Les études de faisabilité ont montré les insuffisances de locatif. Le point avec Driss Effina, expert en immobilier. Finances News Hebdo : Comment jugez-vous l'offre dédiée au logement social locatif ? Driss Effina : Cette offre n'est pas attractive. Elle doit être amendée. La preuve en est que nous n'avons pas constaté de conventions dans ce cadre depuis son lancement. Il faut noter que l'offre dédiée au logement locatif social a été dictée suite au ralentissement que connaît ce segment. F. N. H. : Ce produit peut-il éventuellement intéresser les institutionnels ? D. E. : Les investisseurs ont fait des études de faisabilité et les conclusions montrent que ce produit n'est pas intéressant. Il y a des risques énormes dans le social. La loi n'a pas bien été étudiée avant qu'elle ne soit appliquée. F. N. H. : Peut-on alors lancer la LOA qui a fait ses preuves dans certains pays ? D. E. : Effectivement, la LOA existe dans d'autres contrées et c'est une option pour l'accès à la propriété. Mais il ne faut pas calquer totalement ce qui existe à l'étranger. Il faut toujours prendre en considération les spécificités locales. F. N. H. : La dernière réforme de la loi sur le locatif, pour améliorer les relations de confiance entre le locataire et le propriétaire, peut-elle donner un coup de pouce à ce segment ? D. E. : La loi est une chose, son application en est une autre. Quand on parle des risques implicites, cela veut dire qu'il n'y a pas de cadre adéquat pour protéger les investisseurs dans le locatif. Il faut instaurer un produit d'assurance permettant de couvrir l'investisseur au cas d'impayés ou d'insolvabilité du locataire. Cette formule n'existe pas au Maroc. Nous avons l'habitude de copier une loi, alors que nous oublions qu'il y a d'autres mesures qui l'accompagnent. Il faut préciser que le logement social, contrairement aux autres types de logement se dégrade rapidement : si on ajoute les frais d'entretien aux frais d'impayés, on se rend compte qu'il n'y a pas de rentabilité dans ce type de logement. F. N. H. : Donc, le locatif social pourrait être investi par les coopératives ou un organe de l'Etat dédié ? D. E. : La CDG a fait par le passé de grandes études qui n'ont pas été rendues publiques. L'institution a fait appel à un cabinet international pour voir la pertinence de l'investissement dans le locatif. La CDG a une expérience, dans le produit HLM. Elle dispose déjà de 35.000 logements en locatif. Mais leur rendement est faible et les bâtiments sont très dégradés, leur entretien est onéreux. Donc, la CDG a estimé que le logement locatif social n'est pas rentable. Pour le rentabiliser, il faut tout un arsenal autour. Eventuellement, les collectivités locales peuvent bénéficier de l'aide de l'Etat pour lancer un locatif local. Cela existe partout dans le monde, comme en France. Ces entités peuvent bénéficier du foncier de l'Etat pour lancer des logements à une population ciblée. Cette option permet de lutter contre les risques d'habitat insalubre.