Les analystes de Crédit du Maroc Capital (CDMC) ont récemment réalisé une étude poussée sur le secteur immobilier, et principalement sur les entreprises cotées du secteur. Il en ressort que les mutations du secteur profiteront à Addoha et Alliances. A noter que nous avons volontairement retiré de l'étude la partie concernant CGI, dont le retrait de la Bourse nous a été confirmé par le management au moment où nous mettions sous presse. Décryptage des recommandations du courtier et de ses hypothèses de travail. Au moins quatre paramètres sont analysés dans cette étude pour appréhender l'évolution du secteur d'ici à 2018 : les mises en chantier, les crédits immobiliers, les ventes de ciment et le comportement général de la branche BTP. Sans surprise, ces 4 indicateurs affichent, de par leurs interactions, un essoufflement plus ou moins marqué à moyen terme. Cela dit, l'étude poussée de chacun des indicateurs «dénote, en filigrane, de quelques signes annonciateurs d'un retour à l'équilibre entre le pouvoir d'achat et les prix des logements». Les analystes notent ainsi une reprise du segment du logement social dont les livraisons ont connu, au cours du 1er semestre 2014, un accroissement de 33,4% par rapport à une année auparavant. Ils prévoient une progression des mises en chantier sur le segment du logement «classe moyenne» de 37% à 12.300 habitats, un début du retour à l'équilibre du secteur à travers une réadaptation entre l'offre et la demande (le segment du haut standing est concerné, en première ligne, par ce changement) et le début d'une mutation palpable sur le marché des résidences secondaires. En effet, les développeurs du segment se sont concentrés sur les acquéreurs locaux depuis la désertion de la clientèle étrangère. Une réorientation qui n'a pas été sans plusieurs efforts d'adaptation en termes de natures du produit, des tarifs... etc. Côté financement, la mutation est également palpable à travers la mise en évidence du rôle des banques qui ont poussé les promoteurs immobiliers à penser à l'implantation géographique et le standing de leurs projets en premier lieu, en fonction du marché, de manière à suivre la demande là où elle se trouve. D'ailleurs, ce que les banquiers continuent de recommander le plus aux promoteurs immobiliers, aujourd'hui, est de sortir de plus en plus des régions où l'offre est abondante (Tanger, Marrakech...) pour s'installer dans d'autres centres qui, actuellement, regorgent de potentialités. Il s'agit de Mohammedia, Témara, Kénitra, Béni Mellal, Fquih Ben Saleh, Taza, Khémisset, Berkane.... C'est ce qu'affirment les analystes du courtier. A qui profitera la situation ? Addoha et Alliances semblent bénéficier d'un mix produit favorable à ces mutations. Concernant la première, les analystes de CDMC expliquent que «sur la période 2014-2018, nous avons estimé une évolution annuelle moyenne de +4,18% du chiffre d'affaires consolidé d'Addoha pour atteindre 11,65 Mds de dirhams en 2018». Une hausse expliquée par la croissance annuelle moyenne de +0,01% du chiffre d'affaires du segment «Logement économique & intermédiaire» et de 10,46% du chiffre d'affaires des programmes «Haut standing». Mais ce n'est pas tout : le promoteur devrait également bénéficier de son recentrage sur le segment «Moyen standing» qui a vu le jour avec le lancement de la marque Coralia. Concernant Alliances, sur la période 2014-2018, les analystes estiment que son chiffre d'affaires devrait croître de 5,14% en moyenne pour atteindre 5,5 Mds de dirhams en 2018. Là aussi, c'est la diversification des sources de revenus qui est mise en avant, étant donné la bonne tenue du résidentiel et golfique, alors que le social devrait se tarir. En cela, la présence du groupe sur un autre segment qui est celui de la construction et des services lui permettrait de dégager de la croissance. D'ailleurs, ce segment connaîtrait une croissance moyenne de 15,11% sur la période. Au final, CDMC recommande Addoha à l'achat avec un cours cible de 65 DH. Alliances est également à acheter avec un cours cible de 554 DH. Ces recommandations sont basées sur la méthode DCF, avec des taux d'actualisation respectifs de 12,03% pour Addoha et de 7,69% pour Alliances. CGI quitte la Bourse ! Information confirmée par le management au moment où nous mettions sous presse : l'une des plus grandes capitalisations de la place quittera le marché prochainement, et ce de manière inattendue et inexpliquée. La cotation du titre n'aura vraisemblablement pas survécu à ce qui est désormais appelée «affaire CGI», laissant derrière elle une impression d'inachevée. La société est, en effet, parmi les rares cotées à avoir une double mission citoyenne et financière. Peut-être que ce modèle a connu ses limites. Peut-être aussi qu'un grand chamboulement managérial est en cours et auquel le titre en Bourse ne survivra pas. Pour l'instant, et en attendant les explications du management, nous ne pouvons que relever la surprenante nouvelle. Un autre géant quitte le navire, un pas de moins dans la financiarisation de l'économie marocaine.