Un bilan globalement positif pour Maroc Numéric malgré quelques programmes inachevés. Le ministère de tutelle va mandater un cabinet spécialisé pour faire le bilan de la stratégie, et plus particulièrement l'axe e-gov. La Chambre de commerce Britannique (CCB) au Maroc a organisé une table-ronde sur la stratégie Maroc Numeric 2013. A cette occasion, plusieurs thèmes portant sur l'économie numérique ont été traités par les différents intervenants. Comme l'a souligné Mohammed Raihani, président de la CCB, dans son mot lu par le modérateur de la table-ronde, «la technologie de l'information touche tous les domaines et tous les secteurs d'activité. Le Maroc affiche une volonté politique confirmée pour relever les défis dans un contexte international de crise ou toute initiative économique est la bienvenue». Dans ce cadre, Boubker Badr, Directeur de l'économie numérique au ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, a présenté le bilan de la stratégie Maroc Numeric à quelques mois de la fin de ce programme ambitieux. Lancé en octobre 2009, celui-ci a été bâti sur quatre priorités stratégiques. En effet, l'Internet haut débit est aujourd'hui accessible à la majorité des citoyens afin de favoriser l'accès aux échanges et à la connaissance. Un foyer sur trois est connecté à Internet et 56% des foyers urbains possèdent un ordinateur connecté, contre 18% pour les foyers dans le monde rural. 16% de la population se connectent via les smartphones. D'autre part, le grand chantier d'introduction et de généralisation des NTIC au sein du système scolaire marocain connaît un grand succès. Appelé « Génie », le programme enregistre des avancées remarquables dans un environnement hostile où les infrastructures et les ressources humaines formées dans le domaine des NTIC faisaient cruellement défaut. Aujourd'hui, la quasi-totalité des établissements scolaires sont équipés d'ordinateurs et de connexion Internet. Le programme en est maintenant à sa troisième phase. En parallèle, Injaz a équipé près de 100.000 élèves ingénieurs et masters. Mais la réalisation la plus contestée dans le cadre du plan Maroc Numeric est la mise sur le réseau de l'administration publique. A six mois du terme de la stratégie, l'e-gov est un programme inachevé. Bien qu'il y ait vingt-deux sites Internet qui permettent aux Marocains de s'informer ou d'effectuer quelques démarches administratives en ligne, plusieurs services peinent à voir le jour. Au sein du ministère de tutelle, on parle de manque de coordination entre les administrations. «La mise en place de procédures administratives en ligne qui engagent plusieurs ministères est très difficile au niveau technique», souligne Boubker. Ce qui met le doigt sur la limite de la gouvernance des administrations publiques dans notre pays. De ce fait, Boubker Badr a annoncé qu'il a été décidé de mandater un cabinet spécialisé pour dresser un bilan de la stratégie et plus précisément pour l'axe e-gov. Les NTIC au service de l'investissement A la lumière de ce bilan, le gouvernement devra imaginer un nouveau plan qui devrait probablement avoir pour horizon 2020 avec pour priorité la décentralisation des actions et l'intégration du feedback du citoyen dans les services e-gov, ce qu'on appelle l'open gov. Dans son intervention, Omar Balafrej, Directeur général de Technopark, a mis en avant le rôle des incubateurs technologiques dans le développement des IT, ainsi que le rôle des infrastructures des nouvelles technologies dans une démarche qui favorise les investissements. En effet, depuis sa création, le Technopark de Casablanca a été une pépinière pour les entreprises du secteur des NTIC : pas moins de 750 entreprises y sont passées. Il abrite aujourd'hui 200 entreprises avec une moyenne de départ de 50 sociétés par an. Ces sociétés qui quittent Technopark ont généralement atteint un certain niveau de maturité et de taille qui leur permet de s'installer dans leurs propres locaux. Dans une autre intervention, Mohamed Lakhlifi, président de l'APEBI, a souligné le rôle des NTIC dans la création d'opportunités d'investissement, surtout en matière de outsourcing, rejoignant ainsi les propos de Balafrej qui a indiqué que la plupart des start-up créées au Technopark proposent des services d'externalisation informatiques au niveau international. De quoi orienter les stratégies d'investissement dans le monde de la virtualisation et des services à forte valeur ajoutée ! Voilà donc un autre point à intégrer dans le futur plan numérique du gouvernement.