Les cours des matières premières, notamment celles importées par le Maroc, s'inscrivent dans un cycle haussier. Les transporteurs commencent à se plaindre des prix à la pompe, impactés par la hausse des cours du pétrole.
Par C. Jaidani
Avec le début de la reprise économique, la demande des matières premières connaît un certain essor, entraînant une flambée des prix de certains produits. Le scénario de 2007 et 2008 n'est plus à écarter, surtout que tous les Etats ont injecté massivement de l'argent dans leur économie et continuent de le faire pour assurer la relance. Plusieurs économistes préviennent que «2021 devrait être une année de rebond par excellence de la demande des consommateurs qui, une fois les restrictions sanitaires levées devraient, se précipiter sur les marchés et dépenser l'épargne accumulée au point de créer un déséquilibre avec l'offre». Selon la dernière note de la direction des études et des prévisions financières (DEPF), l'indice des prix des produits énergétiques calculé par la Banque mondiale a grimpé de 14% en février, après +10% en janvier. De son côté, l'indice des produits non énergétiques a augmenté pour le dixième mois consécutif en février dernier de 2,5%, tiré par les fertilisants, les métaux et les produits alimentaires. Le Maroc, gros importateur de certains produits stratégiques, risque d'être impacté par une inflation importée, avec des effets pervers sur l'économie. L'exemple le plus saillant est celui du pétrole. Le brut a entamé l'année avec un cours de moins de 40 dollars le baril. Il flirte actuellement avec les 70 dollars, avec un risque de renchérissement des cours. A terme, un baril à 100 dollars est possible. Les prix à la pompe au Maroc ont déjà entamé un trend haussier depuis le dernier trimestre de l'année 2020. Le prix du gasoil, le carburant le plus utilisé au Royaume, notamment par les transporteurs, s'approche des 10 DH. Plusieurs syndicats du secteur ont tiré la sonnette d'alarme, sollicitant une intervention urgente du gouvernement pour faire face à ce phénomène. «Nous avons été fortement impactés par la crise sanitaire qui a réduit sensiblement le trafic interurbain de voyageurs, sans oublier la réduction du nombre de passagers à transporter.En revanche, aucune augmentation de la tarification des courses n'a été tolérée. Les frais du carburant représentent plus de 70% de nos charges d'exploitation. Toute hausse pèse lourdement sur nos marges», affirme Mohamed Harak, secrétaire général du Syndicat des grands taxis de Casablanca, affilé à la Confédération démocratique du travail (CDT). La hausse des matières premières a déjà été ressentie par le consommateur, quand le prix des huiles de table a été augmenté au cours du mois de février dernier d'un dirham le litre, sous l'effet de la flambée des oléagineux à l'international. Le Maroc importe la quasitotalité de ses besoins en soja et tournesol de l'étranger. La hausse ne concerne pas uniquement les oléagineux. L'indice des prix des produits alimentaires publié par l'Organisation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation (FAO) enregistre son neuvième mois de hausse. Les experts de cette institution onusienne, basée à Rome, estiment que cette flambée devrait se poursuivre au cours de l'année 2021, même pour les produits qui manifestent une abondance de l'offre, à l'image du blé. Les cours du blé tendre sont restés stables à 277 dollars la tonne en février, leur niveau le plus élevé depuis 2014. En dépit d'une campagne agricole performante, le Maroc devrait importer au moins 30 millions de quintaux de blé cette saison. Pour sa part, le cours du sucre, dont le Maroc importe quasiment la moitié de ses besoins, s'inscrit lui aussi dans un cycle haussier. Il a enregistré au début du mois de mars son niveau le plus haut depuis avril 2017.
Flambée des cours des métaux Plusieurs filières industrielles, dont les métiers mondiaux du Maroc, à savoir, l'automobile, l'aéronautique, l'électronique, électrique ou métallurgique risquent d'être impactées par la hausse des prix des métaux à l'international. On assiste au même phénomène d'avant la crise de 2008, avec une forte demande de ces matières de la part de la Chine et d'autres pays émergents comme l'Inde, le Brésil ou la Turquie. Le cuivre, qui est l'un des baromètres de l'industrie mondiale, a rejoint ses plus hauts historiques de 10.000 dollars/ tonne, soit deux fois plus que ses points bas de 2016.