* Si le Budget de la compensation prévu est de 20 Mds de DH, on parle actuellement dun Budget de 40 Mds de DH à cause de la flambée du prix du pétrole. * Le Maroc possède un fort potentiel en énergies renouvelables: 300 jours densoleillement par an et une vitesse moyenne de vent, dans certaines zones, qui dépasse les 6 mètres/seconde. La facture énergétique se gonfle de plus en plus, menaçant ainsi léquilibre financier de lEtat, la compétitivité des entreprises nationales et, à long terme, le pouvoir dachat du simple citoyen. En effet, la facture pétrolière a presque doublé en lespace de deux ans pour atteindre 44 milliards de DH en 2006. Continuant sur le même trend haussier, elle a dépassé la barre des 50 Mds de DH en 2007. Au début, les analystes internationaux avaient cru que cette flambée connaîtrait un reflux dès quelle aura dépassé la barre fictive des 100 dollars le baril. Pourtant, le prix du Brent ne cesse daugmenter, dépassant les 120 dollars le baril. Les événements qui ont provoqué cette hausse, les conflits géostratégiques au Moyen-Orient, laugmentation flagrante de la demande des pays émergents, notamment la Chine et lInde persistent toujours. Ainsi, le prix de lor noir reste tiré vers le haut. En contrepartie, lEtat continue de mettre la main à la poche pour soutenir les prix tout en aggravant les charges de compensation. Selon le rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) concernant la politique monétaire, «les charges de compensation des produits pétroliers sont en forte croissance puisquelles ont crû de 21% en 2007 pour atteindre 10,3 milliards de dirhams, contre 12% en 2006». Vu le déphasage entre le prix prévu par la Loi de Finances 2008 et le prix enregistré actuellement, le problème lié à lalourdissement des charges de lEtat dont lobjectif est le soutien des prix, se posera avec plus dacuité en 2008. «Dans le cadre de la Loi de Finances 2008, il est prévu dy consacrer une enveloppe globale de 8,7 milliards de dirhams, hors arriérés, sur la base dun scénario plutôt optimiste à 75 $ le baril, soit une hausse de 50% par rapport à la Loi de Finances 2007», stipule le rapport de BAM. De ce fait, avec le soutien du prix du pétrole qui coïncide avec une hausse des prix des produits alimentaires subventionnés et une augmentation des salaires, lEtat risque de perdre son équilibre financier. Selon Youssef Benali, économiste-actualiste, «si le Budget de la compensation prévu est de 20 Mds de DH, on parle actuellement dun Budget de 40 Mds de DH». Il ajoute que «laugmentation des charges de compensation liées, entre autres, au soutien des prix des hydrocarbures intervient parallèlement à une baisse des taux dimposition, général et IS en particulier. Cela provoquerait à long terme un déséquilibre financier au niveau du Budget de lEtat. Je pense que lEtat devra émettre des bons du Trésor pour faire face à ce déficit». La hausse du prix du pétrole amortit le développement La hausse du prix des hydrocarbures constitue un obstacle de premier ordre au développement des entreprises marocaines dont la majorité est constituée de petites et moyennes entreprises (PME). Rappelons à ce niveau que lEtat accorde des subventions, principalement aux PME, pour faire face à la surenchère du prix des hydrocarbures. Selon Youssef Benali, «au moment où la compétitivité des produits nationaux traverse une véritable crise, chose qui se manifeste au niveau du déficit commercial, cette évolution du prix du pétrole alourdit les charges des entreprises nationales provoquant ainsi une hausse des prix des produits, facteur déterminant de la demande». Cet effet touche même les grandes entreprises. Pour preuve, Royal Air Maroc (RAM), qui oeuvre dans un secteur en pleine expansion, a publié récemment un communiqué qui met en exergue les impacts de cette majoration des prix du combustible. En fait, laugmentation de plus de 60% des prix des carburants durant le premier semestre des deux dernières années aura des conséquences néfastes sur léquilibre financier de lentreprise. Malgré la hausse de 15% de son activité. Selon le communiqué de la RAM, «la compagnie fait face depuis le début de lannée en cours à une envolée exceptionnelle du prix du carburant avion qui a augmenté ses charges et généré une forte hausse de sa facture carburant». Pour y faire face, lentreprise prévoit un ensemble de mesures : baisse de la consommation de carburant, installation de «winglets» sur les avions pour réduire la consommation Suivant lexemple de la RAM, les entreprises, notamment les petites structures, doivent faire appel à de nouvelles méthodes de gestion comme laudit énergétique. Cest un outil efficace danalyse du processus de production dont lobjectif est lévaluation de la performance énergétique des entreprises, lanalyse des causes des insuffisances et la proposition dactions correctives. Faut-il avoir recours à dautres sources ? Vu les niveaux critiques atteints par les prix des hydrocarbures, linvestissement dans la recherche de nappes pétrolifères constitue actuellement un choix rationnel. À cet égard, linvestissement dans lexploration pétrolière a dépassé 600 millions de DH en 2006. Selon Youssef Benali, «la recherche de nouvelles nappes pétrolifères est devenue une exigence. Cependant, ce choix dépend du volume des investissements colossaux requis et il ne faut pas saventurer à ce niveau». En outre, lONE étudie la possibilité de mise en place dune centrale nucléaire pour la production de lélectricité. Soulignons à ce sujet que lénergie nucléaire reste la moins chère. «La mise en place de stations nucléaires coûte très cher en investissement. Mais elle est très raisonnable à long terme. Aujourdhui, elle constitue la principale source énergétique dans plusieurs pays dEurope comme cest le cas en France où elle assure 60% des besoins énergétiques». Par ailleurs, les énergies renouvelables constituent des sources propres et dont le Maroc possède un fort potentiel : climat du pays permettant de garantir un ensoleillement de 300 jours/an, vitesse moyenne du vent dans certaines zones dépassant les 6 mètres/seconde. Bref, la forte dépendance du Maroc vis-à-vis de létranger en besoins énergétiques, fragilise léconomie nationale. Réciproquement, linvestissement dans les différentes sources dénergie alternatives permettra de réduire la dépendance aux fluctuations des marchés internationaux, la création de milliers demplois tout en assurant une baisse des charges de compensation qui absorbent la moitié du Budget public dinvestissement.