Le nouveau modèle de développement (NMD) érige en priorité l'instauration d'un choc de compétitivité. Un paramètre qui fera le lit des conditions de la transformation productive et concrétisera ainsi la vocation du Maroc en tant que hub régional attractif pour les investissements. S'il ne fait pas de doute que le Royaume regorge de plusieurs potentialités, toujours estil qu'il reste pénalisé par des coûts de facteurs de production relativement prohibitifs, eu égard à leur qualité. Ce qui, à l'évidence, constitue un handicap de taille pour la compétitivité des entreprises marocaines et l'attractivité du pays aux yeux des investisseurs étrangers. Afin de créer le choc de compétitivité, le NMD met en relief quatre actions allant dans le sens de l'optimisation des coûts des facteurs de production, dont celui de l'énergie. Et ce, via la réforme du secteur ainsi que le recours aux énergies renouvelables et à bas carbone. Le patronat marocain souscrit parfaitement à cette recommandation consignée dans le rapport portant sur le NMD. «Au prix actuel de 1,07 DH/kWh, le coût de l'énergie peut représenter jusqu'à 30% des coûts de production. La libéralisation du marché de la moyenne tension et la promotion de l'autoproduction en énergie propre avec capacité de réinjection dans le réseau, peuvent contribuer à atteindre l'objectif d'un coût de 0,5 DH/ kWh fixé par le NMD à horizon 2035 et 40% la part du renouvelable dans la consommation totale d'énergie», a fait observer en substance récemment dans la capitale économique Chakib Alj, président de la CGEM. Au regard de l'assertion du patron des patrons, force est de reconnaître que le poste énergétique constitue un lourd fardeau pour certains opérateurs évoluant dans des secteurs énergivores. La principale question à se poser est de savoir si le Maroc est sur la bonne voie pour décarboner son économie grâce aux énergies renouvelables, tout en tirant vers le bas le prix du KWH. Sachant que l'UE, qui s'arroge près de 65% des exportations nationales, instaurera à ses frontières extérieures la taxe carbone (barrière écologique) à partir de 2023. Des avancées plutôt contrastées Sur le plan énergétique, l'actualité récente pousse à l'optimisme, puisque le gouvernement de Aziz Akhannouch, qui a assisté à l'ouverture de la COP26, a adopté récemment le projet de loi n°82.21 relatif à l'autoproduction de l'électricité. L'objectif du nouveau dispositif juridique, qui suscite déjà des remous, est, entre autres, de réglementer l'activité d'autoproduction de l'énergie électrique pour la consommation personnelle. Et ce, peu importe la source de production, la nature du réseau, le niveau de force ou la capacité de l'infrastructure utilisée. Dans le même ordre d'idées, les nouveaux chiffres dévoilés dans le rapport annexé au PLF2022 et portant sur les EPP sont rassurants de prime abord. Pour preuve, la capacité globale en énergies renouvelables cumulée serait de 4.050 MW à fin 2021, soit 37,6% du mix électrique. Mieux encore, l'objectif à l'horizon 2030, fixé à 52% du mix électrique, pourrait être atteint dès 2025, d'après Masen. Les perspectives de 2030 sont encore plus reluisantes, puisque l'agence publique table sur une part des énergies renouvelables de 64,3% dans le mix électrique en 2030, pour une capacité globale installée de 20.254 MW et une marge de réserve de 12,2%. Ceci dit, ce beau tableau prévisionnel ne doit pas être un prétexte pour balayer du revers de la main les observations émises par le CESE en juillet 2020 dans son avis portant sur l'accélération de la transition énergétique au Maroc. L'entité publique a tiré la sonnette d'alarme sur le manque de compétitivité de la technologie CSP utilisée dans les centrales solaires de Noor (Ouarzazate) et de Midelt. A titre illustratif, le coût de revient du kilowattheure serait de 1,62 dirham pour Noor 1. Un montant largement supérieur à ceux affichés par les énergies éolienne et solaire. D'ailleurs, les chiffres officiels du CESE montrent que les derniers appels d'offres éoliens au Maroc en 2015 ont été adjugés à 0,30 DH/kWh, tandis que, dans le domaine du photovoltaïque, le dernier appel d'offres dans la région Moyen-Orient a été attribué à un tarif équivalent à 0,13 DH/kWh, dans des conditions similaires à celles du Maroc. Au final, l'avis du CESE révèle également que le coût moyen de l'électricité sur le réseau pourrait baisser de 0,79 DH/kWh aujourd'hui à 0,61 DH/ kWh en 2040 et 0,48 DH/kWh en 2050. La matérialisation de ces projections suppose la correction des dysfonctionnements et des incohérences qui pénalisent la gouvernance du secteur énergétique du pays.