Sous nos cieux, il y a une tendance intrigante et néanmoins récurrente à surmédiatiser certains événements et initiatives pendant une durée déterminée, créant un effet d'annonce qui capte dans un premier temps l'attention du public, avant de sombrer rapidement dans l'oubli. Qu'il s'agisse de projets de développement ambitieux, de réformes promises ou de sujets de société épineux, ils démarrent souvent en fanfare, couronnés d'une communication intense qui enflamme les médias et les réseaux sociaux. Une fois l'élan initial dissipé, ces éléments d'actualité retombent dans le silence comme s'ils n'avaient jamais existé. C'est le cas des célèbres programmes d'incubation, tant convoités par des dizaines de milliers de Marocains, mais dont les mécanismes ne correspondent plus à la fluidité promise par l'Etat lors de leur lancement. Or, c'est en ces temps économiquement incertains, aggravés par une sécheresse structurelle qui bouleverse nos esprits anthropologiquement agraires, qu'il devient crucial d'élaborer, de réinventer et de promouvoir des modèles d'auto-emploi adaptés au tissu social marocain, à même de le protéger des mutations conjoncturelles ravageuses. Et si les initiatives phares du Royaume, telles qu'Intelaka ou Forsa, s'inscrivaient dans une logique généraliste et concernaient presque toutes les franges de la société, aujourd'hui, le besoin se situe dans les zones rurales, où les emplois dégringolent par dizaines de milliers. Car, après sept ans de sécheresse, le risque d'un exode massif des populations rurales devient une réalité plausible, alors que nos grandes villes peinent déjà à générer suffisamment d'opportunités pour leurs populations. Dans ce contexte, et à l'instar du CESE, de la CSMD et d'autres groupes de réflexion, l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI), force de proposition du Parti de la Balance, recommandait en juillet dernier la création de Fonds d'investissement régionaux, qui offriraient des services d'incubation aux jeunes entrepreneurs, tout en leur garantissant un mentorat pour transformer leurs idées en projets concrets. Une recommandation qui relève de l'évidence, mais qui, pourtant, ne trouve pas d'écho favorable, sur fond d'une trésorerie étatique sous pression. Mais rappelons-nous que pendant le pic de la crise Covid-19, alors que l'incertitude régnait, le Royaume, dans une initiative sans précédent, a mis en place un Fonds spécial et une série de contrats-programmes visant à booster l'immunité du tissu économique de sorte à préserver les emplois et éviter l'anarchie sociale. Ces mesures ont non seulement permis au Maroc de se positionner en référence mondiale, mais ont aussi tissé un lien de confiance entre l'Etat et les marocains. C'est ce lien qu'il convient aujourd'hui de consolider par un nouveau programme d'auto-emploi, même au prix d'un effort financier supplémentaire de l'Etat. Car, après tout, la confiance d'un peuple n'a pas de prix.