La crise a favorisé le renforcement des relations entre les deux pays. Si l'Espagne a mis de l'eau dans son vin concernant le Sahara, il n'en est rien pour Sebta et Mellilia. Le premier rang qu'occupe l'Espagne comme premier fournisseur et investisseur au Maroc est ponctuel. Selon Jawad Kerdoudi, le président de l'Institut Marocain des Relations Internationales, les opportunités d'affaires win-win ne manquent pas entre les deux pays. - Finances News Hebdo : Aujourd'hui l'on se félicite du rapprochement entre le Maroc et l'Espagne, mais est-ce un rapprochement dans la durée ou est-il uniquement dicté par la crise ? - Jawad Kerdoudi : Je pense que les relations entre le Maroc et l'Espagne sont pérennes vu la proximité géopolitique et le contexte historique. Il est sûr que la grave crise économique que vit actuellement l'Espagne renforce ces relations. - F. N. H. : Quelle lecture faut-il faire du fait que ce pays a réussi à supplanter la France en devenant premier fournisseur et investisseur au Maroc ? - J. K. : Le premier rang obtenu par l'Espagne en tant que premier fournisseur et investisseur au Maroc est ponctuel. Les relations économiques entre le Maroc et la France sont également très importantes, et je ne serai pas étonné que la France reprenne la première place dans l'avenir. - F. N. H. : Il est clair qu'aujourd'hui tous les pays de la zone Euro, y compris l'Espagne, cherchent à créer de la croissance, notamment à l'international. Faut-il craindre dès lors que les conventions signées avec l'Espagne profitent plus à ce pays qu'au Maroc ? - J. K. : Je pense que les conventions signées entre le Maroc et l'Espagne sont gagnant-gagnant, et concernent plusieurs secteurs : culturel, éducatif, sportif, transport, immigration. L'Espagne pourra, certes, augmenter ses exportations de biens et services vers notre pays. Mais nous profiterons également des investissements espagnols au Maroc qui créent des richesses et des emplois. - F. N. H. : Quels sont les secteurs dont le Maroc pourrait tirer profit dans le cadre de cette coopération ? - J. K. : Le Maroc a tout à gagner dans les secteurs culturel, éducatif, sportif, sans oublier qu'une très importante communauté marocaine vit en Espagne. L'Espagne, quant à elle, va trouver de nouveaux marchés dans l'assainissement de l'eau, les infrastructures et les énergies renouvelables, vu le programme important mis en œuvre par le Maroc en ce qui concerne l'énergie solaire et éolienne. - F. N. H. : Dans quelle mesure ce rapprochement pourra-t-il soutenir la position du Maroc dans l'affaire du Sahara ? - J. K. : Il faut remarquer qu'en cette période de crise, les problèmes qui fâchent : (Sebta et Mellilia, ainsi que le problème du Sahara), ont été mis de côté. S'il ne faut attendre pour le moment aucune avancée sur le problème de Sebta et Mellilia, la position de l'Espagne concernant la question du Sahara s'est quelque peu infléchie en faveur du Maroc. Certes, l'Espagne n'appuie pas directement, comme la France et les Etats-Unis, le Plan d'autonomie proposé par le Maroc, mais elle estime que la question du Sahara devra trouver une issue selon les résolutions de l'ONU, et dans le cadre d'un accord entre les parties. Dossier réalisé par I. Bouhrara Amara lorgne les Espagnols A l'occasion de la tenue de la 10ème réunion de haut niveau maroco-espagnole, Abdelkader Amara, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, a rencontré récemment José Manuel Soria Lopez et Jaime Garcia-Legaz, respectivement ministre de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme et Secrétaire d'Etat au Commerce. Les deux réunions de travail ont été consacrées a l'examen des relations économiques et commerciales entre le Maroc et l'Espagne et aux perspectives de coopération susceptibles de dynamiser le partenariat entre les deux pays. Les deux rencontres ont permis de réaffirmer la volonté commune de traduire en actions économiques concrètes l'excellence des relations politiques qui lient les deux pays en vue d'asseoir les bases d'une coopération active et fructueuse. S'agissant du secteur industriel, les deux parties ont manifesté leur détermination à développer des partenariats stratégiques gagnant-gagnant pour favoriser une meilleure intégration de leurs systèmes de production respectifs ; le Maroc se positionnant en tant que relais de croissance des entreprises espagnoles. Les secteurs identifiés pouvant donner lieu à ces partenariats sont l'automobile, l'aéronautique, l'offshoring, la construction navale, l'agroalimentaire ainsi que la fabrication d'équipements liés aux énergies renouvelables. Les actions de coopération à mettre en œuvre consisteront, essentiellement, à encourager le rapprochement des opérateurs des deux pays de manière à dynamiser le partenariat d'affaires et l'investissement et à favoriser le transfert de savoir-faire et d'expertise. Les deux parties s'accordent également sur l'importance de favoriser l'établissement de lignes de coopération institutionnelle et d'échange d'informations sur les initiatives et actions qu'ils ont développées en matière de promotion des petites et moyennes entreprises. La coopération en matière d'administration électronique et de société de l'information a été aussi au centre des discussions. A ce titre, Amara et Soria sont convenus de développer une collaboration fructueuse et se sont félicités de la conclusion, lors de la réunion de la haute commission mixte, d'un mémorandum d'entente sur la coopération dans le domaine de l'administration électronique et de la société de l'information. Ce mémorandum est appelé à favoriser l ́échange d'expériences et de bonnes pratiques en matière de politiques publiques, la promotion des investissements réciproques, et à appuyer le développement d'une coopération technique et économique plus vaste entre les entreprises, institutions de recherche et entités économiques concernées dans les deux pays.