[e-gov]Une décennie après le lancement de ses premiers projets de e-gov, le Maroc peine à améliorer son classement dans la région MENA. Si l'utilisation de l'Internet s'est largement développée, l'accès aux services de e-gov rencontre de grands obstacles, notamment le très faible recours à l'Internet dans les prestations de services publics. Le siège de l'ISESCO à Rabat accueillait la semaine dernière une conférence qui a fait l'état des lieux de l'usage des nouvelles technologies dans les services publics au Maroc et des moyens pour accélérer l'e-gov au Maroc. L'événement organisé par l'Association des anciens élèves de télécom Paristech (ATAM), en partenariat avec le ministère des NTIC et l'ISESCO, se veut une plate-forme de réflexion et d'échanges rassemblant les principales parties prenantes du e-gov au Maroc et des experts issus de pays ayant des expériences plus abouties en la matière. Et pour cause, l'e-gov fait partie des grands chantiers lancés par le Maroc dans la perspective de la modernisation des services publics grâce à un usage plus large et plus étoffé des nouvelles technologies parmi les différents acteurs que sont notamment les administrations, les entreprises et les citoyens. Paradoxalement et malgré le fait que les premiers projets ont été lancés depuis plus d'une décennie, le résultat reste largement mitigé. En effet, si d'un côté l'usage d'Internet s'est largement développé au Maroc, l'e-gov n'a toujours pas atteint sa vitesse de croisière. Cette situation s'explique par trois obstacles majeurs. Le premier est relatif à la persistance de l'exclusion d'une partie importante de la population (45%) à cause de trois facteurs de développement humain défavorables (analphabétisme, ruralité et pauvreté). Le deuxième boulet est la faible utilisation d'Internet dans les entreprises (6%), notamment les PME, ce qui limite leur performance et leur productivité. Enfin, la très faible utilisation d'Internet par le gouvernement pour les prestations des services publics. Cela a valu au Maroc d'être placé en queue du peloton des pays de la région MENA, en héritant de la 120ème place au classement e-gov de l'ONU. L'évaluation de l'ONU est basée sur trois critères majeurs : la qualité et la variété des services e-gov, la qualité de l'infrastructure permettant d'accéder aux services e-gov et surtout la capacité de la population à utiliser les services e-gov. Dans ce sens, le Maroc est largement dépassé par la Turquie, le Mexique, la Jordanie, la Tunisie ou l'Egypte. Pourtant, le Royaume ayant initié ses premiers projets e-gov dès 2002, autant dire que le potentiel n'a pas totalement été exploité et qu'il faut accélérer la cadence et surtout mutualiser les efforts afin de contourner tous les obstacles précédemment cités. Heureusement que le taux de pénétration d'Internet au Maroc est le plus important des pays d'Afrique du Nord. Cela s'est traduit par une contribution à hauteur de 1% au PIB national et cela a également permis l'éclosion du e-commerce. Le montant des paiements par les cartes marocaines sur les sites marchands durant le 1er trimestre 2012 a été de 150 MDH selon les chiffres du CMI. Par Imane Bouhrara Maroc Numeric 2013 : L'heure du bilan approche Le Maroc a lancé Maroc Numéric 2013 en octobre 2009, programme étalé sur sur 5 ans, et l'a doté d'un budget de 5,2 milliards de dirhams, pour développer la technologie numérique. Ce plan s'articule autour du développement de quatre axes : l'Internet haut débit, l'e-gouvernement, la filière locale des technologies de l'information et l'informatisation des petites et moyennes entreprises (PME). Lors de la présentation de cette nouvelle stratégie, quatre conventions ont été signées visant : • la mise en place d'un programme d'e-gouvernement permettant d'accéder aux services de l'administration sur Internet à partir du Maroc et de l'étranger • le développement d'Injaz, offre permettant à 80.000 ingénieurs et assimilés d'acquérir un portable et un accès à Internet subventionnés à 85% • la mise en place de Centres d'Accès Communautaires permettant aux populations rurales de se familiariser avec les moyens de télécommunication (Internet grand public, Maroc Numeric 2013) • la création d'un Fonds public-privé de 100 millions de dirhams afin d'encourager le développement de projets technologiques au Maroc. Les technologies de l'information (TIC), qui constituent 8% du PNB marocain, devraient, grâce à ce programme, atteindre les 12% en 2012. Aujourd'hui, on est à une année de faire le point sur les réalisations de ce programme et de tirer les enseignements qui s'imposent en fonction des obstacles rencontrés sur le terrain.