Malgré des perspectives de croissance intéressantes à moyen et long termes, certains obstacles pourraient freiner le développement du secteur de la distribution informatique en 2013. Le secteur séduit les investisseurs et les analystes sont assez optimistes quant à l'évolution, surtout en volume, des réalisations des sociétés présentes sur le marché marocain. Toutefois, quelques agitations pourraient peser sur le secteur, à moyen et court termes. En premier lieu, le manque de liquidités persistant sur le marché financier national, couplé au ralentissement attendu du PIB secondaire en 2013, devrait réduire la capacité d'investissement des sociétés et, plus particulièrement, en termes de technologies de l'information. Cette tendance a déjà été constatée ces dernières années, puisque la part des investissements consacrés par les entreprises aux TI est passée de 9% en 2008, à seulement 4% en 2011. Les coupes budgétaires de 15 Mds de DH, annoncées par le gouvernement, devraient également se répercuter négativement sur le secteur, les appels d'offres des donneurs d'ordre publics étant une source importante de revenus pour les distributeurs. Enfin, l'attisement des conditions concurrentielles est de nature à réduire les marges, notamment en période de morosité économique. En effet, en raison des opportunités de croissance du secteur, de nouveaux opérateurs ont investi le marché marocain, notamment le distributeur britannique Specialist Distribution Group (SDG) présent au Maroc à travers ses filiales B'ware Maroc et SDG Maroc, positionnées sur la grossisterie informatique et le Cloud Computing et Disty Technologie, entreprise locale dont le lancement a eu lieu début 2013. Les fonds d'investissements étrangers spécialisés ont également perçu le potentiel du secteur. Le fonds espagnol Mediterrania SCR a ainsi fait son entrée dans le tour de table de la société Diffazur en 2012 en acquérant près de 34% du capital. Dans ces conditions, et dans un contexte de libéralisation du marché, comme en atteste la disparition progressive de l'exclusivité de distribution, les analystes de BMCE Capital mettent en exergue la nécessité de faire des efforts au niveau des marges : «les opérateurs IT devraient se voir contraints de réduire davantage leurs marges afin de sécuriser leur chiffre d'affaires». Autre bémol, l'existence d'un marché de l'informel important au Maroc ne devrait pas améliorer la situation, en particulier sur le segment B to C. Sociétés cotées : L'optimisme est de mise Disway projette de poursuivre sa stratégie de diversification et de veille concurrentielle et compte miser sur le segment des tablettes et des smartphones pour poursuivre son développement. Dans cette optique, la société a obtenu en 2012 le statut de distributeur autorisé de la marque Apple (hors iPhone) et offrait déjà à ses clients la gamme de produits Samsung. Les analystes de BKB tablent sur «la réalisation d'un chiffre d'affaires consolidé de 1.335,7 MDH en 2013 (+2%) et de 1.415,8 MDH en 2014 (+6% profitant de la hausse escomptée des revenus des filiales et de l'augmentation de son activité à l'export)». De son côté, Microdata envisage également de développer des métiers connexes à son «Core Business» afin d'élargir ses parts de marché et de diversifier ses sources de revenus. Elle prévoit, à cet effet, d'intensifier ses actions commerciales sur l'activité «solutions», davantage génératrice de valeur, comme en atteste le déploiement d'une cellule commerciale dédiée. De même, le «corporate reseller» compte miser sur le cloud computing comme potentiel relais de croissance et capitaliser sur son partenariat avec le spécialiste américain de la virtualisation, VMware, afin de renforcer sa présence sur ce segment. Partant de ces données, les prévisions des analystes pour Microdata font ressortir «un CA de 314,7 MDH (+5%) en 2013 et 336,8 MDH (+7%) en 2014 pour un résultat net de 19,7 et de 21,7 respectivement». Enfin, pour la troisième société cotée du secteur, IB Maroc serait en cours concrétisation de sa stratégie de croissance en Afrique malgré les difficultés déjà rencontrées en Lybye et en Côte d'Ivoire l'année dernière. La société compte ainsi capitaliser sur son expérience et profiter des opportunités en Afrique à travers sa filiale Disafrica en se positionnant dans le segment de la grossisterie informatique. En vue de cela, «IB Maroc devrait réaliser un CA de 213 MDH en 2013 (+2%) et 224,5 MDH en 2014 (+5) pour des capacités bénéficiaires respectives de 6,5 MDH et 9,4 MDH», toujours selon BKB. Changement des habitudes de consommation Hormis le contexte économique peu favorable à la consommation, notre pays assiste à son tour à un changement de comportement dans le mode de vie et s'implique davantage dans la «numérisation» de la consommation et des pratiques. Plus de 39% des foyers sont connectés à Internet, les achats en ligne connaissent une croissance exponentielle avec 1,25 million de transactions en 2012. Soutenu par le lancement de plusieurs programmes gouvernementaux visant à équiper les écoles et les étudiants en ordinateurs, l'usage des TI ne cesse de séduire toutes les générations. La poursuite de cette tendance facilite la projection dans le futur pour les opérateurs du secteur. Mis à part l'impact de ce changement sur les ventes du matériel informatique, l'instauration d'une confiance numérique à travers la sécurisation des systèmes d'informations et des échanges électroniques, la protection de la vie privée et des données, favorisent l'émergence de nouveaux services connexes. D'ailleurs, les sociétés présentes sur le marché ont compris l'intérêt d'un repositionnement qui leur permettrait de profiter pleinement du potentiel à travers la création, soit d'équipes dédiées aux solutions de sécurité, soit via la création d'entités spécialisées dans ce genre de services. Toutefois, pour le segment matériel, l'orientation du marché au T1 2013 semble indiquer un renversement de tendance dans un contexte de ralentissement économique. Les premières estimations laissent apparaître une baisse de 30% en volume des ventes d'ordinateurs au premier semestre 2013, tandis que les écoulements d'imprimantes se seraient contractés de 40,4% à 33.808 unités sur la même période. Cette évolution s'inscrit dans le même cadre d'un repli de 7,1% des écoulements de PC au 2ème semestre 2012. Mais, selon les analystes, «cette baisse ne devrait être que conjoncturelle et ne s'inscrirait pas dans une réelle tendance de fond». En effet, les projections d'Euromonitor anticipent un taux de croissance moyen des écoulements d'ordinateurs de 7%, pour atteindre 2 millions d'unités vendues en 2016. A cet effet, les TI sont un secteur en perpétuelle mutation, tant en termes de produits et de marchés que de métiers et de commercialisation. Dans ce domaine d'activité, les sociétés pérennes sont celles qui réussissent à se doter de suffisamment de flexibilité et de réactivité pour percevoir les changements d'orientation du marché et en faire un point fort de leurs stratégies.