Pendant deux jours, Skhirat a abrité les Assises sur la fiscalité. L'importance du sujet, à l'heure où la réforme du système fiscal est plus que d'actualité, a légitimé sans aucun doute le nombre important de participants à cette rencontre. Ils étaient tous là : politiques, économistes, fiscalistes, patronat... Un rendez-vous qui était très attendu. Il faut croire que le gouvernement manifeste une réelle volonté de réformer le système actuel pour plus d'équité et de justice fiscale. Un système très décrié, dont le patronat, par la voix de sa présidente, Miriem Bensalah, n'a pas manqué de dénoncer les limites. Logiquement d'ailleurs, surtout si l'on sait que 80% de l'IS sont générés par seulement 2% des entreprises et 73% de l'IR proviennent des seules retenues sur les salaires, tandis que les deux tiers des sociétés déclarent un déficit chronique. Mais si tout le monde s'accorde à dire qu'il faut une réelle cure de redéfinition de la fonction de la fiscalité, les avis ne semblent pas tranchés sur le type de réforme à initier. Faut-il tout «raser» en partant de zéro ou remodeler le régime actuel en faisant... des réformettes ? Il reviendra au gouvernement de faire les bons choix, en évitant surtout les bricolages. Toutefois, il paraît évident que quelle que soit la démarche adoptée par les pouvoirs publics, ça va brailler de toutes parts. Car l'équité fiscale sous-tend forcément la fin de certains privilèges, mais également l'inclusion dans les rangs des contribuables de certains secteurs qui échappaient jusque-là à l'impôt. La tâche ne sera pas facile. Les lobbies vont s'agiter comme des épouvantails. En cela, le gouvernement se devra d'être très habile. Mais il aura beau manier la chèvre et le chou, ou encore consacrer la culture du «civisme fiscal», comme l'a si bien dit l'argentier du Royaume, Nizar Baraka, cette réforme est impérative. Simplement parce qu'il s'agit de rendre le tissu économique encore plus compétitif face aux défis posés par la mondialisation.