Le déficit commercial du Maroc envers les Etats-Unis s'est fortement creusé malgré la progression rapide des exportations nationales à destination des USA. Ce déficit a culminé à 25,3 Mds de DH en 2018.
Par : Momar Diao
Les accords de libre-échange (ALE) sont réputés pour leur forte propension à dynamiser les investissements et le commerce de produits ou de services entre pays ou blocs régionaux. Conscient de la nécessité de booster ses échanges commerciaux avec le reste du monde, le Royaume a conclu au cours des années 2000 bon nombre d'ALE, dont ceux avec les Etats-Unis entrés en vigueur depuis janvier 2006 et avec la Turquie (Voir encadré). Le Maroc est le seul pays africain à avoir conclu un ALE avec le pays de l'oncle Sam qui tire largement profit de cet instrument commercial comme en témoignent les derniers chiffres relayés par le rapport économique et financier 2020 accompagnant le PLF 2020. Aujourd'hui, les Etats-Unis s'arrogent la 4ème place des fournisseurs du Royaume. Sachant que cette puissance commerciale est le 3ème client du Maroc. En 2018, même si les échanges commerciaux bilatéraux ont totalisé 51,1 Mds de DH, ce qui représente 6,8% du commerce extérieur national, ceux-ci sont déséquilibrés à la défaveur du Maroc. Le déficit commercial national s'est fortement creusé malgré la progression rapide des exportations marocaines à destination des USA pour culminer à 25,3 Mds de DH en 2018 contre 20,3 Mds de DH en 2017. Pour rappel, ce déficit était de 7,2 Mds de DH en 2006. Ainsi, en l'espace de 12 ans, celui-ci a plus que triplé. Ce qui remet en selle le débat sur la compétitivité de l'offre exportable marocaine, la prégnance des contraintes d'ordre logistique et normatif, facteur de blocage de la percée des produits nationaux sur le vaste marché américain. Lequel compte plus de 327 millions de consommateurs, dotés d'un pouvoir d'achat élevé par rapport à celui des habitants des pays émergents.
Vers la levée des obstacles Les deux pays partenaires sont visiblement déterminés à remédier aux contraintes qui pénalisent les expéditions marocaines aux USA. Pour preuve, les handicaps précités ont été discutés lors de la rencontre, en juillet 2019, de la sixième session du Comité conjoint en charge du suivi de l'ALE, avec l'objectif de permettre aux produits marocains d'être plus présents sur le marché américain. Par ailleurs, le rapport économique et financier 2020 alerte sur un fait rarement mis en avant : «le déséquilibre des relations commerciales n'est que très partiellement compensé par les flux d'investissements directs américains au Maroc», lit-on dans le document. Des données corroborent ce constat. En effet, les flux des IDE américains au Maroc ont nettement diminué au cours des trois dernières années pour s'établir à 2,5 Mds de DH en 2018. Ce qui représente seulement 5,2% du total des IDE destinés au Royaume. Précisons enfin que les transferts des Marocains du monde (MDM) résidant aux USA se sont chiffrés à 3,6 Mds de DH en 2018, soit 5,5% des transferts totaux des MRE. A la même année, les arrivées touristiques venant de ce pays d'Amérique du Nord ont généré 4,2 Mds de DH de recettes touristiques.
Encadré : Quid de l'ALE avec la Turquie ? A l'instar de celui conclu avec les USA, l'ALE signé avec la Turquie, entré en vigueur en 2006, est en défaveur du Maroc. Si les échanges commerciaux entre les deux pays partenaires se sont chiffrés à 27 Mds de DH l'année dernière, l'on note que le Royaume affiche un déficit commercial de 16 Mds de DH en 2018. D'où la légitimité du débat récurrent autour de la pertinence de la signature des ALE par le Maroc. Rappelons tout de même que les 160 entreprises turques installées au Maroc évoluant, entre autres dans les domaines du BTP, du commerce et du textile, ont investi près de 269 MDH au cours de l'année précédente.