C'est ce jeudi 24 octobre que Jean-François Copé, président de l'UMP, entame sa visite de deux jours au Maroc, dans le cadre d'une tournée qui le conduit à Casablanca et vendredi à Rabat. Une visite de travail pour rencontrer les Français du Maroc, marquée par un meeting, jeudi, à Casablanca. Outre l'échéancier politique français, il mettra en exergue l'exemplarité des relations franco-marocaines. Finances News Hebdo s'est entretenu en exclusivité avec lui. Finances News Hebdo : Jean-François Copé, vous êtes président de l'UMP et député maire de Meaux (en Seine et Marne) ; comment percevez-vous l'évolution de votre parti dans le contexte actuel ? Jean-François Copé : Moi, je préfère regarder la réalité telle qu'elle est : l'UMP est aujourd'hui la 1ère force militante de ce pays. Depuis un an, nous gagnons presque toutes les élections partielles. Et lorsque le Conseil constitutionnel a décidé d'invalider les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, j'ai lancé une grande souscription nationale à laquelle les Français ont répondu massivement. Nous avons réalisé la plus importante collecte jamais atteinte par un parti politique dans l'histoire de la Vème République. Il y a donc beaucoup de motifs d'espoir pour les prochaines élections municipales à condition d'être unis et de nous concentrer sur ce qui exaspère les Français : l'explosion des impôts, de l'insécurité, du chômage et du communautarisme. F. N. H. : La défaite cuisante de la gauche à Brignoles a permis à l'UMP de se repositionner et en même temps de tempérer la dérive extrême droitière d'un électorat désemparé. Quelles leçons en retenir pour les municipales ? J. F. C. : L'élection de Brignoles trahit avant tout l'effondrement de la gauche qui a été éliminée dès le 1er tour dans un canton qu'elle avait détenu de 1998 à 2011. Cela s'ajoute à des défaites de la gauche, à toutes les élections partielles, législatives ou cantonales, qui ont eu lieu depuis 18 mois... Il ne faut pas non plus sur-interpréter le score du FN qui détenait déjà ce canton et qui a donc conservé ses positions. Cette élection montre surtout l'exaspération des Français par rapport au pouvoir en place. Et je veux leur dire qu'ils ne doivent pas se tromper : en 2012, certains d'entre eux ont voté FN parce qu'ils voulaient donner un coup de pied dans la fourmilière et ils ont eu Hollande, dont le mandat va d'échec en échec. S'ils votent encore pour le FN, ils auront des Hollande dans toutes les communes de France. Est-ce vraiment ce qu'ils veulent ? A tous ceux qui semblent hypnotisés par le FN, je dis que seuls les candidats de l'UMP peuvent améliorer la vie des Français dans les communes, avec des politiques concrètes de baisse d'impôts locaux, de sécurité avec polices municipales et caméras, avec l'accueil de nouvelles entreprises. A tous ceux qui veulent en finir avec la gauche et renouer avec l'espérance, je dis votez dès le premier tour pour le candidat de l'UMP ! F. N. H. : Vous êtes un familier et fidèle du Maroc, au point que vous séjournez souvent à Agadir, entre autres. Confirmez-vous cette information de rapprochement avec le PAM ? J. F. C. : L'UMP entretient des relations d'amitié avec un certain nombre de partis politiques marocains au nom de valeurs partagées et aussi parce que les relations de partis à partis, si elles n'ont pas vocation à se substituer à la relation bilatérale d'Etat à Etat, contribuent à dynamiser et diversifier les échanges entre nos deux pays. Je reçois souvent à Paris des personnalités politiques marocaines et c'est à mon tour de faire le déplacement. Pour répondre précisément à votre question, oui l'UMP a des liens avec le PAM, mais aussi avec le RNI et l'Istiqlal. F. N. H. : Quelle est votre opinion sur les réformes entreprises au Maroc, politiques, économiques, sociales et comment percevez-vous sa place dans la région ? J. F. C. : Le Maroc constitue un modèle car les évolutions politiques, économiques et sociales sont à la fois profondes et maîtrisées. Dans sa grande sagesse, et avec une clairvoyance admirable, sa Majesté le Roi a pris lui-même les initiatives permettant de satisfaire les souhaits du peuple marocain. Chacun est admiratif de la stabilité politique qui règne au Maroc et de l'esprit de tolérance dont chacun se félicite. Cela confère au Maroc une voix forte et reconnue sur la scène internationale. F. N. H. : La France, premier partenaire économique et financier du Maroc, est aussi son avocat au sein de l'Union européenne. Comment vous voyez le processus de mise en œuvre du Statut Avancé et la comparaison avec la candidature de la Turquie ? J. F. C. : Le Maroc a obtenu le «Statut Avancé» en octobre 2008 sous la présidence française de l'UE. L'obtention de ce statut, ardemment soutenu par la France, vise à renforcer le partenariat entre l'UE et le Maroc et précise de nouvelles ambitions : un approfondissement des relations politiques, une intégration au marché intérieur par un rapprochement réglementaire, une coopération sectorielle et une dimension humaine. Plus récemment, le Maroc et l'Union européenne ont lancé des négociations pour un Accord de libre-échange complet et approfondi. Le Maroc, dont les liens avec l'Union européenne sont solides et anciens, est le premier pays du Sud de la Méditerranée à s'engager dans de telles négociations. Au-delà de l'importance de nos échanges, le lancement de ces négociations s'inscrit dans une relation de grande confiance. Et la France se doit d'être à la pointe de ces questions et d'entraîner l'UE derrière elle.... F. N. H. : Si vous étiez élu président de la République française, comment comptez-vous renforcer le partenariat avec le Maroc ? J. F. C. : Il n'est pas nécessaire de se placer dans un tel cas de figure pour souhaiter que ce partenariat d'excellence s'intensifie encore. Je crois qu'il faut améliorer les échanges informels, notamment au niveau de ce que l'on appelle «la société civile». La communauté française au Maroc est l'une des plus importantes au monde : 45.269 personnes et plus de 40.000 Français y résident une partie de l'année. Tout cela doit rapprocher les esprits et les cœurs, les binationaux ont un rôle particulier à jouer... F. N. H. : Quelles sont les réponses de la nouvelle UMP, prise en charge par vous, face à la problématique de l'immigration dont le drame de l'île de Lampedusa illustre la complexité ? J. F. C. : Je ne crois pas au slogan d'«immigration zéro». Je plaide pour une immigration choisie. Je crois que la France ne doit pas dissuader les jeunes étudiants talentueux, surtout lorsqu'ils ont été formés dans des établissements primaires et secondaires français au Maroc, de poursuivre leurs parcours universitaires en France. La délivrance de visas doit être facilitée pour ceux qui sont les acteurs quotidiens du partenariat franco-marocain (hommes d'affaires, universitaires, chercheurs, élus, journalistes, etc.). En revanche, je le dis très clairement, la France n'a plus les moyens d'absorber une immigration à caractère social. Son système social trop attractif peut inciter certains à tenter de traverser la Méditerranée, pour de mauvaises raisons. L'intégration n'est pas possible dans ce contexte. Au-delà des drames horribles que nous avons récemment connus à Lampedusa, il faut être conscients que, pour celui qui entre illégalement, l'issue ne peut être que malheureuse et se traduire par une reconduite à la frontière. L'immigration illégale constitue un frein à l'intégration et un malheur personnel pour celui qui se laisse abuser par des filières souvent mafieuses.