Les acteurs du secteur de la microfinance ont annoncé, lors du Symposium international de la microfinance, le lancement d'une stratégie nationale. Elle repose sur 49 actions organisées autour de 7 leviers stratégiques. Outre le bilan des réalisations et les prospections futures du secteur, le premier Symposium international de la microfinance a également été l'occasion de présenter la stratégie nationale de la microfinance, élaborée par les acteurs du secteur au Maroc. Cette réforme vise principalement l'amélioration de l'efficacité du secteur, son évolution vers les meilleures pratiques financières, l'augmentation du taux de pénétration, l'implication de tous les intervenants, la lutte contre la pauvreté et l'inclusion financière. Ce secteur clé du développement économique du pays suscite depuis quelques années l'attention aussi bien des pouvoirs publics, du secteur bancaire que des bailleurs de fonds. Le Maroc est leader absolu dans la région MENA en termes d'encours de prêts et détient la 21ème position mondiale avec 0,6 Mds de dollars. L'objectif de cette réforme est de permettre au secteur de la microfinance de servir 3,2 millions de bénéficiaires et de créer ou financer 2 millions d'équivalents temps plein additionnels. «Le secteur a besoin de levée de fonds et a besoin d'être plus attractif pour les bailleurs de fonds internationaux et de se renforcer en fonds propres pour atteindre les objectifs fixés», a souligné Tarik Sijilmassi, président de la FNAM. Les acteurs de la microfinance sont confiants dans le fait que la mise en place de cette stratégie fera face aux différentes contraintes du secteur notamment le cadre juridique, les ressources financières et peut être fera baisser le taux d'intérêt qui reste la bête noire du secteur. «Aujourd'hui, notre taux d'intérêt est la résultante de notre prix de revient. Nous sommes d'accord sur le faît qu'il est trop élevé et qu'il doit être réglementé, mais qu'il est trop élevé parce qu'il cache un bénéfice caché, c'est faux ! L'enjeu est de trouver des solutions pour améliorer l'efficacité opérationnelle des associations de microcrédit, réduire le coût des intrants..., pour contribuer à la réduction des coûts et donc à baisser le taux d'intérêt», a insisté le président de la FNAM. Les principaux axes de la stratégie L'application de la stratégie repose sur 49 actions organisées autour de 7 leviers stratégiques. Premier levier : l'environnement institutionnel et concurrentiel. Il consiste à coordonner entre les opérateurs téléphoniques et le régulateur pour déployer le mBanking dans la microfinance ; concentrer le pilotage du secteur dans une seule strucutre de coordination ; coordonner avec les politiques nationales et avec les banques ; améliorer le cadre fiscal par l'adoption d'une politique fiscale adaptée aux AMC et à optimiser les modes de financement et de garantie. Le deuxième axe concerne la réglementation et le cadre juridique. Il vise l'adaptation des contraintes réglementaires aux ambitions ainsi que la systématisation et le renforcement des outils de partage d'information sur le risque et la standardisation du processus de recouvrement. Troisième volet : la gouvernance des AMC. L'objectif étant de mesurer l'impact économique, social et humain, développer les fonctions finances et risques et renforcer le management et le contrôle au sein des structures. Le quatrième axe repose sur l'efficacité opérationnelle. Un levier important dont les retombées seront très positives sur le secteur. La finalité est l'élargissement du réseau de distribution, l'alignement des systèmes d'information, l'adaptation de la politique de gestion des RH aux objectifs de la stratégie, mettre tout le monde sur la même longueur d'onde en alignant les processus et les procédures sur un standard minimum pour le secteur et le développement des partenariats en mutualisant les back offices et d'autres fonctions support. Le cinquième levier est relatif au développement et la diversification de l'offre avec de nouveaux services, à savoir la mico-épargne, la micro-assurance, les transferts d'argent, la carte prépayée et le microcrédit. Sixième levier : le ciblage bénéficiaire et la régionalisation à travers la mise en place d'outils pour identifier les besoins, et maximiser l'impact sur la pauvreté, la création d'emplois et/ou la bancarisation, mieux répondre aux besoins des régions, adopter une stratégie de communication... Septième et dernier axe : faire du Maroc un hup régional, notamment avec l'internationalisation des AMC marocaines et la mise en place d'une stratégie de plateforme de services. Dossier réalisé par L. Boumahrou & C. Jaidani