* Le relèvement des plafonds des crédits vient répondre à un besoin de plus en plus important pour développer les activités des bénéficiaires. * Rien de nouveau concernant le projet damendement de la loi 18-97 qui devrait permettre aux AMC de commercialiser des produits de micro-assurance. * Un Master proposant de former des experts et cadres supérieurs vient répondre à la forte demande de formation spécialisée dans le secteur de la micro-finance. * Entretien avec Didier Krumm, Directeur Formation PlaNet Finance Maroc. Finances News Hebdo : Le plafond des crédits autorisés a été relevé à 50.000 DH. Cela na-t-il pas impliqué un durcissement des garanties à fournir par les clients? Didier Krumm : Le relèvement du plafond des crédits correspond à une réelle demande de la part de la clientèle des AMC. D'une part, ces derniers avaient besoin de financements plus importants pour développer leurs activités. D'autre part, les AMC ont pu mettre en place le micro-crédit au logement avec un montant correspondant à la réalité des frais à engager pour la réhabilitation et l'amélioration de l'habitat. Cette innovation a engendré la création du prêt individuel, à côté du crédit solidaire initialement proposé par les associations et reposant sur la garantie du groupe. Le prêt individuel est plus adapté pour octroyer des montants plus élevés. Mais perdant la garantie du groupe solidaire, les associations ont dû mettre en place des garanties formelles pour ce type de prêt. Le prêt individuel a été conçu pour les clients ayant réussi leurs prêts dans le système solidaire, et qui désirent investir dans l'équipement de leurs entreprises. Ils s'adressent aussi à une autre clientèle dont l'activité est plus structurée. Avec le prêt individuel et les garanties formelles, nous sommes bien dans le cadre d'une diversification des produits pour s'adapter à l'évolution du marché. Cela dit, le prêt solidaire reste le produit majoritairement proposé et accessible aux personnes ne pouvant fournir de garanties formelles. F. N. H. : Où en est le projet damendement de la loi 18-97 qui devrait permettre aux AMC de commercialiser des produits de micro-assurance ? D. K. : Le projet de loi va permettre aux associations de micro-crédit d'offrir à leurs clients un système d'assurance médicale. F. N. H. : PlaNet Finance Maroc a lancé, en partenariat avec la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales dAïn-Chock de Casablanca, un nouveau master pour la formation dexperts en micro-finance et développement intitulé : «Expertise en micro-finance et développement». Quels sont vos objectifs pour ce master et comment les AMC en tireront-t-elles profit ? D. K. : La Faculté des sciences juridiques économiques et sociales dAïn Chock - Université Hassan II - Casablanca et PlaNet Finance Maroc ont lancé le premier Master «Expertise en micro-finance et développement» au Maroc. L'objectif de ce Master est de former des experts et cadres supérieurs pour répondre à la forte demande de formation spécialisée dans le secteur de la micro-finance, secteur en plein essor qui sert plus d'un million de bénéficiaires et offre plus de 4.000 emplois permanents. A la fin de ce cursus, les lauréats seront capables d'occuper des fonctions de management au sein des associations de micro-crédit et de mettre en place des projets de développement. Cette formation de deux ans s'adresse d'une part, aux étudiants francophones ayant obtenu un diplôme de licence en sciences économiques, gestion, finances, écoles de commerce ou diplôme équivalent et d'autre part, aux professionnels en exercice ayant une licence (bac+3) et au moins 2 années d'expérience professionnelle. Des professionnels du secteur (praticiens de la micro-finance, responsables des associations de micro-crédit, experts consultants) ainsi que des professeurs universitaires nationaux et internationaux, animeront ces études. Les cours auront lieu à l'Université Hassan II- Ain Chock - Faculté des sciences juridiques économiques et Sociales, et la sélection se fera conjointement par la Faculté et PlaNet Finance Maroc. F. N. H. : En un peu plus dune décennie, quelle appréciation peut-on faire du secteur du micro-crédit au Maroc en termes de prêts, de bénéficiaires, de structures organisationnelles des AMC et de leur gouvernance ? D. K. : Le secteur du micro-crédit, encore jeune, a néanmoins atteint une certaine maturité attestée par les excellents taux de remboursement. Le Maroc est en tête de tous les pays arabes et couvre les besoins de plus d'un million de clients actifs aujourd'hui, à travers l'ensemble du Royaume. À la fin 2006, le montant du portefeuille de ces associations a plus que doublé dans l'année, passant de 1,55 à 3,2 milliards de dirhams d'encours cumulés. Le micro-crédit est devenu un instrument essentiel de lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Malgré une croissance avoisinant les 40 % l'an, le Maroc a l'un des meilleurs portefeuilles de micro-crédit dans le monde avec des impayés à 30 jours inférieurs à 0.5 % du total du portefeuille clients, soit 6 fois moins que la moyenne mondiale (2,8 %). Ce succès repose sur la volonté des associations de micro-crédit d'avoir toujours cherché à se professionnaliser depuis leur création et darriver donc à devenir des structures performantes apportant des services de qualité. Ce mouvement continue et s'amplifie puisque certains réfléchissent maintenant à leur devenir institutionnel en tant qu'institution financière à part entière et ancrée dans le secteur financier marocain.