Ça craint ! La crise politique que traverse le Maroc risque de prendre l'économie en otage. Un «contretemps» fâcheux qui ne sera pas pour plaire aux bailleurs de fonds internationaux, mais qui, surtout, risque de détériorer encore plus des agrégats macroéconomiques déjà malmenés par la conjoncture défavorable. Car la conséquence directe de cette guéguerre politique est le retard inévitable dans les réformes qui doivent être entreprises. De grosses réformes, comme celles des retraites et de la Caisse de compensation, sont urgentes et attendues tant par les observateurs nationaux qu'internationaux. Surtout qu'elles ont un impact désastreux sur l'équilibre des finances publiques. Déjà, le projet de loi bancaire devait être adopté durant la session parlementaire du mois d'avril. Aujourd'hui, il semble être relégué aux calendes grecques. Ou, du moins, il ne semble plus être une priorité au sein de la majorité gouvernementale empêtrée dans une crise de leadership. Des priorités occultées par l'actualité politique, il y en a beaucoup : c'est le cas de la réforme du marché financier, laquelle était censée donner un nouveau souffle à la Bourse de Casablanca plombée par une atonie outrancière depuis plusieurs mois. Actuellement, on se détourne dangereusement de l'essentiel. Et c'est dommage. Car la délicatesse de la situation économique actuelle impose davantage un resserrement des rangs au niveau du gouvernement pour apporter les réponses appropriées aux citoyens, qu'une évolution en ordre dispersé nuisible à la bonne marche des affaires du Royaume. En cela, le statu quo politique du moment place, du coup, les investisseurs nationaux et internationaux en mode stand-by, en attendant d'avoir de la visibilité. Et, au regard du vent froid qui circule entre le PJD et l'Istiqlal, cette situation risque de perdurer. L'économie marocaine boitillait, maintenant elle court vers la paralysie générale.