* La situation de l'exploitation des carrières de sable au Maroc commence à inquiéter sérieusement les professionnels du secteur. * Avec une demande annuelle de près de 12 millions de m3 au niveau national, la surexploitation des sites actuels menace l'équilibre écologique du littoral marocain. La forte croissance du secteur immobilier, due en partie aux grands chantiers ouverts par les pouvoirs publics, a eu un effet négatif sur l'exploitation des carrières de sable au Maroc qui se situent principalement dans l'axe El Jadida-El Jorf. De l'avis des professionnels du secteur, un plan d'urgence doit être mis en application afin de tempérer les effets de cette surexploitation qui commence à métamorphoser la plupart des zones exploitées. La demande des constructeurs marocains se situe actuellement à 12 millions de m3. «Cette demande devrait s'accroître, assure un rapport dressé par l'Association des professionnels des carrières de sables, à l'horizon de 2015». En fait, c'est la demande accrue pour les années à venir qui commence à inquiéter du moment que les seuils d'exploitation atteints paraissent aujourd'hui insuffisants. Le rapport, dressé en collaboration avec la Fédération nationale du BTP, propose des «solutions alternatives afin de préserver l'environnement mais aussi de mieux réorganiser le secteur». Il faut remarquer qu'un monopole de fait règne sur les activités d'exploitation puisque les licences d'exploitation obéissent à des conditions très strictes. D'un autre point de vue, le plan d'urgence proposé par les professionnels du secteur conseille d'interdire momentanément toute exploitation afin de pouvoir dresser un état des lieux apte à fournir les premiers éléments d'une nouvelle stratégie environnementale. Il faut dire aussi qu'une étude élaborée par le département de l'Equipement et du Transport, il y a 3 ans, avait recommandé une panoplie de mesures qui ne sont pas encore mises en application. Elles concernent essentiellement les mêmes aspects concernant le respect des normes environnementales, le réaménagement des sites après leur exploitation, et proposant des activités alternatives en cas de décision d'arrêter l'exploitation de certaines carrières. Les professionnels du sable ont proposé aussi qu'il y ait «des mesures fiscales incitatives concernant les projets de développement durable qui s'attachent à l'exploitation des carrières et qui soient à hauteur de 50%». Le marché marocain du sable reste en effet caractérisé par la prédominance du secteur informel, et de ce point de vue, l'outil fiscal peut être précieux pour reconvertir de nombreuses activités liées au secteur. Il faut souligner par exemple que la région de Tanger a connu une hausse fulgurante de la demande en sable qui est passée de 3.500m3/jour à 6.000 m3/jour. Ce qui démontre que des ressources de substitution doivent être trouvées de même que de nouveaux fonds doivent être injectés afin de créer de nouvelles stations de concassage qui auront la «lourde» tâche cette fois de respecter les normes environnementales et celles de qualité des produits. Il faut relever que les professionnels du secteur dénoncent en même temps «le pillage méthodique des carrières de sable» au même titre que «l'absence des services concernés». Souvent, des personnes non autorisées à extraire le sable arrivent à commercialiser leur produit sans que les pouvoirs publics ne trouvent d'outils adéquats pour intervenir. Récemment, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a annoncé la constitution d'une commission interministérielle pour «réfléchir sur les solutions alternatives afin d'alléger la surexploitation existante».