Benkirane qualifie le bilan de son gouvernement de «positif», «honorable» et «rassurant», au regard d'une conjoncture difficile. C'était mardi dernier devant les deux Chambres du Parlement. A l'heure de dresser le bilan d'étape de l'action gouvernementale, on ne s'attendait évidemment pas à ce que le Chef de gouvernement s'autoflagelle, mais plutôt qu'il s'autocongratule. Et il l'a fait. Sans retenue. Ne faisant point d'économie dans l'effort d'aligner les chiffres : réduction de près de deux points du PIB du déficit budgétaire qui passe de 7,3% en 2012 à 5,5% en 2013, réduction du déficit du compte courant de la balance des paiements de 9,7% à 7,6% sur la même période, croissance économique de 4,4% contre 2,7% en 2012... Ce que Benkirane omet (sciemment) de dire, c'est qu'avec un déficit budgétaire de 7,3%, il semblait difficile de faire pire, au regard de la volée de bois vert qu'a reçue le gouvernement à l'époque et, surtout, de la réaction des bailleurs de fonds, notamment le Fonds monétaire international qui a exigé des réformes structurelles importantes pour assainir les finances publiques. Pourtant, hormis l'indexation partielle des prix des carburants et les nombreux bidouillages pour glaner des sous à gauche et à droite, à travers notamment le Fonds d'appui à la cohésion sociale (doté de 3,5 milliards de DH en 2013) la multiplication et la hausse des taxes qui rongent le pouvoir d'achat des ménages et la coupe budgétaire de 15 Mds de DH, Benkirane ne peut se prévaloir d'aucune vraie grande réforme. Mais il peut se vanter d'avoir, jusque-là, plus ou moins réussi à pacifier certaines intelligences rebelles en abattant la carte du populisme et en usant parfaitement de l'arithmétique politicienne. Les Marocains ne sont pas dupes pour autant. Sur les vraies problématiques, le gouvernement n'a pas encore apporté de réponses concrètes : caisse de compensation, retraite, fiscalité, chômage endémique, enseignement... Et une législature ne suffira pas à Benkirane pour vider ces dossiers dont les enjeux économiques et sociaux sont énormes. Reste à savoir si les électeurs lui donneront encore l'occasion d'exercer un second mandat. That is the question