Une agence e-gov pourrait voir le jour d'ici la fin de l'année. λ Le point avec Boubker Badr, Directeur de la Direction Numérique au ministère du Commerce, de l'Industrie, et des Nouvelles technologies. Finances News Hebdo : Quel bilan dressez vous de Maroc Numéric à quelques mois de la fin du programme ? Boubker Badr : Nous sommes à la dernière année de Maroc Numéric. Actuellement, nous sommes en train de recruter une agence pour nous faire un bilan objectif. A partir de ce bilan, nous allons déduire les programmes qui ont marché et ceux qui n'ont pas marché tout en proposant une nouvelle stratégie. En plus, dans le domaine de l'IT, en cinq ans, les choses évoluent. Aujourd'hui, il y a le Cloud, le Saas... Ce sont des choses nouvelles que nous devons intégrer dans notre nouvelle stratégie. Globalement, le bilan est bon parce que, nous avons des chiffres intéressants. Nous avons connecté des écoles, nous sommes à notre 3ème programme génie. Injaz a équipé à peu près de 100.000 élèves ingénieurs et masters. Nous avons livré au moins une trentaine de services e-gov. Aussi, Moussanada a-t-il financé beaucoup d'entreprises. Nous avons aujourd'hui une industrie de l'IT qui repose sur le Business Process outsourcing (BPO), ce qui n'était pas le cas avant. Ainsi, le bilan est satisfaisant, mais il y a des volets qui n'ont pas fonctionné. F. N. H. : Effectivement, cela nous ramène à la problématique de la majorité des services e-gov qui n'ont pas vu le jour. Concrètement, où cela bloque-t-il ? B. B. : Concernant l'e-gov, nous sommes partis de presque rien et nous avons livré des services. Aujourd'hui vous pouvez payer votre TVA en ligne, l'IS, les taxes d'habitation ou encore la douane. Nous avons le service Watika qui permet, actuellement, à certaines communes de délivrer à domicile les certificats de naissance commandés en ligne. Mais il n'y a pas tous les services et il est vrai que nous rencontrons des difficultés. Par exemple, toute la population n'a pas un état civil disponible en commande en ligne. C'est un service très difficile à mettre en place. Les Etats qui l'ont réussi, l'ont fait sur des années. Aujourd'hui, ce que nous avons décidé, c'est de revoir complètement la gouvernance de l'e-gov parce que nous arrivons à la limite de la gouvernance précédente où chaque ministère fait son e-gov dans son coin, ce qui bloque certains projets qui concernent plusieurs ministères et l'échange de données. Il faut maintenant que nous nous mettions tous autour de la même table pour avoir une gouvernance forte et des équipes dédiées. Au dernier Conseil national des technologies de l'information (CNTI), il a été décidé par le Chef de gouvernement et les ministres présents de démarrer l'étude sur ce que nous pourrions appeler une agence e-gov. Nous proposerons prochainement un modèle pour cette agence. F. N. H. : Qu'en est-il de la cybercriminalité au Maroc ? Intégreriez-vous des mesures de sécurité informatique dans votre nouvelle stratégie numérique ? B. B. : Le Maroc est de plus en plus sujet à des attaques, de hacking et de vol des données. Le MICNT ne peut être une autorité de contrôle ou de répression. Mais nous adaptons nos lois de façon à faire face à ces défis. Certes, il y a des lois sur, par exemple, la protection des données personnelles, mais, il y a un certain vide juridique, par exemple, en ce qui concerne l'intrusion des systèmes informatiques. Nous sommes en train de travailler sur le cadre juridique pour combler ce vide dans le cadre du code numérique qui est par la même occasion dans le processus de validation. Ce dernier traite tous les aspects de la cybercriminalité (vol de données, intrusion, protection des mineurs sur internet et de l'administration électronique). Nous rappelons que le Maroc a signé la convention de Belgrade sur la cybercriminalité. Notre pays fait tout pour être au niveau de la lutte contre ce fléau.