L'instabilité des cours de pétrole, et plus particulièrement la hausse des coûts d'approvisionnement en produits énergétiques, a des retombées directes sur les finances de l'Etat. Les fortes poussées des prix relevées depuis le début de l'année 2012 et qui ont porté le cours à plus de 110 $ le baril, ont fini par réduire la marge de manœuvre des pouvoirs publics. Des réformes structurelles seraient plus salutaires que des coupes budgétaires. Malgré les fluctuations plus ou moins marquées d'un mois à l'autre, la tendance haussière des cours du pétrole, amorcée depuis le deuxième semestre de l'année écoulée, semble se poursuivre à un rythme accéléré. Cette tendance reflète une situation de flambée persistante sur les marchés pétroliers. Elle atteste même la rupture des équilibres ayant prévalu au cours de la période précédente. Elle s'explique par la combinaison d'une multitude d'éléments agissant tant du côté de l'offre que de la demande. Du côté de la demande, elle s'explique essentiellement par le regain de dynamisme des économies asiatiques et l'émergence de nouveaux pays industrialisés dont la consommation d'énergie, tirée par l'activité, connaît une forte expansion. Mais elle est un peu atténuée par le ralentissement de la croissance dans les principaux pays avancés de la zone Euro et même aux USA. Un pays comme le Maroc dont le mode de consommation énergétique est à dominante pétrolière, n'est pas à l'abri. La coupe budgétaire de 15 Mds DH, décidée par le gouvernement Benkirane pour réduire le déficit des finances publiques, en est une résultante. Des questionnements se posent d'ailleurs sur les marges de manœuvre dont disposent aujourd'hui les pouvoirs publics pour faire face à cette flambée. Les regards sont braqués en priorité sur la Caisse de compensation. Et la réduction de la facture énergétique interpelle à plus d'un titre. En effet, l'instabilité des cours de pétrole, et plus particulièrement la hausse des coûts d'approvisionnement en produits énergétiques, a des retombées directes sur les finances de l'Etat, les paiements extérieurs et, partant, sur la dynamique de croissance. Des chiffres qui laissent perplexe... Malgré les différents efforts déployés pour réduire la facture énergétique, les chiffres restent malheureusement têtus. Plus de la moitié de l'accroissement des importations est imputable à la facture pétrolière dont la valeur globale, regroupant des achats de pétrole brut, du gaz de pétrole, du gasoil et du fuel, a atteint 92,5 Mds DH au terme de l'exercice écoulé, soit une hausse de 17% par rapport à l'année précédente. Cette hausse résulte du renchérissement des produits pétroliers, couplé à un accroissement du volume des approvisionnements. Chaque fois, les chiffres publiés par l'Office de change, relatifs à notre balance extérieure, nous rappellent l'impact de ce renchérissement sur notre déficit. Pour bien en cerner l'ampleur, il faut évaluer le coût de l'énergie importée. Ce dernier, qui se situait à 2.147 DH la tonne en 2000, est passé à 6.425 DH en 2012, soit un triplement en l'espace d'une douzaine d'années. Les économistes ne cessent de s'alarmer à cet effet, et reconnaissent que pour une économie dont le mode de consommation énergétique est fortement pétrolier, ce rythme d'évolution pèse lourdement, non seulement sur l'équilibre de la balance commerciale, mais aussi sur la compétitivité et la croissance. En parlant de compétitivité, les analystes estiment que globalement et sur la base de simulations sur les fluctuations des marchés pétroliers, une hausse des cours de pétrole de 10% peut induire une perte de compétitivité de 0,6% à cause d'une hausse des prix à la production. Hormis la balance commerciale, la flambée des prix du pétrole apparaît nettement plus préoccupante lorsqu'il s'agit des finances publiques. Les fortes poussées des prix relevées depuis le début de l'année 2012, et qui ont porté le cours à plus de 110 $ le baril, ont fini par réduire la marge de manœuvre des pouvoirs publics. Comme l'attestent les chiffres fournis par les analystes de l'Observatoire de conjoncture, au premier semestre de l'année écoulée, la Caisse de compensation qui supporte une bonne partie des hausses des prix de l'énergie a cumulé un montant global des arriérés dépassant 30 Mds DH. A noter qu'au cours de cette période, le prix moyen de la tonne de pétrole a augmenté de près de 20%, alors que ceux du détail n'ont été réajustés qu'à hauteur de 13%. Aussi, les fortes hausses enregistrées sur les marchés internationaux au cours des derniers mois risqueraient-elles de compliquer davantage la situation financière de la Caisse de compensation. L'Etat serait-il astreint à opter à une nouvelle coupe budgétaire ? L'éternel problème de la Caisse de compensation refaisant surface, le gouvernement pourra-t-il le résoudre ? Face à ce constat, nombreux sont les économistes, qui estiment que des réformes structurelles seraient plus salutaires que des coupes budgétaires.