Le Maroc réalise le plus grand sac écologique du monde en toile de 13 m de hauteur et de 14 m de largeur. Les pouvoirs publics comptent promouvoir l'utilisation des sacs en toile, à travers la production de près de 3 millions de sacs, comme une des alternatives aux sacs en plastique. La loi 22-10 relative à l'utilisation de sacs et sachets en plastique dégradables ou biodégradables n'est toujours pas appliquée. Après les records culinaires du plus grand couscous ou encore du plus grand tajine du monde, le Maroc enregistre un nouveau record, cette fois-ci écologique. En effet, des associations environnementales de Casablanca à savoir Casa Environnement et Enactus de l'Ecole Hassania des Travaux Publics ont réalisé le plus grand sac écologique du monde en toile. Avec 13 m de hauteur et de 14 m de largeur, ce nouveau record a effacé celui établi au Texas (USA) en juin 2013 qui était de 9 m de hauteur et 5 m de largeur. Ce sac géant, qui sera proposé au livre Guinness des records, a été présenté le dimanche 23 mars lors d'une cérémonie en présence de Hakima El Haité, ministre déléguée chargée de l'Environnement, Fatima Merouane, ministre de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire et aussi des personnalités du monde du sport, de l'art et de la culture. Aussi bien les pouvoirs publics que les associations de protection de l'environnement cherchent, à travers cette initiative, à sensibiliser la population sur les risques des sacs en plastique. Ces sacs qui font désormais partie de notre paysage et qu'on trouve dans les rues, les plages et les champs ont un impact très nocif pour la faune et la flore en plus de la pollution visuelle. Les Marocains en consomment beaucoup, soit plus de 26 milliards de sachets par an. Une virée au souk ou au supermarché suffit pour constater l'engouement que nous portons à ces sacs. « Le passage au supermarché me permet d'alimenter mon stock en sacs plastique et par conséquent je fais des économies sur l'achat de sacs poubelle», avoue N. Fatima, fonctionnaire. Cette utilisation excessive nous a valu une place au podium des pays les plus consommateurs de sacs plastique. Le Maroc vient en deuxième position après les Etats-Unis d'Amérique qui consomment 380 milliards de sachets par an. Pour avoir une meilleure visibilité de l'ampleur du phénomène, il est utile de rappeler que la durée de dégradation d'un sac plastique est estimée entre 100 et 400 ans. Conscient des conséquences drastiques de ces sacs non dégradables sur notre environnement, le gouvernement marocain multiplie les actions notamment les campagnes de sensibilisation qui entrent dans le cadre du programme pilote de promotion du sac écologique en toile. Ce programme vise à promouvoir l'utilisation des sacs en toile comme une des alternatives aux sacs en plastique et ce, à travers la production de près de 3 millions de sacs en toile. Ce sont les coopératives féminines de couture qui se chargeront de leur fabrication et de leur distribution aux ménages par des associations environnementales locales. L'application des lois fait défaut Pour faire face à ce fléau, une loi a été votée en 2010 visant à faire disparaître les millions de sacs en plastique qui s'entassent dans notre environnement. C'est la loi 22-10 relative à l'utilisation des sacs et sachets en plastique dégradables ou biodégradables et dont le décret d'application a été publié dans le Bulletin officiel en août 2011. Elle interdit la fabrication pour le marché local des sacs et sachets en plastique non dégradables ou non biodégradables ainsi que leur importation, leur détention en vue de la vente, leur mise en vente, leur vente ou distribution à titre gratuit. Les sanctions pour les hors-la-loi peuvent atteindre 1 million de DH. Or, depuis sa promulgation, cette loi que certains considèrent d'obsolète, n'est toujours pas appliquée. Et pour cause, la mise à niveau du secteur et l'application de la loi nécessitent un investissement important qui dépasse les capacités des professionnels du secteur. Une question reste cependant suspendue : les campagnes de sensibilisation menées par les pouvoirs publics suffiront-elles à faire diminuer notre consommation en sacs plastique ? Ce qui est sûr, le département de tutelle doit subvenir aux besoins des industriels afin qu'ils puissent se conformer à la loi.