Le prix du pétrole a déjà atteint 100 dollars le baril avec des effets d'entraînement sur les autres produits, surtout de base. Le budget de la compensation sera mis à rude épreuve faussant, au passage, les estimations du gouvernement. Les subventions à la consommation ne touchent pratiquement que trois produits, alors que le panier de la ménagère en englobe une centaine. Les tensions inflationnistes reviennent au galop. La flambée des cours des matières premières à l'international se confirment et les tendances à la hausse ne semblent pas s'atténuer. Tout laisse croire que cette évolution devrait se poursuivre durant les mois à venir, surtout avec la crise égyptienne qui a fait grimper le cours du pétrole à plus de 100 dollars le baril et qui dit prix du brut, dit effet d'entraînement sur tous les autres produits. L'or, les métaux, le blé, le sucre et les oléagineux, le café, le cacao sont déjà à des niveaux record. Le Maroc sera impacté directement par cette situation car c'est un importateur net d'hydrocarbures et de produits alimentaires. Ces orientations risquent de fausser les estimations des différents organismes habilités à évaluer les indicateurs macroéconomiques du pays. La LF 2011 prévoit une inflation maîtrisée qui tourne autour de 2%. Le HCP, le CMC et BAM revoient légèrement à la hausse ce niveau, mais restent consensuels sur un chiffre de moins de 3%. A part l'inflation importée, les facteurs de risques pour les autres sources de hausse des prix sont minimes. En effet, la croissance des crédits tant pour les ménages (consommation ou immobilier) que pour les entreprises, évolue à un rythme, certes, encourageant mais ne dépassant pas 10%. Pour sa part, la masse monétaire (M3) croît à un rythme annuel de 5,5 %. Elle est donc sensiblement en dessous de la cible de 8 % de la Banque centrale. Certaines analyses estiment que «tout au long de 2011, l'inflation, en glissement annuel continuerait à être volatile, compte tenu du poids encore important du segment alimentaire dans la composition de l'IPC. Elle pourrait même passer par quelques pics au-delà de 3 %, notamment entre la fin du deuxième et le début du troisième trimestre. Ces pics seraient uniquement provoqués par un effet de base». On se demande alors si le budget alloué à la compensation pourrait maintenir la progression des prix. Le gouvernement s'est engagé à ne procéder à aucune augmentation des tarifs. Voulant privilégier la paix sociale, le cabinet de Abbas El Fassi pourrait sacrifier certains postes budgétaires, notamment de fonctionnement ou d'investissement pour alimenter la compensation. Mais la compensation ne touche que trois produits (pétrole, blé et sucre) alors que le panier de la ménagère englobe une centaine. Donc, une surchauffe des prix à la consommation est fort probable. Après des mois d'apaisement, les tensions inflationnistes repartent à la hausse avec l'impact des produits importés. Le mois de décembre dernier a affiché un léger repli, mais la remontée a commencé durant le mois de janvier. En effet, l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) en décembre 2010, a marqué une baisse mensuelle de -0,9% après celle de -0,7% observée un mois auparavant. Cette évolution est attribuée principalement à la diminution des prix de certains produits appartenant à la rubrique «produits alimentaires volatils», en particulier les légumes et les fruits. Les prix de ce poste ont contribué à hauteur de -1,0 point de pourcentage à l'inflation mensuelle. Pour sa part, l'inflation sous-jacente, qui reflète l'évolution fondamentale des prix, s'est établie à 0,1% au lieu de 0,2% le mois précédent. En glissement annuel, l'inflation globale a atteint 2,2% en décembre après 2,6% en novembre. Cette évolution s'explique essentiellement par le ralentissement de la hausse annuelle des prix de certains produits alimentaires frais, notamment les poissons, les légumes et les fruits. Pour sa part, l'indice des prix des produits non alimentaires a enregistré une hausse de 0,8%, comparable à celle du mois précédent (0,7%). S'agissant de l'inflation sous-jacente, elle s'est établie à 1,0% au lieu de 0,8% un mois auparavant. Sur l'ensemble de l'année 2010, l'inflation ressort à 0,9% après 1% en 2009.