place sur la carte mondiale de l'industrie aéronautique. «Il y a une dizaine d'années, lorsque nous prenions part à ce genre de conventions, nous arrivions sur la pointe des pieds. L'industrie aéronautique marocaine suscitait alors, au mieux, de la curiosité. Aujourd'hui, comme vous pouvez le constater, nous sommes pris très au sérieux», nous résume un membre du Gimas (Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales). Les 3M émergents : Maroc, Malaisie, Mexique Il faut dire que l'aéronautique marocaine ne manque pas d'atouts pour séduire les investisseurs. Doté d'une vision à long terme pilotée par le Gimas et appuyée par le Plan d'accélération industrielle (PAI) et sa stratégie des écosystèmes, le secteur a le vent en poupe. Le message, bien rodé, passe auprès des grands donneurs d'ordres. La conférence louant la destination Maroc, animée par Zahra Maafiri, DG de Maroc Export, et Maria El Filali du Gimas, a fait salle comble. Outre la présentation des nombreux avantages offerts et des mesures incitatives, le positionnement du Maroc fait mouche : en étant un Hub vers l'Afrique aux portes de l'Europe, à deux heures de Toulouse, le Maroc se positionne dans le domaine aéronautique comme le Mexique vis-à-vis des Etats-Unis et la Malaisie par rapport à l'Asie. Ces trois forces émergentes forment ce que l'on appelle les «3 M». Plusieurs délégations étrangères ont d'ailleurs, suite à cette conférence, sollicité des rendez-vous institutionnels avec la délégation marocaine, comme les Turcs, les Tunisiens, les Canadiens, les Irlandais du Nord, et bien d'autres. Le magazine spécialisé de référence Air & Cosmos, impressionné par la présence marocaine, s'apprête, lui, à réaliser un dossier spécial sur le Royaume. Les donneurs d'ordres de plus en plus exigeants Les entreprises aéronautiques marocaines surfent sur les perspectives florissantes du secteur au niveau mondial. Les carnets de commandes sont pleins, et pour cause, d'ici 2035, ce sont plus de 40.000 avions supplémentaires qui seront fabriqués. Ce qui donne de la visibilité à tous les acteurs. Pour autant, les fournisseurs auraient tort de se laisser griser par ces perspectives prometteuses, car les défis à venir pour la supply chain sont immenses. Et les exigences montent d'un cran. Elles ont été détaillées lors de la conférence des grands donneurs d'ordres (Airbus, Boeing, Latécoère, Safran, Thalès, etc.), tenue la veille de la convention d'affaire : «les fournisseurs doivent être plus stables, partager nos risques, être performants et innover», fait-on savoir chez Safran qui veut réduire ses coûts de 15% sur ses nouveaux projets. «Nous demandons la même chose à nos fournisseurs marocains qu'à ceux des autres pays : l'excellence industrielle et avoir une vision à long terme», nous précise Véronique Lima, Vice-présidente achat du groupe Latécoère. Et d'ajouter : «Le coût de la main- d'œuvre est certes déterminant, ajoute-t-elle, mais il faut aussi réfléchir en termes de coûts complets, c'est-à-dire le coût de la qualité, le coût de la livraison à temps, et éliminer tous les gaspillages. Le fait de traquer la mauvaise performance est essentiel». La tâche ne sera pas aisée pour les moins robustes et ceux qui ne sauront pas s'adapter à un secteur qui évolue à toute vitesse. Comme le dit Karim Cheikh, président du Gimas, «en aéronautique, si vous buggez une fois, c'est terminé pour vous». Les fournisseurs les plus solides et performants tireront, eux, leur épingle du jeu. Les industriels marocains, confortés par le récent méga investissement de Boeing au Maroc, sont prêts à relever le défi.