Compte tenu des énormes potentialités économiques dont recèlent le Maroc et l'Allemagne, les données sur les échanges commerciaux entre les deux pays (2 milliards d'euros en 2013) montrent que les relations économiques entre les deux Etats devraient être redynamisées. La deuxième édition de la Commission économique maroco-allemande de 2014 était une plateforme adéquate pour dresser le bilan d'une coopé-ration qui date de plus de 50 ans et poser les jalons à même de permettre d'atteindre le défi de doubler les échanges commerciaux à terme. De par son enver-gure économique, première puissance européenne et mas-todonte industriel du Vieux continent, l'Allemagne fas-cine à plusieurs égards et sa force de frappe exportatrice avec une balance commerciale excédentaire en fait le modèle à suivre. La teneur des débats lors de la deuxième édition de la Commission économique maroco-allemande récemment tenue à Casablanca, reflétait parfaitement cette particula-rité allemande. Cela dit, dans-son allocution, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investisse-ment et de l'Economie numé-rique qui co-présidait l'évé-nement avec son homologue allemand, Uwe Beckmeyer, Secrétaire d'Etat, s'est employé à rappeler que la coopération entre le Maroc et l'Allemagne remonte à plus de cinquante années. Toutefois, c'est à regret que celui-ci constate que les relations économiques entre les deux pays restent timorées. Chiffres à l'appui, les échanges commerciaux entre les deux partenaires ne représentaient que 2 milliards d'euros en 2013. Ce qui équi-vaut à 4,11% des échanges globaux marocains. Les IDE allemands au Maroc sont du même acabit, et ne se chif-fraient qu'à 116 millions d'eu-ros durant l'année dernière. Partant, l'objectif des relations institutionnalisées dans le cadre de la Commission mixte maroco-allemande est d'insuf-fler une nouvelle dynamique aux relations économiques des deux parties. Ce qui est d'autant plus nécessaire à en croire Moulay Hafid Elalamy. Puisque le Royaume est pour l'heure une réelle fenêtre d'opportunités pour les opé-rateurs allemands comme en témoignent les relais de crois-sance générés par l'éventail de plans sectoriels notamment dans les domaine de l'énergie, de la logistique, de l'industrie, du tourisme, de l'agriculture, etc. Cela dit, si la vigueur de l'industrie allemande n'est plus à démontrer, force est d'ad-mettre que le Maroc pourrait être envié dans sa catégorie. Le pays est le premier expor-tateur d'automobiles dans la région MENA. Le secteur aéro-nautique national est en plein essor et l'expertise marocaine dans le domaine de l'énergie s'exporte. Tout cela a incité certains intervenants de prê-cher pour le renforcement des chaînes de valeur et d'accroître la synergie des économies des deux pays. Une complémentarité évidente Uwe Beckmeyer a, pour sa part, martelé que l'intérêt des opérateurs allemands pour le Royaume est quelque part édi-fié par le déplacement de 50 chefs d'entreprise au Maroc lors de cet événement haut en couleurs. «Les hommes d'af-faires allemands ne veulent pas gagner de l'argent facile mais cherchent un partenariat durable», clame-t-il dans la foulée. Outre cet engagement clairement affiché, il y a lieu de rappeler que les grandes entreprises de l'industrie alle-mande sont toutes installées au Maroc. On en dénombre pour l'heure plus d'une centaine. A ce stade, il serait difficile de ne pas faire le parallèle entre les tissus industriels des deux pays qui, à leur niveau respec-tif, ont érigé les secteurs de l'automobile, de l'aéronautique et de l'énergie comme le fer de lance de leur économie. D'où l'intérêt de tirer profit de cette complémentarité. Visiblement, du côté allemand, la pertinence de ce partenariat économique ne fait aucun doute puisque le Secrétaire d'Etat allemand a annoncé dans son allocution qu'un groupe de travail alle-mand sera formé pour identi-fier les facteurs de blocage se dressant sur la voie du raffer-missement des relations com-merciales entre les deux pays. Cela dit, si les intervenants se sont accordés pour dire que les relations commerciales entre les deux pays sont à dévelop-per, il n'en demeure pas moins que l'Allemagne est fortement présente dans le domaine de l'énergie au Maroc. Elle a parti-cipé à hauteur de 750 millions d'euros à la réalisation de la centrale solaire d'Ouarzazate dans le cadre d'un partena-riat énergétique signé avec le Maroc depuis 2012. Ceci dit, le modèle allemand inspire aussi le patronat marocain repré-senté lors de la rencontre par sa présidente Miriem Bensalah Chaqroun. Celle-ci a souligné que le know-how allemand en matière de modélisation du maillage grandes entreprises PME a servi de benchmark à la CGEM. La patronne des patrons a aussi exhorté les par-tenaires allemands à donner un coup de pouce aux entreprises marocaines exportatrices notamment dans le domaine des normes spécifiques et des standards allemands. En définitive, il est ressorti de la deuxième édition de la Commission économique maroco - allemande un défi de taille, celui de doubler les échanges com-merciaux entre les deux pays. La troisième édition permettra sans aucun doute de mesurer les pas posés pour atteindre cet objectif qui, il faudrait bien le dire, déborde d'ambition.