Avec son caractère obligatoire, l'assurance auto domine la branche Non-Vie. Durant les années fastes, les excédents dégagés par les compagnies d'assurances en matière de placement leur ont permis d'appliquer des tarifs défiant toute concurrence. Ce qui biaise les règles du marché. L'entrée en vigueur de la Convention d'indemnisation corporelle automobile le 1er janvier 2013 est une réponse partielle à la problématique du recouvrement au sein du secteur. D'une manière quasi globale, le marché de l'assurance au Maroc a affiché une croissance soutenue au cours des cinq dernières années. Chiffres à l'appui, le montant global des primes émises du secteur des assurances a atteint 27,6 milliards de dirhams en 2013. Le taux d'équipement en assurance est de l'ordre de 3%. A noter par ailleurs que la Vie et l'automobile sont les branches qui dominent le plus les volumes. Plus précisément, la branche auto se taille la part du lion des assurances de biens et responsabilités (Non-Vie). Les polices d'assurance ont en effet généré 8.497,1 MDH, soit une progression de 5,9% par rapport à 2012. Inutile de rappeler que durant cette dernière décennie, le parc automobile neuf s'est développé au détriment de celui de l'occasion. Une nouvelle réalité qui s'est traduite par le développement de l'assurance automobile. Mieux encore, les compagnies d'assurances se sont bousculées au portillon pour offrir des packs complets, rivalisant entre elles dans un marché fortement concentré mais très concurrentiel. Et le salon de l'automobile Auto Expo, qui démarre cette semaine, en attestera et développera sans aucun doute le chiffre d'affaires généré par les compagnies sur ce créneau. Sa prédominance dans le volume généré par le secteur résulte en grande partie de son caractère obligatoire depuis le 20 janvier 1969. Son obligation ne concerne que la garantie «responsabilité civile», c'est-à-dire les dommages corporels et matériels causés aux tiers et aux passagers. Assurance auto : Quand les compagnies rivalisent De nombreuses garanties peuvent être proposées lors de la conclusion d'un contrat d'assurance automobile. La responsabilité civile automobile est la garantie minimum. Elle ne couvre en fait que les dommages causés aux autres biens ou personnes, dont ceux des véhicules percutés, les blessures des usagers en dehors du conducteur responsable, comme des piétons, mais aussi les dégâts subis par les biens matériels. En effet, les garanties sont indépendantes les unes des autres, que ce soit dans la souscription que dans la mise en application. Ce qui veut dire que lors d'un accident responsable, même si le conducteur n'a pas la garantie «tous risques», la garantie protection du conducteur et la défense recours fonctionnent. De même, la garantie «tous risques» ne signifie pas pour autant que le conducteur a souscrit à l'assistance ou aux autres options. Un point irritant mérite d'être souligné, il s'agit de la tarification. Tout le monde en parle, mais les détails de la souscription restent peu connus. En effet, les tarifs diffèrent plus ou moins d'une compagnie à une autre. En dehors de la couverture de base qui est réglementée, les tarifs afférents aux garanties optionnelles telles que le vol, l'incendie, le bris de glace ou autres sont différenciés. Autrement dit, les opérateurs ne retiennent pas les mêmes critères en matière de tarification. Ceux qui sont à la base de cette différenciation tiennent essentiellement au taux de franchise et au plafond d'indemnisation qui ne sont pas uniformes. Mais en dehors de ces critères, la tarification des garanties optionnelles dépend entre autres de la rentabilité de chaque compagnie, du taux de sinistralité, voire essentiellement de sa politique de placement. Durant les années fastes, les excédents dégagés par les compagnies d'assurances en matière de placement leur ont permis d'appliquer des tarifs défiant toute concurrence. L'euphorie financière leur a permis de baisser les tarifs sur le technique. Aujourd'hui, suite à la crise financière, l'unanimité est de mise qu'il faut rectifier le tir en matière de tarification et ce, pour une concurrence saine et loyale. Toutefois, cela n'empêche pas de dire que la sinistralité joue un rôle déterminant dans la fixation des tarifs. Plus la sinistralité est élevée, moins le contrat est rentable et plus l'assureur appliquera une prime élevée. Il est à noter que le montant de la garantie relative à la responsabilité civile n'est pas figé dans le temps. Son tarif dépend d'un coefficient appelé «Coefficient de réduction-majoration», qui lui-même dépend du nombre et de la nature des accidents causés par l'assuré. D'une manière réglementaire, une réduction de 10% est appliquée sur le tarif de la RC après deux ans si le conducteur n'a commis aucun accident durant cette période. Dans le cas contraire, une majoration de 20% est facturée au cas où l'assuré cause des dommages matériels aux tiers lors d'un accident. Les dernières nouveautés L'autre écueil de taille est le remboursement des victimes qui souvent dépasse les limites du temps normal à cause de la lenteur excessive des tribunaux. L'entrée en vigueur de la Convention d'indemnisation corporelle automobile le 1er janvier 2013 se veut une réponse partielle à ce tracas. Cette nouvelle convention permettra aux entreprises d'assurances d'instaurer une relation privilégiée avec leurs assurés en leur épargnant le recours systématique aux tribunaux, et ceci par la prise en charge directe de leurs dossiers en cas d'atteinte corporelle. Ce service d'indemnisation direct est valable aussi bien pour les assurés que pour les occupants de leurs véhicules. La signature de cette convention par les entreprises d'assurances a été motivée par la volonté de privilégier la proximité avec leurs clients pour assurer une véritable relation basée sur la confiance. Elle s'applique essentiellement aux victimes ayant subi des dommages corporels dont le taux d'IPP est inférieur ou égal à 10%. Des mesures louables ont assurément vu le jour au cours des dernières années. Les professionnels ont balayé d'un revers de main certaines difficultés du passé..., mais le chemin à parcourir est encore long pour faire de l'assurance auto une plateforme de sécurité infaillible.