Les tensions et risques économiques mondiaux pourraient impacter certains secteurs clés de l'économie nationale, notamment le tourisme et l'automobile. Par : Badr Chaou
L'année 2020 est marquée par le prolongement de plusieurs incertitudes économiques, dont la multiplication des tensions sociales dans le monde, ainsi que la montée des mesures protectionnistes. Selon une récente étude de Coface, le nombre total de mesures protectionnistes mises en oeuvre dans le monde a dépassé 1.000 en 2018 et 2019, soit environ 40% de plus que les trois années précédentes. 23% de toutes les mesures protectionnistes prises entre le 1er janvier 2017 et le 15 novembre 2019 sont l'oeuvre des Etats-Unis ou de la Chine. Les autres risques à relever sont l'impact du Brexit sur l'économie mondiale et l'apparition du virus Covid-19 dans plusieurs pays dans le monde. Ces éléments ont d'ailleurs poussé les grands organismes internationaux à revoir leurs perspectives de croissance économique pour 2020. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) table d'ailleurs désormais sur 2,4% de croissance au lieu de 2,9% précédemment, en ligne avec les perspectives de la Banque mondiale qui s'attend elle aussi à un ralentissement de la croissance à 2,5%.
Maroc, les secteurs les plus exposés aux risques Certains secteurs risquent de subir les aléas des tensions économiques internationales, notamment celui du tourisme. Avec l'apparition du Coronavirus, l'industrie touristique internationale risque d'être bouleversée. On pourrait s'attendre à une baisse des voyages et des déplacements des individus à l'échelle internationale, et le tourisme marocain ne s'en trouverait pas épargné. «L'impact pressenti sur le tourisme est d'une grande incertitude, mais il est sûr que l'année 2020 ne sera pas splendide en termes de tourisme international. La suspension des voyages aura un impact non négligeable sur le secteur au niveau mondial», indique Frédéric Louat, directeur du cabinet Riser Maghreb. Et cela risque d'empirer, surtout si les pays commencent à adopter des mesures de restriction à l'entrée ou à la sortie, ou de limitation des déplacements. Chose que certains pays commencent peu à peu à appliquer, notamment la Russie, la Chine et quelques Etats européens. L'autre secteur qui est exposé aux risques conjoncturels est celui de l'automobile. Selon Frédéric Louat, «le secteur automobile connaît un ralentissement depuis deux ans en Europe, marqué par un retrait des nouvelles immatriculations. On observe la même situation en Chine, où le secteur automobile souffre depuis quelques mois d'une léthargie. Ces replis observés représentent un risque pour l'écosystème automobile au Maroc sur un horizon moyen terme. «La transition énergétique peut aussi être un risque pour l'écosystème automobile du pays, à la suite de nouvelles réglementations plus contraignantes, telles que les normes anti-pollution adoptées par plusieurs Etats, ainsi que les changements du mode de consommation », poursuit-il. Il est vrai que la transition énergétique dans certains pays pourrait remettre en question le modèle de développement de l'écosystème automobile marocain. Ce qui doit pousser le Maroc à commencer à réfléchir à cette nouvelle donne dès maintenant, afin d'anticiper les risques que peut entraîner cette transition.
Risque structurel Hors éléments conjoncturels, les risques d'ordre structurel sont aussi à prendre en compte. Surtout celui relatif aux délais de paiement. Ce problème perdure depuis plusieurs années et serait dû à une problématique culturelle, selon la majorité des experts (www.fnh.ma). «Les nouveaux programmes de financement aux PME peuvent aider à améliorer la situation difficile de la trésorerie des entreprises causée par un délai de paiement rallongé. Mais c'est loin d'être une solution en soi».