Une des préoccupations des experts est le rôle que joue la Chine dans les pays du sud de l'Atlantique. L'Amérique du sud dispose de plusieurs atouts pour s'imposer sur l'échiquier mondial. Après le dialogue Nord-Sud, le dialogue Sud-Sud, est venu le temps des «Dialogues de l'Atlantique». C'est une rencontre de haut niveau entre les dirigeants des secteurs public et privé des pays du bassin atlantique. Elle est organisée par le German Marshall Fund des Etats-Unis, en partenariat avec la Fondation OCP. Durant trois jours, plus de 300 participants de l'Amérique du Nord et du Sud, des Caraïbes, d'Afrique, d'Europe et d'Asie se sont réunis en groupes d'experts et en réunions thématiques en petits groupes afin de discuter des sujets interrégionaux allant des questions sécuritaires aux questions économiques et de l'immigration, en passant par les questions énergétiques. Les participants, représentant 45 pays, sont issus des secteurs publics, privés, de groupes de réflexion type think tank et des médias. Au cours de la journée inaugurale de la conférence «Dialogues de l'Atlantique», plusieurs voix se sont élevées pour clamer l'importance des pays du Sud et ont appelé à une nouvelle manière de penser l'espace géopolitique transatlantique. «Le moteur qui pousse vraiment à repenser les relations transatlantiques est la réémergence du Brésil et de l'Amérique du Sud en tant qu'importants acteurs à l'échelle mondiale», a déclaré Thomas Shannon, l'ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, qui a récemment été appelé à devenir le «pivot» de l'administration Obama dans ses relations avec l'Asie. «L'Alliance de l'Atlantique Nord a été le produit et une des conséquences de la guerre et de la concurrence avec l'Union soviétique», a affirmé Shannon. « L'Alliance de l'Atlantique Sud et la nouvelle Alliance Atlantique sont le produit des possibilités offertes, et en ce sens, je pense que mes collègues à Washington sont réellement bien préparés à repenser l'Atlantique», a-t-il noté. Pour sa part, Mostafa Terrab, PDG du groupe OCP, a expliqué dans son intervention que «l'Afrique est la nouvelle zone émergente. Et pourtant, les politiques et les stratégies commerciales des pays du Nord la considèrent encore comme un problème et non pas comme une opportunité». «Cette manifestation est la première de ce que nous espérons devenir : une rencontre annuelle de la communauté transatlantique, unie par les défis et possibilités communes et non pas divisée entre Nord et Sud», a déclaré Craig Kennedy, président de German Marshall Fund (GMF). Une des préoccupations des experts est le rôle que joue la Chine dans les pays du Sud de l'Atlantique. Ceux des pays du Nord la considèrent souvent comme une menace, alors que ceux des pays du Sud ne sont pas nécessairement du même avis. «Si vous considérez le dynamisme du développement économique en Afrique au cours des dernières années, la Chine y joue un rôle très positif», a indiqué Jose Humberto de Brito Cruz, conseiller principal au sein du groupe de planification des politiques du ministère brésilien des Affaires étrangères. «Le Brésil a également une présence accrue en Afrique, mais nous ne voyons pas cela comme une compétition», a-t-il précisé. «Il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle. Nous pensons que tous les pays comme le Brésil, la Chine, le Portugal, les Etats-Unis, ont la possibilité de collaborer avec les pays africains pour faire face à des problèmes concrets, je pense donc que l'idée de compétition devrait être abandonnée», a souligné Brito Cruz. Dans son intervention l'ancien ministre portugais des Affaires étrangères, Luis Amado, a estimé que «l'influence de la Chine en Amérique du Sud et en Afrique devient aussi importante que les relations géopolitiques traditionnelles. Ce ne sont plus les relations des Etats-Unis ou de l'Europe». Les experts se sont aussi penchés sur d'autres problèmes de sécurité, y compris le trafic de stupéfiants et le terrorisme qui doivent être réglés selon une base transnationale ou transcontinentale. La menace potentielle que constitue Al-Qaïda pour l'intégrité de la sécurité maritime de l'Atlantique s'est renforcée. Khalid Zerouali, Directeur de l'Immigration et de la Surveillance des Frontières au sein du ministère de l'Intérieur, a affirmé que «l'organisation terroriste n'a pas de forte présence actuellement dans le domaine maritime. C'est juste une question de temps... Nous devons être vigilants». Par Charaf Jaidani Réseaux sociaux : entre la liberté d'expression et les risques liés au contenu Les réseaux sociaux, les opportunités qu'ils offrent aux jeunes et les défis de sécurité qu'ils posent, ont occupé le devant de la scène au deuxième jour des «Dialogues de l'Atlantique». Carter F. Ham, le commandant de l'US Africa Command, a déclaré que les moyens créatifs qu'offrent les réseaux sociaux le rendaient à la fois heureux et inquiet malgré le fait qu'Internet doit être libre d'accès pour permettre aux peuples de progresser. «La connectivité qu'il engendre apporte de la vulnérabilité, en termes d'attaques sur les réseaux, qui peuvent être très préoccupantes, mais également à cause des risques liés au contenu qui peut être lui-même dangereux», a-t-il noté. «On oublie souvent que les médias sociaux peuvent déstabiliser n'importe quel type de régime, même ceux qui sont réellement démocratiques», a déclaré Artis Pabriks, ministre de la Défense letton. «Mais peuvent-ils aider à créer de nouveaux régimes stables ? Nous n'avons toujours pas de réponse à cette question», a-t-il conclu. Un groupe d'intervenants s'est concentré plus sur la question de la jeune génération - la e-génération - y compris le grand nombre de jeunes chômeurs. Henry Wallice Charles, spécialiste international dans le développement de la jeunesse et conseiller en politiques et stratégies de la région des Caraïbes, a estimé que les jeunes doivent être des partenaires stratégiques dans le développement. «Comment pouvez-vous parler de développement si ça laisse de côté le talent, la créativité, le dynamisme de 50% de la population mondiale ?», a-t-il déclaré. Farah Pandith, représentante spéciale du département d'Etat Américain pour les communautés musulmanes, a déclaré que «les idées des jeunes sont en train de filtrer et sont partagées à travers le monde grâce aux nouvelles technologies», mais son enthousiasme n'était pas partagé.