◆ La CGEM a tenu une séance de travail pour présenter les opportunités d'investissements au Maroc pour les Marocains entrepreneurs du monde. ◆ Seuls 10% des transferts de la diaspora sont destinés à l'investissement.
Par B. Chaou
Depuis le début de cette crise, responsables, professionnels et économistes n'ont cessé de pousser la réflexion sur les moyens pouvant permettre la relance économique du pays. Aujourd'hui, plusieurs pistes sont à l'étude afin de soutenir l'économie nationale et permettre sa reprise. C'est dans ce cadre que la Confédération générale des entreprises du Maroc, à travers sa branche MeM by CGEM, dédiée aux Marocains entrepreneurs et hauts potentiels du monde, a récemment organisé une rencontre sous le thème «Relance économique du Maroc : la mobilisation des compétences, des entrepreneurs et des investisseurs marocains du monde, levier de synergies». Cette séance de travail a été l'occasion de présenter aux MeM les opportunités d'investissement au Maroc, notamment dans le secteur de l'industrie, ainsi que les différents moyens choisis pour stimuler une relance économique effective et durable. L'investissement en industrie et services demeure faible Il a, par ailleurs, été question aussi de revenir sur l'état des lieux des investissements des Marocains résidant à l'étranger. Selon Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, présent à ce meeting, «les transferts des MRE évoluent de manière continue, indépendamment des crises. L'année 2020 a démarré par une baisse des transferts aux environs de -7%, mais très rapidement le trend haussier a repris après le premier semestre, et nous avons fini l'année à plus 5%, soit 7,5 milliards de dollars. Cela reflète la solidité du lien entre le Maroc et les MRE». Malgré cette embellie, quand on met la loupe sur la destination desdits transferts, il s'avère que leur valeur ajoutée sur l'économie nationale demeure faible. «15% des transferts sont destinés à l'épargne, représentant 20% de l'ensemble de dépôts bancaires. Le reste va essentiellement vers la solidarité et le soutien aux familles. Il ne reste que 10% annuellement destinés à l'investissement, dont 70% vont vers l'immobilier», fait savoir le ministre. Et de préciser qu'«il n'y a que 700 millions de dollars qui vont à l'investissement, dont 500 millions en faveur du foncier. Les autres domaines ne bénéficient donc pas assez de ces flux-là». Il semble ainsi, selon ce constat, qu'il est important de promouvoir les transferts de la diaspora marocaine vers de l'investissement productif qui permettrait une reprise économique durable. Le Maroc peut, dans ce cadre, compter sur l'amélioration du climat des affaires et des textes récemment mis en place. D'ailleurs, Benchaâboun n'a pas manqué de souligner que «l'environnement des affaires s'est beaucoup amélioré pour le Maroc, qui gagne dans le classement Doing business 10 places chaque année. Ce n'est pas le fruit du hasard; il y a des textes qui ont été mis en place pour y arriver. J'en cite tout ce qui concerne l'accès au financement, ou encore la sûreté mobilière et la tenue d'un registre électronique de ces sûretés, lequel met le Maroc au diapason de ce qui se fait à l'international, permettant énormément de souplesse sur les garanties qui pourraient être gérées par le système bancaire. Il y a aussi la loi sur le Crowdfunding, qui vient de passer il y a quelques jours, aux côtés de beaucoup d'autres mesures». Il a également rappelé la simplification des procédures administratives avec, entre autres, la loi 55.19. Le Maroc aligné sur les nouveaux défis internationaux Du côté de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie verte et numérique, il a été question de mettre en perspective les acquis dont bénéficie le tissu industriel marocain. Un élément qui jouerait en faveur du renforcement de l'intérêt des investisseurs marocains internationaux. «Le Royaume bénéficie de 56 accords de libreéchange, qui lui donnent des marchés très importants. Notre proximité de l'Europe favorise également notre compétitivité dans plusieurs secteurs industriels, à leur tête l'automobile», rappelle-t-il. Et de souligner que «les seuls pays qui sont plus compétitifs que le Maroc dans la construction automobile sont l'Inde et la Chine. Le challenge que nous nous lançons est de nous mettre au même niveau que l'Inde en termes de compétitivité». Il a également rappelé les engagements pris par le Maroc au sujet de la décarbonisation, qui lui permettent de prendre part aux nouveaux enjeux économiques et renforcer ses différents partenariats, notamment avec son partenaire historique, l'Union européenne. Celui-ci, justement, est en train de mettre en place une taxe carbone sur les produits importés. Pour Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, il devient nécessaire d'améliorer le climat des affaires au Maroc afin de continuer à drainer les investissements des étrangers et des Marocains du monde, qui trouveraient en le Maroc une «bonne terre» d'investissement ou encore une entrée vers le marché africain. «Notre pays doit être en capacité d'attirer les flux d'investissements étrangers pour les installer ici ou leur permettre d'entrer en Afrique. La croissance va sans aucun doute se faire en Afrique, surtout après l'entrée en vigueur des échanges commerciaux sous ZLECAF», a-t-il indiqué. In fine, on peut dire que cette rencontre a été une plateforme pour créer des synergies, échanger les expériences et les idées entre les MeM et les chefs d'entreprise opérant au Maroc dans tous les secteurs. Pour l'ensemble des intervenants, il faut maintenant faire en sorte de capitaliser sur le savoir-faire des MeM et les faire contribuer au développement économique du pays.