Le mode de partage de l'infrastructure de l'opérateur historique, le coût d'accès ainsi que le prix des terminaux compatibles sont à ce jour les grandes inconnues de l'équation 4G au Maroc. Jusqu'en fin de matinée du lundi 17 novembre, les trois opérateurs télécoms, IAM, meditel et Inwi, n'avaient pas eu encore l'occasion de découvrir ce que leur réserve l'appel d'offres de la quatrième génération de téléphonie mobile au Maroc (4G). Annoncé pour ce début de semaine, le lancement de la procédure menant à l'octroi des nouvelles licences était fort attendu par les opérateurs qui ont mené début novembre des tests concluants de la 4G dans certaines villes. Les réseaux 4G sont destinés principalement à la transmission de la data mobile avec des débits largement plus importants que ceux de la 3G. Chiffrés en milliards de DH, les montants engagés pour investir ce nouveau créneau se justifient pleinement au regard de ses retombées économiques et sociales. Dans une récente étude, le ministère des Finances a estimé à 2 milliards de dollars US le surplus de valeur annuel pour l'ensemble de la population marocaine connectée. A chaque doublement de volume des données mobiles utilisées, poursuit la même source, le PIB devrait croître de 0,5%. Mais, pour réussir le défi de la 4G, certains prérequis s'avèrent indispensables. «La 4G implique des investissements très lourds pour remettre à niveau l'ensemble du réseau, y compris les équipements en amont de transmission qui permettent d'accueillir des volumes énormes de données. C'est pour cette partie précisément qu'il faudra mutualiser l'infrastructure. Ce serait ridicule de voir trois fibres optiques passer dans la même rue à Casablanca», explique Frédéric Debord, Directeur général de Inwi. Son avis est d'ailleurs partagé par meditel qui, depuis quelques mois, appelle au partage mutuel de l'infrastructure de l'opérateur historique. «Il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs de la 3G. L'enjeu est d'avoir la meilleure 4G partout», prévient F. Debord. Sans pencher ni vers l'un ni vers l'autre, l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) privilégie la voie de la concertation. «Le processus de partage des infrastructures entre les opérateurs se poursuit. Le sujet fait l'objet d'échanges avec les opérateurs et devrait déboucher dans les prochains jours sur l'adoption d'une offre d'accès aux infrastructures de génie civil de l'opérateur historique, sur l'encadrement des modalités conventionnelles, tarifaires et opérationnelles d'accès à la fibre optique et sur l'accès aux infrastructures en fibre optique jusqu'à l'abonné», précise un responsable à l'ANRT. Et de poursuivre : «les modalités de dégroupage de la boucle et sous boucle locale en cuivre, ayant été fixées par décisions du comité de gestion de l'ANRT, seront également activées et rendues opérationnelles pour l'offre de services haut débit fixes aux usagers. Nous sommes également en train de déployer certaines actions pour surmonter les difficultés liées au partage des sites mobiles entre les opérateurs». L'accessibilité compromise ? Autre enjeu soulevé par la 4G : le prix élevé des équipements de réseaux, ainsi que celui des terminaux compatibles 4G qui risquent d'être chers, surtout au Maroc où le prépayé domine le marché. Les opérateurs, soutient le DG de Inwi, doivent pratiquer une politique commerciale qui leur permet d'engager des investissements. «Nous constatons aujourd'hui une baisse du prix des terminaux 3G, alors que la technologie a 15 ans d'existence. Je pense que la baisse des prix des GSM sera plus rapide sur la 4G, mais il va falloir attendre 5 ou 7 ans», estime Frédéric Debord. S'agissant de la politique commerciale, le top management de Inwi plaide pour la rémunération du surplus de débit, en plus de la possibilité de faire des débits garantis. «Il faut éviter le modèle français qui a connu un alignement des prix de la 4G sur la 3G et une baisse des prix sans que cela soit justifié. Mais je ne pense pas que la 4G sera alignée sur la 3G au Maroc», prévoit le DG de Inwi. De même, le régulateur du marché table sur une future baisse des prix au fur et à mesure que la concurrence s'intensifie, étant donné que les prix des services des télécommunications demeurent librement fixés par les opérateurs. «Au début, il n'est pas exclu que certains services 4G soient offerts à des tarifs différenciés, selon leur nature. Mais on peut penser que l'évolution du marché et de la concurrence pourrait converger rapidement vers l'équilibre des tarifs. Les investissements devront être amortis, ce qui se répercutera sur le coût final», anticipe le haut responsable de l'ANRT.