Rien ne semble arrêter lappétit des Chinois qui envahissent le monde avec leurs articles bon marché. Leurs produits textiles ont pu réaliser, en un laps de temps, une percée remarquable au point que certains articles ont vu leur taux de croissance à lexport se multiplier par 600%. Vuce contexte, la réaction des industries européennes et américaines ne sest pas fait attendre. A telle enseigne que les pouvoirs politiques ont été contraints de pendre les mesures nécessaires pour stopper linvasion qui risque danéantir à terme les manufactures qui résistent encore. Le manque à gagner est notoire. Les pertes demploi se chiffrent à des milliers et les chiffres daffaires sont en chute libre. Côté marocain, la «fièvre jaune» sest déclarée, et faute de remèdes et dantidotes, le phénomène risque de perdurer et de faire outrancièrement des ravages. Le comble, cest quil ny a pas que les produits textiles qui menacent la fabrication locale. Les Chinois sont bien décidés à simplanter pour longtemps et «tisser» la toile dune présence de taille afin découler, comme il se doit, leurs divers produits (cosmétiques, électroménager, ustensiles, matériels et outillage ). La méthode jaune Contrairement à la méthode commerciale occidentale, les Chinois ont choisi la politique de proximité. Ils nont pas besoin de multinationales ni denseignes ou de marques pour vendre. Ils assurent le circuit commercial depuis la production jusquau consommateur final. Après Derb Omar, ils investissent dautres lieux commerciaux. Ils sont en négociation avancée pour acquérir le local du cinéma Mauritania (en cessation dactivité) à Derb Soltane à Casablanca. Ils ont choisi de mener la bataille dans le centre commercial le plus populaire et le plus fréquenté du Royaume. La tactique chinoise est bien huilée et remarquablement structurée. Elle vise actuellement les souks hebdomadaires, dans un premier temps au niveau de la périphérie de Casablanca (Sbit de Tit Mellil, Had Soualem, Tlat Bouskoura ) pour sétendre ensuite à dautres marchés provinciaux. Il semble que la population rurale est leur prochaine cible. Vu que les paysans, avec un pouvoir dachat généralement faible, sont plus branchés sur le prix que sur la qualité. En outre, cette invasion commerciale chinoise a touché les intérêts marocains en Afrique occidentale. Leurs produits ont porté des coups durs aux commerçants marocains, présents depuis des décennies, et sont en train de gagner du terrain dans les principales métropoles, notamment à Dakar, Libreville et Cotonu. Se voulant rassurant, le discours des officiels marocains tend vers lapaisement. Presque à lenvi, ils évoquent toujours les «relations exemplaires» qui existent entre les deux pays, les investissements ou encore les chantiers réalisés par la Chine au Maroc. Alors que les statistiques sont claires: ce sont les Chinois qui profitent largement des liens commerciaux avec le Maroc. Dernièrement, le ministre du Commerce extérieur, Mustapha Mechahouri, a affirmé que «le flux des produits chinois sur le marché marocain se fait de manière légale, selon des procédures précises et quils sont soumis à des taxes douanières qui s'élèvent à 80,25%». Toutefois, le Maroc qui est membre de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC) peut utiliser certaines clauses pour limiter ou contrer larrivée des produits chinois. Reste que le dumping social (faible coût de main-duvre), conjugué à des taux de change du Yuan hyper-favorable, peut contourner tous le obstacles douaniers. Faute dimmunité, la fièvre jaune semble donc assez puissante pour se propager et imposer ses diktats. Le communisme mandarin se joue du capitalisme Depuis les années soixante, la Chine est devenue une puissance politique avec lacquisition de larme nucléaire. Dès lors, cet Etat siège dune façon permanente au Conseil de sécurité de lONU. Mais, depuis la chute de lUnion soviétique, Pékin sefforce daccéder à la puissance économique. Le pays, qui a gardé le communisme comme système de base, a néanmoins voulu profiter des qualités quoffre le dynamisme du capitalisme. Ces dernières années, la Chine est lun des rares pays qui réalisent des taux de croissance élevés et de manière continue. Cette expansion ne peut perdurer sans une ouverture massive vers létranger. La progression commerciale chinoise nest pas spontanée comme cétait le cas pour les China-towns lors des 19ème et 20ème siècles. Elle est planifiée et bien organisée et bénéficie du consentement du pouvoir central. Les commerçants ne viennent exercer dans un pays donné quaprès avoir étudier lensemble de son environnement (économique, juridique et social). Ils bénéficient dun soutien logistique des pouvoirs publics en matière dinformation pour leur faciliter la tâche. Cest ce qui explique leffort des Chinois, installés au Maroc, dans lapprentissage de larabe dialectal et même le berbère. Ils cherchent en fait à investir les secteurs où ils ont un avantage comparatif considérable et où les perspectives de progression sont très prometteuses. Toutefois, avec une pénétration discrète et efficace, ils évitent pour le moment la confrontation au niveau commercial.