L'ADEREE prend part à la première édition du Green Economy Forum, un événement orienté économie verte dans sa globalité. Le point avec Said Mouline, Directeur général de l'Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) et président de la Commission économie verte à la CGEM sur l'implication des PME et TPE dans l'environnement. Finances News Hebdo : En tant qu'autorité publique, qu'est ce qui vous a motivé à adhérer à cette 1ère édition du Green Economy Forum ? Said Mouline : Ce forum est vraiment orienté économie verte, contrairement à d'autres événements qui sont plus dédiés à des secteurs pointus, notamment l'énergie. Ce forum est beaucoup plus global et il touche l'économie verte de tous les secteurs. Idem, la charte nationale de l'environnement et du développement durable englobe l'ensemble des secteurs. C'est ce qui explique notre adhésion à ce forum durable où le ministère de tutelle est présent. Aujourd'hui, tous les projets et surtout ceux de l'économie verte sont souvent des partenariats public-privé, à savoir le projet solaire, le projet éolien, le projet de la gestion des déchets... Il est donc nécessaire de voir ce projet comme étant un projet public-privé puisque tout le monde est concerné. L'autre volet important, c'est l'aspect réglementaire qui doit suivre des projets très importants pour le développement de notre pays. F. N. H. : Après un retard de 2 ans, la Charte nationale de l'environnement est aujourd'hui dans un stade embryonnaire. Quelles sont les étapes suivantes pour sa mise en application sur le terrain ? S. M. : Il n'est pas évident, pour un pays du sud d'adopter un projet de cette ampleur sans faire adhérer toutes les parties prenantes, à savoir les pouvoirs publics, le secteur privé, les ONG... La Charte a été élaborée selon une approche démocratique, où tout le monde devait se sentir concerné, pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés. Le retard est donc justifié puisqu'il était nécessaire d'avoir ce débat pour rassembler tous les points de vue. Ces débats nous ont permis également d'avoir plus de visibilité quant à la vitesse de développement, ainsi qu'aux actions à mener à court, moyen et long terme. Pour la mise en œuvre de la Charte, il faut savoir qu'il y a des secteurs qui ont déjà démarré, en l'occurrence dans le secteur de l'énergie avec le lancement des grands chantiers de l'éolien et du solaire. Il y a également environ 70 PME qui opèrent dans ce secteur de l'énergie. Actuellement, nous avons plusieurs volets qui sont concernés dont celui industriel, de développement, d'installation ainsi que d'ingénierie. La mise en place d'une réglementation permet aux investisseurs d'avoir plus de visibilité. L'histoire de la bourse des déchets, qu'on a mise en place vise à faire le lien entre ceux qui veulent valoriser les déchets et ceux qui produisent de la matière première ou des déchets. F. N. H. : Le tissu économique marocain est à 90% constitué de PME. Mises à part la sensibilisation et la promulgation des lois, quelles sont les mesures que l'Etat doit mettre en place, principalement sur le plan financier et fiscal, pour inciter les PME et les TPE à adhérer à l'économie verte ? S. M. : L'Etat a un rôle réglementaire. La mise en place d'un cadre juridique signifie impérativement le respect et l'application des lois. Les entreprises doivent se mettre à niveau, respecter et appliquer la réglementation en vigueur. L'instauration d'une réglementation de l'économie verte va pousser ces entreprises à se développer d'elles-mêmes. Et dès que le marché est là, l'Etat, bien entendu, met en place des mesures incitatives, notamment pour les entreprises innovatrices. C'est le cas, par exemple, de la mesure adoptée dans le cadre de la Loi de Finances 2012 relative à l'exonération des droits de douanes des motos électriques importées et qui sont utilisées par des sociétés de livraison. Cette mesure a permis d'encourager l'utilisation de ces motos qui consomment et polluent beaucoup moins ainsi que la création de nouveaux métiers. C'est cela le vrai rôle de l'Etat. Pour le financement, il existe aujourd'hui des financements en vert notamment pour les grands projets. La mise en place par l'Etat d'une réglementation permet de développer le marché, donc l'investissement par le secteur privé. F. N. H. : L'application de la réglementation en absence d'un accompagnement financier peut-elle nuire à certaines PME et TPE qui ne sont pas solides? S. M. : C'est pour cette raison que l'Etat a mis en place des outils d'accompagnements, notamment à travers des fonds de soutien. A titre d'exemple, le Fonds de dépollution (FODEP) qui accompagne les entreprises dans l'investissement dans l'installation de filtration de l'eau. De même pour le secteur de l'énergie, l'Etat accompagne les entreprises dans la réalisation de l'audit énergétique. L'aide financière ne peut être octroyée à tous les secteurs. L'Etat ne peut intervenir que lorsque le temps de retour sur investissement est long.