La société envisage une augmentation de capital réservée aux salariés, avec une prime d'émission représentant 82% du prix d'émission. Une décote qui en fait l'opération la plus juteuse de l'année réservée à des salariés. Par ailleurs, l'entreprise livre ses prévisions à horizon 2016 qui laissent présager une année 2014 peu propice à la croissance, avec une relance à partir de 2015. Aussi, l'entrée en vigueur de la loi sur les délais de paiement devrait pénaliser Colarado qui opère dans un secteur où l'informel a un avantage monstre concernant cette problématique. Détails. Cette augmentation de capital porte sur un montant de 11,6 MDH. 200.000 actions seront mises à la disposition des salariés au prix de 58 DH l'unité. Le cours de l'action, le 11 novembre, est de 73 DH. Au moment de la mise en place du montage, la prime d'émission qui sera octroyée aux salariés a été fixée à 48 DH, soit 82% du prix d'émission, ce qui augmente presque d'autant la rentabilité de ce placement pour les salariés si le cours en Bourse ne s'effondre pas dans les trois années à venir. A noter que dans le cadre de cette augmentation de capital, le management ne fait pas l'éloge du financement d'investissements futurs, mais met plutôt en valeur son désir de faire participer le personnel à la performance du groupe. Sans doute que la réalité se place quelque peu entre les deux. Car des investissements il y en aura. En effet, dans le business plan de Colorado, l'on constate que l'actif immobilisé augmente de 13,6% en 2014. «Ces investissements concernent principalement l'acquisition et la construction d'agences et de show-room et l'achat de nouvelles machines», explique la société. En 2015, cet actif immobilisé augmente à nouveau de 4,7%, principalement en raison de l'investissement lié au déménagement de l'usine des solvants à Dar Bouazza. En 2016, il n'y a apparemment aucun investissement à prévoir. A noter que le montant des investissements représente plus du double du montant de cette augmentation de capital. La société n'est donc pas dans la logique de faire payer ses actifs par le personnel. La diversification pour éviter la morosité du BTP Colorado prévoit une baisse de ses ventes de 3% en 2014, avant un redressement les deux années qui suivent pour atteindre une croissance moyenne annuelle de 6% à horizon 2016. A court terme, la baisse des ventes est intimement liée à la morosité du BTP. «A fin juin, la baisse des ventes de ciment dépasse les 5% par rapport à la même période de l'année précédente. Etant donné que le secteur de la peinture est fortement corrélé à celui du ciment, le CA 2014 devrait connaître une légère baisse par rapport à l'exercice 2013», explique la société. Cela dit, entre 2015 et 2016, le CA connaîtra une croissance respective de 2,5% et de 4,9%. Pour y parvenir, Colorado va se diversifier en se lançant dès cette année dans la peinture industrielle. Le marché l'attend au tournant sur ce point, envisagé puis écarté pour des raisons de rentabilité,s puis promis à nouveau. L'entreprise va également miser sur le développement de l'export et de l'activité carrosserie dans la lignée des années précédentes. Le chiffre d'affaires à l'export connaîtra une croissance annuelle de 15% en 2014 et 2015 et de 20% en 2016. C'est du moins ce que promet le management. Quant au chiffre d'affaires généré par l'activité carrosserie, il augmentera de 15% chaque année. Au final, Colorado prévoit une croissance organique de 6% de son résultat d'exploitation après la baisse prévue en 2014. La loi sur les délais de paiement pénalise Colorado Le résultat net, quant à lui, devrait baisser à 46 MDH en 2014, après 48 MDH en 2013, pour au final s'approcher des 50 MDH en 2016, soit un TCAM de 4%. Le taux de distribution des dividendes prévu serait de 50% sur la période 2014 – 2016. Un pay out en phase avec l'historique. Promesse du management : «il est tout à fait envisageable de distribuer des dividendes exceptionnels si la situation de la trésorerie le permet, à l'instar des dividendes distribués au titre de l'exercice 2013». Parmi les risques que craint la société et que la loi oblige à relever lors de la préparation de telles opérations, on retrouve la loi sur les délais de paiement qui pèse sur toutes les entreprises formelles. Car elle crée automatiquement un système boiteux. Vis-à-vis des fournisseurs, le non-respect de cette loi expose Colorado au risque de se voir appliquer par ces derniers des pénalités de retard significatives. La passation d'une provision pour intérêt implique donc un coût fiscal supplémentaire pour la société du fait que les pénalités en question ne sont pas déductibles. Ces intérêts ne sont en effet déductibles qu'au moment où ils sont décaissés. Le respect de cette loi expose Colorado au risque de voir sa trésorerie s'effondrer du fait de l'augmentation très importante de son BFR qu'elle sera obligée de financer par des recours à des lignes de crédit bancaires et, par conséquent, un accroissement des charges financières de la société. L'injustice de cette loi réside dans le fait que Colorado ne pourra pas appliquer ces intérêts de retards à ses clients. Certaines administrations, mais surtout les entreprises privées refusent de travailler avec des prestataires attentifs sur les délais. D'autant plus que la concurrence, dont une partie importante opère dans l'informel, n'est pas stricte en la matière. Ainsi, en respectant cette loi, Colorado risque de perdre des parts de marché. Cette contrainte n'est pas propre à cette entreprise, mais à tout le secteur au sein duquel elle évolue. C'est le prix de la transparence.