Plusieurs projets lancés, fruit d'un partenariat public-privé. Avec les stations de dernière génération, la capacité de production atteindra un milliard de m3.
Par C. Jaidani
Situé entre le sud de la Méditerranée et le grand Sahara, le Maroc est baigné par un climat semi-aride. Avec l'essor démographique et économique, les besoins en eau du pays ne cessent d'augmenter. Le dessalement de l'eau de mer est une option adoptée par le gouvernement pour faire face au tarissement des ressources hydriques. Des stations dédiées sont lancées dans les régions les plus impactées par la sécheresse. Ainsi, des stations ont vu le jour à Laâyoune, Boujdour, Tan-Tan et Akhfenir. D'autres sont en projet comme celles de Dakhla, Safi, Al Hoceima, Agadir ou Casablanca. La dernière est considérée de grande taille, l'une des plus importantes de toute l'Afrique. Elle aura une capacité de production de 300 millions de m3 et alimentera en eau potable la métropole et sa région, soit une population cible de 7,4 millions d'habitants qui passera en 2030 à près de 9 millions. Le principal défi de ces stations de dessalement est de maîtriser les coûts de production. Les stations de dernière génération en projet à Agadir et Casablanca ont opté pour la technique de l'osmose inverse, plus performante, moins budgétivore et énergétivore que celle dite par distillation. La station d'Agadir est spécifique à plus d'un titre. Outre sa dimension, elle est la première en son genre au Maroc, et assure une mutualisation entre production d'eau potable et irrigation. Elle représente aussi le plus important chantier réalisé dans ce domaine grâce au partenariat public-privé. Le projet prévoit également une contribution des agriculteurs à travers des souscriptions en contrepartie d'une eau d'irrigation facturée à un prix très bas d'environ 50% de son coût. Cette station a, elle aussi, opté pour les derniers procédés technologiques, notamment l'osmose inverse, le système d'échangeurs de pression et le raccordement à l'électricité propre afin de réduire les coûts de production. Lancée en juillet 2018, le site devrait être opérationnel dans les semaines à venir. Il a mobilisé une enveloppe budgétaire de 4,41 milliards de DH, ventilée entre 2,35 milliards de DH pour le volet irrigation et 2,06 milliards de DH pour l'eau potable. La station produira dans un premier temps un volume de 275.000 m3/jour, dont 55% pour l'eau potable. La capacité sera portée à terme à 400.000 m3/ jour répartie équitablement entre l'irrigation et les besoins domestiques. Ce projet devrait réduire substantiellement la pression sur les ressources hydriques dans la région du Souss, qui a été contrainte au cours de cet été de rationaliser les approvisionnements en eau à travers des coupures quotidiennes entre 22H et 6h. Dans l'ensemble, le Maroc sera doté de 8 stations de dessalement, qui permettront de produire dans quelques années un milliard de m3 d'eau et limiter le stress hydrique. Il est utile de rappeler que le potentiel des ressources en eau par habitant est passé de 2.500 m3/habitant/an durant les années 60 à 1.000 m3/habitant/an durant les années 90, et à moins de 800 m3 actuellement. En 2030, la dotation en eau ne sera plus que de 500 m3/ habitant/an. Le Royaume est le 23ème pays le plus menacé par les pénuries d'eau, selon le dernier rapport du World Resources Institue (CRI) qui a étudié la situation de 165 pays.
Quid du coût de production ? Le coût de production d'un m3 d'eau dessalée au Maroc s'élève à environ dix dirhams. Il est assez compétitif par rapport aux autres pays. Plusieurs paramètres sont pris en compte, à savoir la qualité de l'eau, la capacité de production de la station et le coût de l'énergie. Plus la capacité de production est élevée, plus le coût est réduit. Le coût énergétique, quant à lui, correspond à 60% du coût de production du m3. Plus le prix d'énergie est bas, plus le prix est réduit.