Le management de la banque souhaite se détacher, dans son discours institutionnel, de la communication qui consiste à mettre en avant le développement rapide des filiales à l'international. Le groupe a attendu l'année 2012, où justement ses filiales se sont bien comportées, pour mettre l'accent sur ses comptes agrégés, c'est-à-dire ceux de BMCE Bank S.A. Cette communication s'inscrit dans la nouvelle organisation du groupe qui découlera de l'exécution du plan stratégique 2012-2015. Lors de ses premières phrases introductives, Brahim Benjelloun-Touimi, Administrateur Directeur Général délégué de BMCE, a planté le décor : «Nous avons relayé que le bon bilan de l'année est le fait des filiales à l'international. Certes, elles ont contribué significativement à ces résultats. Cependant, les résultats de l'activité au Maroc furent encore plus exceptionnels». D'ailleurs, le total bilan de BMCE Bank S.A a progressé de 13%, alors que la progression en consolidé était de 11%. Pour sa part, le produit net bancaire en comptes agrégés a enregistré une progression de 13% à 4,6 Mds de dirhams, alors que le PNB consolidé a augmenté de 11% pour dépasser pour la première fois la barre des 9 Mds de dirhams. Enfin, le résultat net agrégé s'est hissé de 31% à 731 MDH, tandis que le RNPG n'a augmenté que de 9% à 923 MDH. Rappelons ici, que BMCE Bank a subi un contrôle fiscal concernant quatre exercices et qui s'est soldé par une charge de 400 MDH, inscrite en nette à 351 MDH. Cette dernière a plombé les comptes de la banque car corrigé de cette charge, le RNPG aurait dépassé la barre du milliard de dirhams. Une réorganisation des filiales dans le pipe Actuellement, les filiales à l'étranger représentent 36% du RNPG du groupe. Celles en Afrique contribuent à hauteur de 32% et les filiales en Europe à hauteur de 4% du RNPG. C'est la première fois que ces dernières contribuent positivement au RNPG. La raison est que leur cycle d'exploitation n'est pas lié à la conjoncture du Vieux continent, mais plutôt à celle de l'Afrique. En effet, la majorité des opérations bancaires passées par ces filiales, notamment celles de Londres et Madrid, concernent le financement des activités de commerce en Afrique. Par ailleurs, il est très probable que la banque réorganise ses filiales à l'international à travers des opérations de fusion/absorb- tion pour se retrouver avec un nombre moins important de filiales. «Il ne faudra pas que vous soyez étonnés dans quelques années lorsqu'une grande partie des revenus de la maison-mère, BMCE Bank S.A, proviendront essentiellement des dividendes des filiales», a déclaré Mohamed Agoumi, Directeur général en charge de l'international. Cette possibilité n'est pas tout à fait détachée du plan stratégique triennal de la banque. Ce dernier prévoit à horizon 2015 d'augmenter les fonds propres et quasi-fonds propres de 4 Mds de dirhams répartis à part égales entre une augmentation de capital et une émission de dettes subordonnées. Une partie de cette nouvelle assise financière devait servir à monter dans le capital de Bank Of Africa pour atteindre 65%. Choses faite en 2012. Le troisième chantier consiste à améliorer l'efficacité opérationnelle du groupe à travers des réductions d'effectif et une meilleure maîtrise des autres charges d'exploitation. Là aussi, la banque semble bien avancer. En atteste le nombre d'opérations traitées en 2012, en progression de 20%, alors que l'effectif a baissé de 1%, soit un nombre d'opérations de 143 par agent, en hausse de 21% par rapport à 2011. Le PNB par agent économique a également augmenté de 14,1% par rapport à 2011. A cela s'ajoute la faible expansion du réseau bancaire depuis trois ans et qui a permis à la banque bleue de contenir ses charges fixes. La réorganisation des filiales à l'international devrait à son tour permettre une gestion plus efficiente des ressources. Ce regroupement des filiales permettra de s'attaquer plus facilement aux autres pays de l'Afrique subsaharienne. Car le groupe BMCE souhaite couvrir les 54 pays d'Afrique. C'est ce qu'a déclaré Othman Benjalloune, président du groupe, dans son allocution finale. «D'ici 2025, notre présence devra s'être élargie aux 54 nations du continent africain qui devrait compter 2 milliards d'habitants en 2050», a-t-il déclaré. Le président de BMCE a saisi l'occasion pour donner son point de vue sur la coupe budgétaire décidée par le gouvernement. «Lorsqu'une entreprise vit une crise, elle gèle ses investissements, elle ne réduit pas les salaires. C'est ce que fait le gouvernement et je suis de son avis. Je crois que l'information a été mal communiquée. C'est pourquoi la presse l'a présentée de manière négative», a-t-il précisé.