Le débat sur le système de fixation des prix des médicaments suscite toujours l'intérêt de l'opinion publique, ainsi que celui des différentes parties prenantes. Une deuxième vague de baisse des prix aura lieu très prochainement et concernera plus de 1.000 médicaments. L'arrêté relatif au système de fixation des prix, en cours d'élaboration, permettra de réguler et de contrôler davantage le prix des médicaments au Maroc. Le prix des médicaments au Maroc soulève une polémique auprès de l'opinion publique et des professionnels du secteur, notamment depuis l'annonce faite par le ministre de la Santé, en novembre dernier, sur la baisse des prix de 320 médicaments. Cette mesure, prise par El Houssine El Ouardi en concertation avec l'ensemble des parties prenantes, à savoir notamment la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), le Conseil national de l'ordre des médecins, l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique et l'Association marocaine des distributeurs pharmaceutiques, entre dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution. Le débat sur la révision des prix des médicaments ne date pas d'aujourd'hui. Plusieurs tentatives de réforme du système des fixations des prix ont été entreprises auparavant mais n'ont pas été achevées, en l'absence d'une réelle volonté politique. Cette première vague de la baisse des prix, qui concerne les médicaments prescrits pour le traitement des maladies graves et chroniques, a été accueillie à bras ouverts par les citoyens. En effet, cette démarche gouvernementale vise principalement le soulagement des malades qui souffrent de pathologies lourdes, notamment les plus démunis qui n'ont pas de couverture médicale et qui doivent supporter des frais de traitements mensuels très lourds. Signalons aussi que le prix des médicaments au Maroc reste très cher comparativement aux pays du Maghreb et parfois même au pays importateur du médicament, comme l'a révélé une étude en 2009. Un constat alarmant qui a poussé les pouvoir publics à prendre en main ce dossier longtemps resté dans les tiroirs du ministère. En revanche, les pharmaciens et les industriels restent incertains quant à l'impact de cette mesure. Ils craignent que celle-ci impacte leur marge et se répercute sur leur équilibre financier. D'autant plus que les Marocains dépensent peu en médicaments, soit en moyenne 500 DH/an et par citoyen. A ce propos, El Houssine El Ouardi a bien précisé que l'objectif est de rendre le médicament accessible aux Marocains sans pour autant toucher la marge de gain des pharmaciens, ni celle des laboratoires. Selon Mohamed Mounir Tadlaoui, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc, le ministère de la Santé devra accompagner cette réforme par la fixation d'une compensation de marge pour sauvegarder l'équilibre des pharmaciens. «Si aujourd'hui les pharmaciens sont prêts à faire un effort sur leur marge des produits chers, en contrepartie on doit leur augmenter la marge sur les médicaments à bas prix», précise-t-il. Par ailleurs, la deuxième vague de la baisse des prix, qui commencera très bientôt, concernera plus de 1.000 médicaments plus fréquemment utilisés comme l'avait confirmé le ministre. Un décret portant sur la fixation des prix est en cours de discussion avec les différentes parties prenantes. L'adoption de la nouvelle procédure permettra de mettre en place un nouveau cadre réglementaire sur le système de la fixation des prix au Maroc jusqu'ici réglementé par un arrêté datant de 1969 qui reste obsolète, selon le SG de la FNSPM, et qui ne comporte ni les médicaments génériques, ni les médicaments importés. Le dossier revendicatif des pharmaciens Il y a 6 mois, les pharmaciens avaient remis au ministère un dossier revendicatif comportant un certain nombre de requêtes. La première revendication concerne le respect du circuit de distribution. A ce propos, les cliniques sont censées, par la loi, vendre les médicaments à prix hôpital et non pas au Prix public Maroc (PPM), c'est-à-dire sans marge, ce qui n'est pas le cas. Le ministère a répondu favorablement en émettant deux circulaires interdisant la facturation des médicaments au prix pharmacie. Il a également émis une circulaire relative à l'interdiction de la vente des vaccins aux pédiatres par les grossistes et les pharmaciens. Autres revendications des pharmaciens : la mise en place du droit à la substitution, la promulgation de la loi sur les dispositifs médicaux (en cours), le retour du monopole vétérinaire... Même si le ministère a répondu favorablement à une partie des demandes formulées dans le dossier revendicatif, les pharmaciens restent tout de même sur leur garde quant à l'impact de cette baisse des prix. Après l'application de cette décision, certains pharmaciens sont montés au créneau pour dire que la baisse de la marge du gain des pharmaciens pourrait les pousser à mettre la clé sous la porte. Pour Mohamed Mounir Tadlaoui, il est encore précoce de parler d'impact positif ou négatif du moment que l'arrêté n'est pas publié. C'est la fixation de la marge du gain qui déterminera si les pharmaciens pourront tirer leur épingle du jeu ou seront menacés de faillite. «L'adhésion à la première phase de cette démarche montre la bonne volonté des pharmaciens à soulager le pouvoir d'achat des Marocains et à travailler avec le gouvernement pour trouver des solutions consensuelles. Cependant, l'étape suivante qui est cruciale puisqu'elle va déterminer, selon les diapositives qui seront prises, l'avenir des pharmaciens au Maroc », conclut Mohamed Mounir Tadlaoui. En tous les cas, la baisse des prix des médicaments représente aujourd'hui un enjeu de taille relevant de la santé publique et du droit à l'accès au traitement et au soin. L'application de la deuxième phase est vivement attendue pas les citoyens marocains qui n'arrivent toujours pas à ressentir l'effet de la première phase sur le terrain qui cible une population précise.