Le dernier bulletin de la Direction du Trésor et des Finances extérieures faisant ressortir une hausse du stock de la dette publique extérieure de l'ordre de 32 Mds (lors des neuf premiers mois de 2014), remet en selle un débat structurel portant sur l'équation budgétaire. Plusieurs voix s'élèvent pour affirmer avec force que l'endettement extérieur s'érige aujourd'hui comme un paramètre-clef dont l'Etat ne peut plus s'affranchir en l'absence de profondes réformes des finances publiques. En ce début d'année, les statistiques portant sur les données macroéconomiques majeures de 2014 sont au fur et à mesure rendues publiques par les entités habilitées. Dans ce dédale de chiffres, ce qui interpelle plus ces dernières semaines, est la publication émise par la Direction du Trésor et des Finances extérieures (DTFE) concernant les données relatives à la dette extérieure. A la lecture du dernier bulletin inhérent à la dette publique extérieure, le constat frappant est l'augmentation de celle-ci durant les neuf premiers mois de 2014. A fin septembre 2014, l'encours de la dette extérieure publique a quasiment flambé, avec un stock de 266,9 Mds de DH contre 234,7 Mds de DH à fin 2013, soit une augmentation de plus de 32 Mds de DH. Se pencher sur la répartition de cette augmentation est nécessaire, d'autant plus que celle-ci laisse apparaître la hausse du stock de la dette publique extérieure des établissements et entreprises publics (+22,3 Mds de DH) et celle du Trésor public (+9,9 Mds de DH). Outre cette progression qui témoigne des proportions proéminentes que prend la dette publique extérieure, ce qui suscite de plus en plus l'attention des experts, est le changement du profil de la dette en général. Car, si depuis des années l'endettement intérieur prenait largement le pas sur la dette extérieure, on assiste aujourd'hui à une transmutation de taille, puisque la dette extérieure commence à emprunter durablement un trend haussier. L'autre fait majeur que révèle le bulletin de la DTFE, est la configuration du portefeuille de la structure par emprunteurs. En effet, les EEP s'arrogent 47,3% de la dette publique extérieure, le Trésor 52,3%, les banques et les collectivités locales 0,4%. Que dénote cette hausse de la dette publique extérieure «L'augmentation de la dette publique extérieure était prévisible et va tout simplement dans l'ordre des choses», confie Najib Akesbi, professeur à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat. Cela dit, force est de constater que le contexte budgétaire actuel, marqué par le déficit combiné à la timide reprise des réserves de change, incite inexorablement l'Etat, à travers le Trésor public et ses démembrements (Entreprises et établissements publics), à recourir à l'endettement externe. Pour avoir un ordre de grandeur, il est utile de rappeler qu'à fin septembre 2014, le besoin de financement du Trésor public était de 35,8 Mds de DH, avec un solde ordinaire négatif de 7,2 Mds de DH. Ces chiffres montrent de façon édifiante les pressions qui s'exercent sur les finances de l'entité dirigée par Noureddine Bensouda. Comme cela a été précédemment souligné, les EEP brillent par leur part croissante dans la dette publique extérieure. A en croire Najib Akesbi, ceux-ci disposant de peu de ressources, sont dans l'obligation de se substituer au secteur privé qui ne joue pas son rôle pour la promotion de l'investissement au Maroc (voir entretien). D'où le recours récurrent à l'emprunt hors du Maroc. Ce qui amène à se poser la question de savoir si l'endettement extérieur n'est pas une composante de l'ADN des EEP et du Trésor public. Sachant que la principale singularité des finances publiques, est que l'augmentation des recettes perçues par le Trésor public n'arrive toujours pas à égaler celle des dépenses. Partant, il est sans conteste qu'en l'absence de profondes réformes des finances publiques, la dette publique extérieure risque de se situer durablement sur un trend haussier. A ce titre, il est opportun de rappeler qu'à fin septembre 2014, le Trésor public affichait un besoin de recettes de l'ordre de 44,6 Mds de DH. D'un point de vue structurel, l'équation budgétaire dont l'endettement en est un paramètre-clef, est largement importunée par la baisse croissante du taux de couverture des dépenses du budget général de l'Etat (BGE) par les recettes fiscales. Ce ratio est passé de 85% dans les années 90 à seulement 58% à en croire les chiffres officiels de la Loi de Finances 2015. En définitive, le dernier bulletin de la DTFE portant sur la dette publique extérieure (lors des neuf premiers mois de l'année 2014), remet en selle un débat difficile à trancher. Celui de savoir si le Maroc bénéficie tant de la confiance des principaux bailleurs de fonds qui au regard de l'augmentation du stock de la dette publique extérieure, sont très enclins à prêter au Royaume. En d'autres termes, cette prédisposition à octroyer au Maroc des prêts, reflète-t-elle une situation de surabondance de liquidités au niveau des marchés internationaux de capitaux ou au contraire ne faudrait-il pas relier cela aux indicateurs macroéconomiques sains du pays comme certains responsables publics le prétendent ? Le débat est lancé et chaque citoyen se fera certainement une opinion sur la question.