Pour accompagner les entreprises qui oeuvrent dans le domaine des énergies renouvelables, la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc a récemment lancé le «Club EnR Maroc». Les incitations fiscales et le renforcement du cadre réglementaire sont nécessaires à l'essor de l'efficacité énergétique au Maroc. Omar Benaïcha, Président de la Commission Appui aux Entreprises à la CFCIM, met l'accent sur les potentialités du secteur des énergies renouvelables au Maroc. Finances News Hebdo : Quel est l'objectif derrière la création du club EnR ? Omar Benaïcha : C'est un club qui rassemble les entreprises qui s'intéressent au secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. L'objectif, comme pour tout organe associatif, c'est de mettre en réseau les différents acteurs du secteur dans une optique d'échange et de partage. Nous envisageons également l'organisation de conférences auxquelles nous invitons des acteurs institutionnels, ainsi que des entreprises qui interviennent dans ce secteur, afin de mettre la lumière sur l'évolution du cadre réglementaire, les freins au développement du secteur et bien d'autres sujets. Donc, la finalité est d'informer, diffuser, vulgariser et promouvoir les énergies renouvelables. F. N. H. : Les évolutions du prix de l'énergie alourdissent les factures énergétiques des entreprises, d'où la nécessité de mettre en place une politique d'efficacité énergétique. Quels sont les principaux obstacles à l'adoption de cette politique ? O. B : C'est un nouveau concept qui nécessite beaucoup de travail et d'effort en matière de simplification des concepts et en matière de promotion afin de convaincre les décideurs. Avec notre culture et l'approche que nous avons de la gestion d'entreprise, il est difficile de demander à un chef d'entreprise de faire un audit énergétique de son bâtiment et d'investir pour pouvoir avoir un retour sur investissement au bout de 3 ans, sachant qu'il a d'autres priorités, surtout en ce moment de crise. Donc, avec des problèmes de trésorerie, l'efficacité énergétique n'est pas une priorité. Ceci dit, comme tout sujet nouveau, il y a toujours des pionniers qui se lancent et petit à petit la mayonnaise commence à prendre. Mis à part les obstacles, il faut insister sur les moyens d'incitation. Primo, il faut que le cadre réglementaire soit finalisé, puisqu'il n'y a pas tous les textes d'application des lois qui ont été adoptées. Secundo, les incitations fiscales, prévues dans le cadre de la loi-cadre qui a été adoptée portant la Charte nationale de l'environnement et du développement durable, notamment pour les bons élèves qui réalisent des économies, n'ont toujours pas été mises en oeuvre. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en Europe, le renforcement du cadre réglementaire et l'application d'incitations fiscales, notamment les crédits d'impôt pour les entreprises qui polluent moins. Donc, au Maroc, il faut mettre en place tous ces leviers afin d'encourager les chefs d'entreprises qui sont aujourd'hui sensibilisés, mais attendent les mesures incitatives. F. N. H. : Le secteur des énergies renouvelables a connu une croissance exponentielle, notamment avec le lancement du Plan national des énergies renouvelables. La formation est-t-elle aujourd'hui adaptée aux besoins du secteur? O. B : En ce qui concerne la partie commune à la construction d'un projet, à savoir le génie civil, la partie mécanique,..., je dirai oui, nous avons les compétences nécessaires. En revanche, en ce qui concerne la partie propre aux énergies solaires, non. Aujourd'hui, nous importons la technologie et nous l'installons. Là où nous aurons besoin de la compétence, c'est lorsque les projets vont démarrer. Nous aurons besoin des techniciens de la maintenance, du réglage... Actuellement, et pour préparer une main d'œuvre qualifiée dans ce domaine, l'IRESEN (L'Institut de recherche en énergie solaire et en énergies nouvelles) est en phase de monter un institut à Oujda. Il y a également des initiatives privées pour construire des écoles spécialisées dans les énergies renouvelables. F. N. H. : Ne pensez-vous pas que l'offre et la demande seront en décalage, sachant que d'ici l'achèvement des projets, les premières promotions ne seront toujours pas prêtes ? O. B : Nous sommes en phase de créer la demande qui elle-même va pousser à une émergence d'une offre de formation. Je pense que dans ce domaine, il y a une réelle volonté étatique de profiter des projets lancés pour construire de la compétitivité. Il n'y a qu'à voir les parcs éoliens d'Essaouira et de Tanger. Ce sont les techniciens marocains qui ont été formés sur ces projets et qui les entretiennent. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est encourager l'émergence de plus de compétences pour pouvoir couvrir le besoin aussi bien des techniciens spécialisés que de la matière grise, pour faire de la recherche et développement afin de créer notre propre technologie. Donc, pour ne pas être en décalage, il faut être vigilant pour ne pas être en pénurie de compétences.