Les PME sont plus que jamais appelées à investir le secteur de l'économie verte. Si jusque-là cette catégorie d'entreprises a souvent été exclue des différents projets, ces derniers étant majoritairement dominés par les grands groupes, aujourd'hui les prémices de mécanismes de soutien aux PME apparaissent petit à petit et visent à les convaincre de s'orienter vers les secteurs green. Le dernier en date est ce fonds euro-méditaranéen destiné à soutenir les investissements des PME dans les secteurs verts. L'idée a en effet été retenue par le groupe de travail chargé de la préparation des recommandations pour verdir l'économie méditerranéenne, présentées à l'issue du forum «Vers une économie verte en région méditerranéenne» qui s'est récemment tenu à Marseille. Concrètement, l'idée est de lancer un projet de création d'un fonds méditerranéen pour financer une famille de fonds de capitaux investissant dans les PME et les initiatives entrepreneuriales vertes, avec pour condition de mobiliser des financements associés et de montants similaires. Le Maroc participe d'ores et déjà à ce projet avec notamment la présence de plusieurs représentants en tant que membres du groupe de travail derrière l'initiative. Pour l'heure, on ignore encore ce que seront les modalités de fonctionnement de ce fonds, ni d'ailleurs les montants devant y être injectés. Néanmoins, une chose est sûre, c'est qu'il était temps qu'un tel mécanisme voit le jour, particulièrement pour les PME marocaines. Nul n'ignore en effet l'intérêt donné par le Maroc au développement d'une économie verte, avec des plans éoliens, solaires... qui attirent les plus grands bailleurs de fonds internationaux. Cependant, là où le bât blesse, c'est que jamais jusque-là la PME n'avait été placée au cœur de la stratégie green du Maroc. Au point où le Conseil économique et social n'a pas manqué de relever ce dysfonctionnement sur son rapport relatif aux opportunités offertes par l'économie verte. Selon lui, «du fait de la nature et de la taille des programmes en énergie renouvelable engagés, les investissements favorisent les grandes puissances au détriment des petites puissances et par conséquent au détriment des PME-PMI et des très petites entreprises (TPE) nationales. Il s'agit là d'une difficulté à surmonter pour les industriels marocains du secteur qui cherchent à se positionner sur ce marché». Le Conseil présidé par Chakib Benmoussa est même allé au-delà en recommandant justement l'encouragement de la création de fonds d'investissement dédiés aux métiers d'efficacité énergétique et aux différentes catégories et tailles d'activités, que ce soit pour les auto-entrepreneurs ou les TPE et PME. Ceci en plus de tirer profit des Mécanismes de développement propre (MDP) comme moyen de financement des projets d'efficacité énergétique. Le Conseil a également émis la recommandation d'asseoir le rôle de la société d'investissement énergétique de manière à ce qu'elle soit un acteur clé dans le financement des initiatives énergétiques nationales. La spécialisation, une condition clé En d'autres termes, il faudrait désormais compter avec les PME dans le développement de l'économie verte au Maroc. Il reste juste à convaincre celle-ci de se spécialiser davantage dans ce secteur. On déplore en effet aujourd'hui que «la structure actuelle du tissu industriel national se caractérise par une absence quasi-totale de PME spécialisées, ou du moins qualifiées, dans les filières des énergies renouvelables», affirment les équipes du Conseil économique et social. Cette situation est cependant appelée à se résoudre dès que les mécanismes de soutien à l'investissement des PME dans le segment green apparaîtront. Des mesures de développement, avec la contribution des organisations professionnelles, d'un programme d'actions et de mise à niveau par la formation et la qualification des PME et TPE nationales appartenant aux filières industrielles stratégiques identifiées seraient également préconisées. Il en va en effet de la concrétisation même de la volonté du Maroc de développer les filières industrielles vertes nationales. Il y a également lieu de souligner que les experts considèrent aujourd'hui que des mesures systématiques et obligatoires d'intégration des PME nationales dans les grands projets nationaux d'énergie renouvelable devraient être mises en œuvre, tout en les accompagnant d'incitations à investir dans les différentes activités de la filière des énergies renouvelables. Ce sera là l'un des axes sur lequel devra s'atteler le Maroc dans le cadre de sa stratégie énergétique. Par ailleurs, la mise en place de l'ensemble de ces mesures devrait inéluctablement renforcer le nombre de PME opérant dans le secteur, ce qui aura pour effet de renforcer l'intégration des opérateurs nationaux dans le secteur national des énergies propres. En attendant, ce dernier compte aujourd'hui «moins de quatre-vingts sociétés, de tailles modestes, pour la plupart, et principalement axées sur la commercialisation de chauffe-eaux solaires et, dans une moindre mesure, de modules photovoltaïques», relève-t-on auprès de l'Observatoire de l'entreprise. Certaines parmi elles, telles que «Pôle éolien Lorrain» et «La Compagnie du Vent», sont plutôt des bureaux de représentation de firmes étrangères intéressées par le marché national. La vocation première de ce tissu d'intervenants reste donc l'importation et l'installation d'équipements autonomes, destinés aux particuliers et aux entreprises pour leur propre alimentation. Se regrouper pour mieux se faire entendre Sur un autre registre, il faut dire que l'expérience aura démontré qu'une organisation des PME nationales et leur regroupement en une entité de représentation auront eu le mérite de faire entendre leurs voix auprès des officiels et de pouvoir ainsi bénéficier de mesures spécifiques. C'est l'un des atouts clés dont disposent les PME marocaines pour pouvoir tirer profit de la dynamique que connaît le secteur des énergies renouvelables. En effet, si la question de la marge de manœuvre du tissu d'acteurs locaux, essentiellement composé de PME-PMI en mal de formation et de recherche, prend une acuité particulière, il faut dire que le regroupement de celles-ci en associations pourrait leur permettre de faire entendre leurs voix auprès des officiels marocains afin d'accélérer la mise en oeuvre des mesures de soutien préconisées. À ce titre, il y a lieu de souligner le rôle que joue l'Association marocaine de l'industrie solaire et éolienne (Amisole) – pour défendre au mieux leurs revendications et espérer se frayer un chemin dans les Plans solaire et éolien nationaux. «Les résultats, certes modestes et jugés insuffisants, ne se sont pourtant pas faits attendre. Ainsi, la loi de finances 2011 a institué une réduction du droit d'importation pour les équipements et les matériaux utilisés dans les énergies renouvelables à 2,5%», souligne-t-on auprès de l‘observatoire de l'entreprise. L'affiliation des PME opérant dans le secteur à une association a donc eu pour mérite de leur permettre de mieux négocier des incitations fiscales avec l'Etat. Une démarche pareille pourrait aujourd'hui permettre une accélération de la mise en place des recommandations formulées par des entités telle que le Conseil économique et social en faveur de l'intégration des PME dans les ambitions susmentionnées. Pour une meilleure implication des banques À l'instar des autres secteurs économiques, le rôle des banques pour soutenir les PME dans les secteurs de l'économie verte est essentiel. C'est d'ailleurs dans ce sens que le CES appelle à l'association des entrepreneurs et notamment les PME-PMI et TPE nationales et les banques privées dans le financement des projets d'énergies renouvelables pour soutenir la dynamique lancée par l'Etat. Parallèlement, il est également question pour les banques de développer des produits financiers dédiés aux projets d'énergies renouvelables pour soutenir cette dynamique, avec notamment l'intégration de l'évaluation des risques environnementaux et sociaux dans les procédures d'octroi des crédits.