Alliances aura gagné en 2016 le titre très convoité de la pire performance boursière de l'année. Sa capitalisation boursière a fondu de plus de 80% au 31 décembre et avait atteint un creux à près de 90%. C'est à se demander si les investisseurs l'avaient enterré avant l'heure. Car, après plusieurs pourparlers, Alliances a enfin démarré l'exécution de son plan de sortie de crise présenté l'été dernier, avec toutefois quelques changements, en mieux, imposés par ses partenaires financiers. La musique ne devrait donc pas s'arrêter pour l'instant. Le plan de restructuration présenté en août dernier a été finalement «légèrement» revu. Selon une source proche du dossier, cette révision est due à la pression des partenaires financiers du groupe. Un plan qui finalement sera structuré autour de trois grands points : allègement du bilan en se concentrant sur l'activité de base, allégement rapide du coût de l'exploitation en «charcutant» les charges de personnel et une restructuration des financements long terme, aussi bien pour les dettes que pour les fonds propres. Liquider l'activité de BTP C'est une solution drastique qui devrait plaire aux créanciers et aux actionnaires, et qui passera inéluctablement par des coupes dans les charges de personnel. Objectif : accélérer sa restructuration en se concentrant sur ses activités de promotion immobilière. Dans un communiqué, le management d'Alliances explique très sobrement avoir «pris acte des décisions des sociétés EMT Bâtiment et EMT Routes de solliciter du Tribunal de commerce de Casablanca l'ouverture d'une procédure de liquidation judiciaire et de celle d'EMT de solliciter l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire. Ces décisions n'auront pas de conséquence sur l'activité de promotion immobilière du Groupe Alliances qui évaluera, le moment venu, l'impact comptable de cette situation». Mais, selon nos informations, cette action n'est qu'une formalité, malgré la portée apparente du mot liquidation. Car, depuis que les filiales BTP du Groupe connaissent des problèmes, elles ont été vidées petit à petit et sont devenues, aujourd'hui, économiquement, des coquilles vides. Dans sa communication, Alliances exprime cela différemment : «confrontées à une conjoncture économique morose, les sociétés de construction ont enregistré une forte baisse de leurs activités et par la-même une détérioration de leur situation financière. Les actions de restructuration menées par l'équipe dirigeante de ces sociétés, ainsi que les négociations menées pendant la période de règlement amiable, ont permis le règlement des plans sociaux indispensables dans des conditions honorables, mais n'ont malheureusement pas été suffisantes pour surmonter les difficultés auxquelles ces sociétés étaient confrontées et éviter l'ouverture des procédures collectives». La BERD et la SFI entrent en jeu Alliances devrait, par ailleurs, procéder prochainement à une augmentation de capital à hauteur d'un milliard de dirhams. Reste que ce montant sera atteint si Alami Lazrak, le PDG, arrive à mettre sur la table les 355 MDH qu'il aurait promis à certains créanciers et, surtout, à la SFI qui est bien partie pour devenir un actionnaire de poids dans la société. Elle participerait, en effet, à hauteur de 644 MDH à cette augmentation de capital. La SFI aurait demandé à ce que la gouvernance soit revue. Chose faite avec la désignation d'un nouveau Directeur général en la personne de Ahmed Ammor et l'arrivée de deux administrateurs indépendants. Une augmentation de capital synonyme d'engagement de la part du président du Groupe et un moyen de soulager le poids relatif de la dette dans le total bilan. Toujours selon une source bien informée du dossier et au fait des négociations en cours, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) devrait également entrer en jeu cette année. La Berd, qui ne participe pas au capital des sociétés, mais plutôt à leur reconstruction via l'octroi de financements adéquats à des taux préférentiels, procède, lors de ses «accompagnements» d'entreprises, à des financements à la carte à travers trois types de formules. Alliances aurait opté pour la moins contraignante juridiquement, ce qui permet à la Berd de l'accompagner avec souplesse. Cette formule englobe des financements entre 300.000 et 5 millions d'euros. Alliances pourrait donc bénéficier d'un prêt allant de 3,3 à 55 MDH. Ce financement servira strictement à relancer des projets à l'arrêt en Afrique subsaharienne. Des bénéfices en 2016 ? Le gouvernement a accordé, le mois dernier, une dérogation permettant à EMT de récupérer les cautions de garanties et les pénalités de retard qui étaient confisquées par les offices de l'Etat, donneurs d'ordres d'EMT. Et c'est vraisemblablement avec cette somme, déjà provisionnée par Alliances en 2014, qu'EMT compte payer ses créanciers. Un montant qui se chiffre à 440 MDH, soit un peu plus que la perte réalisée lors du premier semestre de cette année (384 MDH). Si cette charge non récurrente disparaît, et si le promoteur arrive à jouer sur son périmètre de consolidation tout en maîtrisant les charges de personnel, cela risque de produire un résultat positif ou, plutôt, presque à l'équilibre en 2016, note la même source. En tout cas, en Bourse, le titre a démarré un rallye fin décembre et cela se poursuit en 2016. Il a gagné 6,83% pendant les deux premières séances de l'année. L'espoir fait vivre, dit-on.