Une nouvelle donne pour le Maroc dans une conjoncture internationale bouleversée. L'Afrique, et particulièrement le Maroc, représente la porte de sortie de la crise européenne. Les Catalans veulent renforcer la coopération économique et commerciale avec le Royaume. Situés sur les deux rives de la Méditerranée, le Maroc et l'Espagne ont été forcés de coopérer depuis des décennies. Une proximité géographique et culturelle qui devrait unir les deux pays voisins. Or, la relation bilatérale entre le Maroc et l'Espagne, en fonction de la conjoncture économique et politique, est souvent mise à l'épreuve. Plusieurs dossiers suspendus empoisonnent les relations hispano-marocaines. Les villes marocaines de Sebta et Mellilia occupées par l'Espagne, la question du Sahara, le soutien d'une partie de la société civile espagnole au Polisario… Et pourtant, la relation commerciale ne semble pas être impactée. Les deux pays ont un grand nombre d'intérêts en commun sur le plan économique. L'Espagne est devenue le deuxième partenaire du Maroc juste après la France avec une présence importante des investisseurs espagnols qui opèrent dans différents secteurs. Plus d'un millier d'entreprises espagnoles sont présentes sur le territoire marocain et génèrent un flux important en matière de croissance économique, de création d'emplois. Rien de nouveau jusque-là, sauf pour le climat des affaires du Maroc vis-à-vis des investisseurs européens et particulièrement espagnols. En effet, le Maroc pourrait tirer profit de la conjoncture internationale, particulièrement de la crise économique qui frappe nos voisins et partenaires européens, mais aussi du passage du printemps arabe qui a confirmé la stabilité économique et politique du pays. D'après Jawad Kerdoudi, président de l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI), «la zone Euro vit une crise économique grave se caractérisant par un endettement public très lourd et une croissance faible. Le Maroc peut être une solution pour les entreprises européennes et espagnoles de délocaliser une partie de leur production pour améliorer leur compétitivité». Dans une conjoncture économique européenne difficile, l'Europe a compris l'enjeu que représente l'Afrique, et plus particulièrement le Maroc, pour survivre dans une mondialisation durable. En effet, un grand nombre de délégations économiques européennes visitent notre pays et multiplient les rencontres avec la nouvelle équipe du chef du gouvernement. Mariano Rajoy fut le premier à visiter le Maroc après la formation du nouveau gouvernement marocain. Le président du gouvernement espagnol a exprimé la volonté de l'Espagne d'entreprendre une nouvelle étape avec le Maroc afin de renforcer et améliorer les relations bilatérales. Selon Jawad Kerdoudi, les deux nouveaux gouvernements tentent de dépasser les problèmes pour se concentrer sur la coopération économique. En effet, le processus de réformes entrepris par le Maroc conforte les opportunités d'investissements et le climat des affaires qui encourage les investissements dans différents secteurs. Preuve de l'attractivité du Royaume, la visite de la délégation de Catalogne avec plus de 200 entrepreneurs. D'après Albert Alsina, Managing Partner Mediterrània Capital, «nous pouvons constater que les investissements catalans au Maroc en 2011 ont connu une augmentation importante. Le Maroc est aujourd'hui le 3ème pays d'export après l'Union européenne et les Etats-Unis». La visite d'Artur Mas, président de la communauté autonome de Catalogne (La Generalitat), le ministre Catalan de l'Entrepreneuriat et du Tourisme au Maroc, montre une réelle volonté de développer les relations de coopération avec le Royaume dans le cadre de la coopération transfrontalière décentralisée. Cet intérêt que portent les Catalans au Maroc se traduit également par un fonds catalan dédié au développement des PME et TPE marocaines. Pour rappel, dans le cadre du processus de Barcelone initié en 1995, la communauté autonome de Catalogne (La Generalitat), en partenariat avec des institutionnels espagnols et européens, avait créé en 2008 un fonds de capital-développement «Mediterrània Capital». Doté d'un montant de 62,5 millions d'euros ce fonds cible les pays de l'Afrique du Nord, notamment le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. La Generalitat a positionné le Royaume du Maroc comme locomotive de son programme. La position géographique stratégique et la stabilité politique et économique sont des facteurs clés pour booster l'économie marocaine et attirer de plus en plus d'investisseurs. Le Maroc est aujourd'hui tenu d'améliorer sa compétitivité économique. «L'amélioration de la compétitivité de l'économie marocaine passe par une administration publique plus efficace, un développement plus important de la logistique, la baisse des coûts des facteurs de production, le renforcement de la recherche-développement, l'augmentation de la gamme de la production exportable et la conquête de nouveaux marchés», conclut Jawad Kerdoudi. Dossier réalisé par L. Boumahrou