q Sur 600.000 tonnes d'olives récoltées, seul un quart est réservé à la conserve. q Le secteur traditionnel prédomine. Représentant 3 % du PIB agricole et une production de 600.000 tonnes d'olives par an, l'oléiculture est une belle opportunité pour en faire un secteur de pointe. C'est l'idée qui ressort du séminaire organisé autour de ce thème par le Crédit Agricole et Economie et Entreprises. Selon Tariq Sijilmassi, président du Directoire du Crédit Agricole, l'objectif du séminaire est d'essayer d'apporter une réponse définitive à cette question de l'oléiculture et non uniquement se contenter de lancer des expériences pilotes. « L'idée est de prendre des résolutions et des décisions concrètes pour ne pas se retrouver 10 ans à répéter la même chose », explique-t-il. « Il est important que l'on prenne conscience qu'on est en train de nourrir des fantasmes et non de faire face à cette problématique de développement d'une oléiculture forte et structurée », poursuit-il. Surtout que le problème du financement n'existe pas, à en croire Tariq Sijilmassi. « Et puis les bons projets seront financés et je dirai qu'au niveau du Crédit Agricole, les projets qui portent le label «huile d'olive » sont favorisés et même recherchés », affirme-t-il. Idem pour le ministère de l'Agriculture pour qui ce secteur est important et prioritaire. La question qu'on peut se poser est : pourquoi cette question d'oléiculture est-elle relancée ? Selon Hassan Benabderrazik, directeur d'Agro Concept, premier bureau d'économie agricole au Maroc, il y a d'abord l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange avec les USA. Cet accord nous a posé la question de la reconversion de notre agriculture. Et l'olive représente une valeur ajoutée à l'export. La deuxième raison qui explique la relance de cette question est qu'il y a du vrai neuf. En 10 ans de recherche et avec un savoir-faire accumulé, les nouvelles technologies posent de manière différente la production de l'olive et de son orientation. Il y a un vrai engouement du marché technique. Le troisième facteur de la pertinence à relancer le débat et de trouver une prise en main réelle de ce secteur est la pluralité des acteurs. Aujourd'hui, le développement de l'oléiculture est dans l'intérêt de plusieurs régions. De plus, on constate qu'il y a maintenant des agriculteurs de deuxième génération et des étrangers qui mènent des projets réussis au Maroc. Alors, la question primordiale à laquelle il faut trouver une réponse est: quel modèle faut-il adopter et comment utiliser les opportunités que représente ce secteur pour dynamiser le marché et créer de la valeur ? Le ministère de l'Agriculture a déjà mené des actions dans la perspective d'augmentation de la surface réservée à l'olivier. Les efforts sont soutenus pour que cette surface cultivée passe de 600.000 à un million d'hectares. Mohamed Berrichi, chef de service de l'Arboriculture fruitière au sein de la Direction de la production végétale du ministère de l'Agriculture, a expliqué que l'action du ministère tend également à l'intensification de la conduite du patrimoine existant ainsi qu'à l'organisation de la profession. Sur les 600.000 tonnes d'olives produites par an, les trois-quarts, soit 450.000 tonnes, sont destinés à la trituration, alors que seules 150.000 tonnes sont destinées à la conserve. La picholine marocaine représente 96% du patrimoine. Au Maroc, 46 unités travaillent dans ce secteur. Il n'empêche que le secteur traditionnel reste prédominant. Les défis à relever, selon Berrichi, sont l'amélioration de la qualité, l'augmentation du niveau de production, la valorisation des potentialités d'extension et la modernisation de l'outil de transformation. L'huile d'olive souffre d'un problème de manque de diversification du produit. Les deux-tiers consommés sont achetés directement chez le producteur. Et en général ce sont de petites unités qui travaillent l'olive. Et le marché est toujours caractérisé par ce manque de curiosité du public lui-même indifférent aux produits un peu plus différenciés et une incapacité des producteurs à réagir à une demande qui n'existe pas. L'huile d'olive proposée est basique, banale et non recherchée. Malheureusement, cette tendance est accentuée par le fait que la commercialisation de l'huile se fait essentiellement en vrac, sachant que l'huile en vrac est interdite à la vente. A la limite, on peut dire qu'on s'en contente. Mais à la longue, le Maroc n'est pas perçu par les grands acheteurs mondiaux comme une origine de qualité. Les huiles marocaines sont utilisées pour le coupage. On n'a pas une origine Maroc qui peut se défendre par elle-même et tant qu'on n'a pas travaillé cette matière ici, on n'a aucune chance que quelqu'un le fasse ailleurs. Actuellement, l'essentiel des huiles est vendu à l'international en grande quantité, ce qui permet de les mélanger et de les revendre sous des labels différents. C'était encore le cas cette année, puisque les Espagnols qui ont connu une baisse de la production de l'olive ont fait appel à l'olive marocaine. Le Maroc devra probablement suivre le modèle italien, quoiqu'en Italie, c'est l'exigence du marché intérieur qui a provoqué une recherche et une diversification qui ont abouti à la production d'huiles d'un certain niveau de qualité reconnues à travers le monde. Maintenant, les Italiens, qui sont devenus les premiers vendeurs mondiaux d'huile d'olive, sont de petits producteurs. Ils arrivent à constituer de bons mélanges avec des huiles marocaines, tunisiennes et turques qui permettent de retrouver le goût auquel le consommateur s'est habitué.