Les Etats-Unis restent le 3ème fournisseur du Maroc et son 4ème client. D'où la place prépondérante qu'occupe le partenaire américain dans l'économie nationale. Sous l'angle des relations économiques entre les deux pays, la visite royale pourrait considérablement aider à rétablir un certain équilibre des échanges commerciaux. La visite officielle de SM le Roi Mohammed VI aux USA, entamée le mercredi 20 novembre 2013 pour une durée de trois jours, avait retenu l'attention de bon nombre d'observateurs. Le Royaume du Maroc et les Etats-Unis d'Amérique sont liés par un partenariat stratégique à plusieurs facettes, notamment dans les domaines politique, géostratégique, et social (Programme du Millenium Challenge), etc. Au-delà des questions politiques relatives à l'affaire du Sahara et des dossiers sécuritaires (lutte contre le terrorisme), cette visite royale avait une forte empreinte économique. Il suffit de passer en revue la liste des personnalités ayant effectué le voyage aux USA avec Sa Majesté. Faisaient partie de la délégation Salaheddine Mézouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Boussaïd, ministre de l'Economie et des Finances, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie et du Commerce, Mustapha Khalfi, ministre de la Communication, M'Barka Bouaïda, ministre déléguée au ministère des Affaires étrangères, Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, Mostafa Terrab, président du groupe OCP, sans oublier Mohamed Kettani, PDG d'Attijariwafa bank. La liste n'est évidemment pas exhaustive. Cette forte délégation montre la place de choix qu'occupe la première puissance économique mondiale aux yeux des opérateurs économiques nationaux. Les USA sont le 3ème fournisseur du Maroc et son 4ème client. Par ailleurs, le déplacement royal de haute volée n'a pas manqué de remettre au devant de la scène économique le bilan de l'accord de libre échange (ALE) avec les USA, entré en vigueur en 2006. Asymétrie des échanges commerciaux En 2006, l'ALE avec les USA était assimilé à une réelle opportunité pour redorer les comptes extérieurs. Cet engouement était justifié par le fait que le marché américain comptant plus de 300 millions de consommateurs, était ouvert aux produits marocains et vice versa. L'ALE permettait ainsi la baisse des droits de douane de part et d'autre. Des contingents tarifaires ont été accordés aux produits textiles marocains et aux céréales en provenance des Etats-Unis. Toujours est-il qu'il subsiste une perte de vitesse inexorable du Royaume dans les échanges avec la première puissance économique mondiale. En 2006, le Maroc accusait déjà un déficit commercial de 316 millions de dollars envers le géant américain. L'année 2012 s'était aussi terminée sur le même son de cloche puisque le pays affichait, à nouveau, un déficit estimé à 1,2 Md de dollars, avec un taux de couverture plus faible situé à 42%. Il faut tout de même noter que les échanges entre les deux Etats ont plus que doublé pour se situer actuellement à 3,1 Mds de dollars. Ces chiffres attestant de la distorsion des rapports commerciaux, montrent à l'évidence que le pays n'arrive pas à tirer suffisamment profit de l'ALE. Naturellement, cela relance le débat sur la compétitivité des produits nationaux. Pour Jawad Kerdoudi président de l'IMRI, l'offre exportable marocaine reste faible par rapport au marché américain. De plus, le pays affiche peu de compétitivité pour un grand nombre de produits et de services. Toujours selon lui, le Maroc a en face une économie très développée et très diversifiée. « La vente des avions Boeing à la RAM a aussi permis d'augmenter considérablement le chiffre des exportations américaines au Maroc», précise le président de l'IMRI. Cette distorsion doit conduire à diversifier l'offre exportable nationale ainsi que son enrichissement en valeur technologique. En 2012, les exportations marocaines (962 millions de dollars) à destination des USA, étaient largement dominées par les produits minéraux et les engrais (438 millions de dollars). Tandis que les exportations en produits électroniques et à haute valeur ajoutée vers les Etats-Unis, restaient timorées. Une visite qui devrait booster les IDE américains au Maroc L'ALE recèle des bienfaits, car il a permis une rapide progression des IDE américains au Maroc. Ces derniers ont atteint 198 millions de dollars en 2012 (5,11% des IDE au Maroc). Du reste, il est clair que ces performances bien qu'encourageantes, demeurent en deçà des aspirations des opérateurs de part et d'autre, compte tenu des réelles potentialités des deux pays. Le stock total des IDE américains se chiffre à un peu plus de 600 millions de dollars contre 11 Mds de dollars pour la France. Ce qui place les USA au 8ème rang des investisseurs étrangers au Maroc. Toutefois, tout porte à croire que la visite royale aux USA aura un important effet de levier sur l'accroissement des IDE américains dans le Royaume. Et pour cause, un accord majeur a été signé, le 22 novembre à Washington entre la patronne de la CGEM et le vice-Président de Initiative for global development, Lionel C. Johnson. Ce mémorandum d'entente vise à promouvoir davantage l'investissement au Maroc par l'entremise de la création d'emplois pérennes. Les projets concernent principalement les domaines des infrastructures, de l'énergie, des services financiers et de l'agroalimentaire. Toujours dans le registre des IDE, un autre accord a été scellé entre le patron d'Attijariwafa bank, Mohamed Kettani et Claudia Slacik, la numéro 2 de la banque Ex-Im. Celui-ci vise, entre autres, à favoriser les investissements entre les continents africain et américain. Il convient aussi de signaler qu'un important accord portant sur la facilitation des échanges a été signé entre les deux pays. Cependant, pour certains économistes, tout l'enjeu de la visite royale réside dans le renforcement des investissements américains au Maroc. En effet, ces derniers restent particulièrement remarqués dans certains secteurs tels que l'aéronautique (Ratier Figeac), l'automobile (Lear), l'informatique (Dell), et la consommation (Coca-cola et Colgate Palmolive). Drainer plus d'investissements américains dans le domaine de l'énergie était aussi érigé en une priorité majeure lors cette visite royale. D'où la présence de Amina Benkhadra, directrice de Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) dans la délégation marocaine. Au final, la visite de Sa Majesté aux Etats-Unis a été une véritable opération de promotion des secteurs marocains porteurs, offrant de réelles opportunités d'investissement aux opérateurs américains.