«La crise nous assaille!», ne cessent de rabâcher nos entreprises, depuis un certain temps. La liquidité fait défaut et le règlement des factures tarde à respecter les délais. «Il y a le feu dans la baraque!», tonnent d'autres qui n'arrivent plus à liquider leurs produits. On se demanderait bien si la récession de la zone euro ne s'installe dans nos murs, pour de bon. Le récent rapport présenté par l'argentier du gouvernement, Nizar Baraka, devant la commission des finances à l'hémicycle, est loin d'être rassurant. En fait, l'économie nationale durant ce premier semestre de l'année en cours, bat de l'aile. Des indicateurs alarmants donnent, en effet, des frissons: les réserves de devises ne sont plus qu'à 60 milliards de dirhams, la facture des carburants flambe à 80%, le budget de l'Etat dégringole à 99 milliards de dirhams, le secteur touristique accuse le coup et se renfrogne à pas moins de 6%, en termes d'arrivées et de nuitées, plus de 100 000 postes d'emploi s'estompent, au moment où les voix des diplômés-chômeurs s'époumonent... Le pompage de la dette extérieure semble voler en éclat, face à des déficits criards. La montée en flèche des prix sur les matières à nécessité impérieuse, notamment l'énergie pétrolière, devient de plus en plus préoccupante. Bien naturellement, les résistances vindicatives qui attendent au coin la dynamique des réformes, ne se retiennent pas de pousser des soupirs jubilatoires. La rescousse annonce déjà la couleur, pour anticiper le pire. Les turbulences du printemps démocratique, attisées par les canicules de l'été, risquent de refaire surface, au vu des prémices critiques qui se pointent à l'horizon. La promesse de la révision en hausse de la caisse de compensation paraît être renvoyée aux calendes grecques, devant la flambée inopinée de l'essence. Le recours à la délivrance auprès des organismes bancaires, en particulier le Fonds Monétaire International, qui ne demandent d'ailleurs que cette condition, afin de préserver le pays d'une telle éventualité, n'est plus qu'une question de temps. D'autant plus que le Maroc, loin de se placer dans le discrédit, a toujours su honorer ses engagements, même aux moments les plus compromettants. Il n'est pas donc exclu que le pays recoure à cette nouvelle soupape de sécurité, sans trop de dégâts et avec toutes les vigilances requises. En effet, on n'est pas du tout à l'abri d'un éventuel renchérissement du pétrole qui contraindrait les pouvoirs publics à d'autres augmentations et, partant, à des soulèvements protestataires des démunis. La conjoncture extérieure est telle que la balance des paiements est envisageable, quoique l'endettement ne soit pas, à priori, la solution de priorité, en vue de consolider les marchés et en assurer les issues salvatrices. En tout cas, le volontarisme dont est armé le pays, en pleins chantiers prometteurs, ne saurait fléchir ni faire paniquer, bien que les troubles-fêtes soient constamment aux aguets. L'Espagne dont les «indignés» se réfugient dans notre pays pour quémander un travail, au moment où les pâteras désemparés avaient pris le risque d'en chercher à» l'éden» ibérique, atténuerait, à bien des égards, les effets de nos expectatives timorées. Dans notre pays, on a toujours conspué les disparités sociales criantes. Aujourd'hui, pour maintenir la stabilité qui a, de tout temps, fait notre force, la conscience nationale veut qu'on accule, avec solennité et fermeté, les nantis ayant cumulé toutes les richesses de la nation, souvent dans l'illégitimité, à travers des mesures audacieuses, sans, pour autant, faillir à la légitimité. Les masses défavorisées, quant à elles, ne sont plus en mesure de payer les pots cassés d'un tel chaos. Il se doit d'épargner davantage leurs souffrances.