L'information a déjà fait le tour du monde : Vivendi envisagerait de céder sa participation majoritaire (53%) dans l'opérateur de téléphonie mobile Maroc Telecom, dont la valeur serait de «4 milliards d'euros». Des discussions auraient été engagées avec les banques Crédit Agricole et Lazard pour évaluer l'opération. Sur la liste des repreneurs potentiels, on retrouve des opérateurs régionaux tels Etisalat et Qtel (Qatar Telecoms). C'est le Financial Times qui en est la source. Info ou intox ? Difficile à dire. Quoique, à y regarder de près, on peut souscrire aisément à la thèse de cette vente qui est loin d'être saugrenue. Parce que tout simplement Vivendi est en train de revoir de fond en comble son positionnement stratégique, l'idée étant de se désengager des télécoms pour concentrer ses efforts sur les médias. Le Groupe ne s'en défend pas. Bien au contraire, il le confirme. Car, comme pour étayer cette stratégie, dès l'été dernier, sa filiale télécoms brésilienne, GVT, arborait l'écriteau à vendre. Et la prochaine sur la liste serait donc Maroc Telecom. Mais cela reste à confirmer. Et quand bien même Vivendi voudrait s'en «débarrasser», difficile d'imaginer qu'il le ferait au prix avancé (4 Mds d'euros). D'abord parce que ses participations lui ont coûté 3,75 Mds d'euros et que Maroc Telecom est, aujourd'hui, selon les experts, valorisée à 4,3 Mds d'euros en Bourse. Vivendi en voudrait donc forcément plus, bien que l'opérateur historique de télécommunications subisse une concurrence très rude sur le marché local. Ensuite, bien que tenus par des impératifs de «reconfiguration» de ses activités, les dirigeants de Vivendi sont conscients qu'ils ont une filiale très rentable. Qui rémunère très bien ses actionnaires. Peu de filiales peuvent en effet s'enorgueillir de verser à leur maison-mère plus de 4 Mds de DH de dividendes. Et c'est précisément sur cette question de dividendes que l'Etat marocain aura son mot à dire, pour ne pas dire qu'il rendra la cession de Maroc Telecom compliquée. Car ces dividendes astronomiques versés d'une manière générale par les filiales de groupes étrangers opérant sur le territoire national grèvent cruellement les réserves de change du pays. D'ailleurs, selon les statistiques de Bank Al-Maghrib, en juillet 2012, et après une diminution de 17,4% au deuxième trimestre, les réserves de change ont accusé un repli de 21,9% en glissement annuel, s'inscrivant ainsi dans le prolongement de la tendance baissière observée depuis août 2011. Dans pareil contexte, il faut donc croire que les pouvoirs publics pourraient imposer, comme le laisse entendre un analyste, «que le repreneur éventuel réinvestisse une partie de ses dividendes sur le territoire national». Quand on sait, malgré les discours de circonstance, que beaucoup d'investisseurs étrangers considèrent le Royaume comme un centre de profits, il paraît alors peu envisageable d'en voir un sacrifier aux exigences éventuelles de l'Etat marocain. C'est dire que la cession de Maroc Telecom n'est pas encore tranchée.