La généralement discrète Société Générale Maroc s'est fixée des objectifs de croissance très ambitieux pour les prochaines années. La banque entame une profonde transformation pour y arriver.
Par A. El Kadiri
Société Générale Maroc démarre 2019 sur les chapeaux de roues. La filiale marocaine du géant bancaire français a présenté, dans la capitale économique, son nouveau plan stratégique 2019-2022. Les intentions du groupe sont claires : baptisé «Avenir 2019-2022», ce plan vise, selon le management de la banque, un développement soutenu rentable et durable, avec un taux de croissance de 7% par an. Cette ambition assumée de croissance détonne au sein de l'environnement bancaire national actuel. Ce dernier se situe plutôt dans une phase de consolidation, évoluant dans un environnement éprouvant sur le plan réglementaire (IFRS 9 entre autres), caractérisé par un tassement des marges, et une conjoncture économique peu porteuse. «Nous n'avons pas de problème de capital et notre bilan est assaini ; nous sommes donc en mesure de capter la croissance qui va arriver», affirme Ahmed El Yacoubi, président du Directoire de Société Générale Maroc, lorsqu'on l'interroge sur le timing de ce plan stratégique. D'ailleurs, précise-t-il, «pour nous, 2018 ne fut pas une mauvaise année, même si la conjoncture est difficile». Toujours est-il que, d'ici 2022, la banque, qui revendique à ce jour plus d'un million de clients, compte dégager un bénéfice net de 1,5 Md de DH, en progression de 60% par rapport au niveau actuel. Les revenus, c'est-à-dire le produit net bancaire, devraient eux atteindre 6 milliards de DH (4 milliards de DH en 2017). Parallèlement, en termes de financements de l'économie, le management de la plus ancienne banque marocaine en activité (fondée en 1913) estime le montant des crédits supplémentaires à distribuer à 20 milliards de DH d'ici 2022, avec un focus davantage prononcé sur la PME . Ce plan nécessitera tout de même un important effort d'investissement, chiffré à 700 millions de DH : investissements technologiques dans l'aménagement d'espaces, mais aussi dans le capital humain. Les drivers de cette croissance sont l'ensemble des métiers du groupe, précise le management. La création de valeur, même si elle continuera à s'appuyer sur la transformation (c'est-à-dire sur l'activité crédit), sera de plus en plus soutenue par les services générateurs de commissions. «Les services permettent de mettre à profit l'ensemble des expertises dont nous disposons», explique Ahmed El Yacoubi. «Un de nos drivers de croissance important aujourd'hui est la banque d'investissement, notamment sur les marchés, mais aussi le conseil», poursuit-il. «Nous avons aussi des ambitions très fortes sur la bancassurance et c'est la raison pour laquelle nous avons pris une participation plus importante dans La Marocaine Vie», rappelle-t-il. Il s'agit également de développer l'activité crédit sur des segments moins consommateurs en fonds propres, comme la PME, la clientèle professionnelle ou encore le crédit à la consommation. «En développant ces nouveaux drivers de croissance, nous serons en mesure de diversifier nos sources de revenus et d'être davantage résilients aux chocs sectoriels ou conjoncturels qui peuvent subvenir», indique le management.
Agilité Pour atteindre ces objectifs, la banque s'appuiera sur un plan de transformation très profond. Il s'agit principalement de la mise en place d'une nouvelle organisation qui doit répondre à un double enjeu explique la banque : d'une part, être plus agile, pour mieux servir les clients au plus près de leurs besoins, et d'autre part, mieux collaborer pour faire jouer à plein les synergies entre les différents métiers et les filiales spécialisées du groupe (Eqdom, ALD, etc.) L'une des grandes nouveautés de cette organisation réside dans la mise en place de niveaux de délégations, de bout en bout de la chaîne, sur chaque activité de la banque. Ainsi, les directions régionales deviennent des délégations régionales. Au nombre de 5, ces délégations devront permettre de renforcer davantage la proximité avec les clients ainsi que la rapidité dans les prises de décisions. Les leviers de décisions seront donc décentralisés. «Cette transformation, cette nouvelle vision, sont rendues nécessaires par l'émergence de nouveaux paradigmes, notamment la réglementation, les exigences clients ou encore le développement des nouvelles technologies», affirme El Yacoubi. Pour couronner cet important processus de transformation de la banque, Société Générale s'est dotée d'une nouvelle plateforme de marque, avec la signature «Antoum Al Moustakbal» («L'avenir c'est vous», ndlr). ◆